En Russie, de multiples voix de femmes contre la guerre

4 mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par le régime de Poutine et après le bombardement criminel du centre commercial de Krementchouk, l’opposition de la société civile russe contre la guerre persiste. Une partie de la société continue de se mobiliser malgré l’adoption, début mars, d’un nouveau paquet de lois liberticides renforçant l’arsenal répressif existant afin de rendre illégale toute forme de critique de l’action du gouvernement et d’instaurer une opinion publique conforme à celle imposée par l’Etat.

Dans ce contexte, des opposants et tout particulièrement des opposantes russes à la guerre mènent des actions discrètes pour rester sous le radar des poursuites et continuent à lutter contre la propagande en mobilisant la population contre la guerre. Elles sont enseignantes, féministes et défenseuses des droits humains, artistes, mères des soldats, militantes issues de la société civile.

Ces femmes distribuent des tracts anti-guerre, mènent des piquets silencieux, organisent des performances artistiques en dénonciation de l’agression russe, mobilisent les ressources afin d’aider les réfugiés ukrainiens amenés de force en Russie et les opposants au régime russe risquant des poursuites à quitter le pays.

A ce jour, les autorités peinent à appréhender l’ampleur de ces actions. En effet, dans une société patriarcale telle que la Russie, les pouvoirs publics ont toujours sous-estimé la capacité de femmes à se positionner comme authentique force d’opposition. C’est en partie grâce à ce mépris et ce manque de considération qu’elles deviennent aujourd’hui, en Russie, l’une des voix principales de l’opposition à la guerre.

Nous vous invitons à découvrir ces multiples voix de femmes russes qui s’opposent à la guerre en rencontrant Natalia Morozova (Avocate de l’ONG Memorial), Veronica Vladimirova (du Mouvement des enseignants anti-guerre) ainsi que des représentantes de la résistance féministe anti-guerre.

Rendez-vous le 5 juillet 2022 à 20h, au Dorothy, 85 bis rue de Ménilmontant 75020.

Forum pour une Russie en Paix

Dans un contexte de guerre de la Russie contre l’Ukraine et dans un climat de répressions et de propagande, la première édition du Forum d’opposition pour une Russie en Paix s’est tenu à Saint-Pétersbourg du 16 au 18 juin 2022.

Cet espace de réflexion alternatif a eu lieu sans être perturbé par les forces de l’ordre grâce à une organisation sans précédent passant par une communication prudente et discrète, des lieux de réunions tenus secrets et des issues de secours pour les intervenants.

Le forum a réuni 25 orateurs et 50 participants venantde Russie et d’ailleurs venant du monde de la recherche en sciences sociales, de l’activisme pour les droits humains, du monde du journalisme et de la politique.

Parmi eux : Sergueï Guriev (économiste à Sciences Po), Abbas Gallyamov (analyste politique et ancienne plume de Poutine), Maksim Reznik (député d’opposition de St Pétersbourg), Ioulia Galiamina (universitaire et opposante politique) ou encore Elena Panfilova (activiste anti-corruption et directrice de Transparency International Russie).

Le Forum pour une Russie en Paix a offert un espace alternatif pour discuter de la politique russe et du futur de la Russie entre opposants au régime de Poutine et militants pour une Russie démocratique.

En se déroulant à Saint-Pétersbourg, le Forum pour une Russie en Paix s’est placé en opposition directe au Forum économique international de Saint-Pétersbourg pro-poutine se déroulant du 15 au 18 juin.

Le Forum pour une Russie en Paix aspire à proposer un modèle différent de celui imposé par Poutine en incarnant une opposition active sur le sol russe et en s’emparant des questions de la Russie de demain pour montrer aux Russes que :

En dépit de toutes les formes de répression, la société civile est toujours plus grande qu’un appareil d’État

Sergueï Ross (homme politique et avocat, organisateur du Forum)

Gazprom – la machine à milliards de Poutine et ses amis

Le 14 juin dernier, Alexeï Navalny, opposant russe et lauréat du Prix Sakharov, condamné à 9 ans d’emprisonnement et détenu depuis plus de 518 jours à la date du 20 juin 2022, a été déplacé vers une colonie pénitentiaire aux conditions de détention encore plus rudes, bien connue pour ses violences et tortures contre des détenus.

Ni Navalny lui-même, ni ses avocats, ni sa famille n’ont été informés de ce transfert, qui risque d’aggraver la condition physique et mentale de l’opposant de 46 ans. 

Pendant ce temps, ses équipes d’investigation poursuivent le travail et publient des révélations retentissantes sur les “tuyaux de la corruption” du géant russe Gazprom et sur la fortune de son directeur général Alexeï Miller, un proche de Vladimir Poutine. 

Après avoir été partagé entre Poutine, sa famille et ses proches, Gazprom devient non seulement une entreprise en position de monopole mais surtout la source de la corruption du régime poutinien.

A la tête de Gazprom depuis plus de 20 ans l’homme de confiance de Poutine, Alexeï Miller, dont la biographie est couverte d’un voile de mensonges et de mystères. 

Déjà dans les années 1990 il travaillait avec Poutine à la mairie de Saint Pétersbourg. En 2000, au moment où les responsables des grandes entreprises sont remplacés par des individus plus proches de Poutine, celui-ci le nomme à la tête de Gazprom.

L’enquête de l’équipe de Navalny démontre, preuves à l’appui, que Gazprom n’a ni vocation à être un leader mondial de l’industrie, ni même une entreprise efficace soucieuse de la génération des bénéfices pour ses actionnaires, mais seulement un outil de corruption au profit de ses prestataires qui gagnent les marchés publics en outrepassant toute procédure d’appel d’offres.

L’enquête démontre que depuis des années Miller s’enrichit grâce à Gazprom alors que les prix du gaz ont augmenté pour la population russe de 72% en 10 ans. 

L’argent de Gazprom ne sert pas seulement à Miller mais aussi à sa compagne, sa belle-fille et à son époux, tous deux travaillant à Gazprom et possédant des appartements et une collection de voitures de sport et de luxe d’une valeur totale de 232 500 000 roubles (près de 4 millions d’euros) à seulement 30 ans.

Ainsi, être le beau-fils du directeur général de Gazprom rapporte 2 millions de roubles quotidiennement. 

Ce mastodonte de la corruption est aujourd’hui une importante source de financement du Kremlin pour mener la guerre en Ukraine.

Depuis le début de la guerre, plus de 60 milliards d’euros ont été versés par les importateurs européens au régime de Poutine pour l’achat du gaz et du pétrole.

Pour toutes ces raisons Russie-Libertés appelle fermement au boycott de Gazprom en Europe qui manipule les prix du gaz et du pétrole, porte atteinte à la souveraineté énergétique française et européenne, réduit le pouvoir d’achat des Français et fait couler le sang des Ukrainiens.

Nous exigeons également la libération immédiate et inconditionnelle d’Alexeï Navalny !

« Les peuples se révoltent quand l’espoir se montre »

Bernard Guetta à la manifestation place de la Bastille le 12/06/2022, organisée par Russie-Libertés

Plus de 400 personnes étaient présentes le dimanche 12 juin 2022, place de la Bastille à Paris, au rassemblement organisé par Russie-Libertés dans le cadre de l’action internationale Russians Against War. Dans plus de 30 pays et 75 villes à travers le monde, des manifestations contre la guerre en Ukraine ont été menées par les Russes résidents à l’étranger et les activistes pour les droits humains. En Russie des actions ont eu lieu en ligne avec la possibilité d’envoyer un courrier à la Douma pour demander l’arrêt de la guerre et la destitution de Poutine, mais aussi sur le terrain grâce à des groupes comme la Feminist Anti-War Resistance, 47 personnes ont été arrêtées (https://ovd.news/)

Parmi les actions en Russie, un drapeau russe portant le slogan « Aujourd’hui n’est pas mon jour » a été déployé devant le Ministère de la Défense à Moscou. L’artiste militant à l’origine de cette action, Denis Moustafine, a été arrêté. À Saint-Pétersbourg a eu lieu l’action  « Ciel paisible » invitant les citoyens de tout le pays à lancer des avions en papier portant l’inscription « Non à la guerre » a été honorée par de nombreuses participations.

A Paris, de nombreuses personnalités russes comme Lev Ponomarev (militant pour les droits humains et co-fondateur de l’ONG Mémorial) et Sergueï Guriev (professeur d’économie à Sciences Po) mais aussi françaises telles que Marie Mendras (politologue du CERI de Sciences Po), André Gattolin (sénateur) et Bernard Guetta (eurodéputé et journaliste) se sont exprimées contre la guerre de Poutine en Ukraine, en solidarité avec le combat du peuple ukrainien contre l’agresseur, et avec les Russes qui s’opposent à cette guerre.

Guriev a affirmé que « la guerre se déroule sur plusieurs fronts » : en Ukraine où se bat vaillamment le peuple ukrainien, en Russie où les Russes s’opposent à cette guerre illégale menée injustement en leur nom et partout dans le monde, où se déroule un combat médiatisé pour la démocratie et la liberté, car comme l’a dit Bernard Guetta « les peuples se révoltent quand l’espoir se montre ».

Après 109 jours de guerre atroce, les mobilisations continuent pour une Ukraine en paix, souveraine et indépendante, et pour que la Russie devienne un pays libre et démocratique.

Retrouvez le déroulé de l’évènement sur Twitter :

Bernard Guetta, eurodéputé et journaliste (photo : Philippe Lecourtier)

Sylvie Brigot-Vilain, directrice générale d’Amnesty International France (photo : Philippe Lecourtier)
Geneviève Garrigos, conseillère de la ville de Paris et ex présidente d’Amnesty International France (photo : Philippe Lecourtier)
Sergueï Guriev, professeur d’économie à Sciences Po Paris (photo : Philippe Lecourtier)
André Gattolin, sénateur, vice-président de la Commission des Affaires européennes (photo : Philippe Lecourtier)
(photos : Philippe Lecourtier)

Russians Against War – International Action Day 12 juin

Le 12 juin 2022, nous, citoyens russes en France et en Europe, et activistes engagés du monde entier, appelons à une journée de mobilisation internationale.
De Barcelone à Séoul, d’Ottawa à Prague, de Londres à Varsovie, le rassemblement Russians Against War fait partie d’une action internationale dans plus de 20 pays et 35 villes.Militants pour les droits humains et aspirant à l’établissement d’un modèle démocratique, pacifique en Russie, fondé sur les principes de liberté, de dignité et de justice, nous appelons à nous rassembler en soutien au peuple ukrainien, pour la paix et contre la guerre déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine.
Ce dimanche 12 juin 2022, jour férié en Russie, rassemblons-nous afin de rendre à cette journée son sens initial, celui de la liberté, de la démocratie et de la résistance à la tyrannie.
Nous, l’association Russie-Libertés, appelons à manifester contre la guerre atroce menée par le régime de Vladimir Poutine sur le territoire ukrainien, en solidarité avec tous ceux qui se battent en ce moment contre cette agression. Nous appelons à manifester pour que les responsables des crimes de guerre soient jugés. Nous appelons à manifester pour que la Russie devienne démocratique et soit libérée du régime de Poutine. Rassemblons-nous pour dénoncer cette invasion menée au nom du peuple russe et affirmons que nous sommes nombreux à y être fermement opposés. Face à l’invasion, que rien ne peut justifier, de l’Ukraine, pays indépendant et souverain dont l’intégrité territoriale doit absolument être respectée, faisons savoir haut et fort notre opposition résolue à cette agression brutale. Nous sommes révoltés par la terreur propagée par l’armée russe sur le territoire ukrainien. Nous refusons que cette guerre soit menée au nom de tous les Russes par un dirigeant criminel. A toutes celles et ceux qui souhaitent exprimer leur opposition à l’invasion de l’Ukraine, affirmer leur solidarité et leur soutien au peuple ukrainien, dénoncer les atrocités de l’armée russe contre les civils ukrainiens, ainsi qu’appuyer la société civile russe en lutte contre la dictature poutinienne, dont plusieurs représentants sont aujourd’hui poursuivis et emprisonnés pour leurs actes de dénonciation de la guerre, rejoignons-nous :


👉 Ce dimanche 12 juin, à 14h, place de la Bastille

👉 Manifestation organisée par l’association Russie-Libertés

Retrouvez l’appel de Serguei Guriev, professeur d’économie à Sciences Po Paris, qui fait partie de nos intervenants aux côtés de Lev Ponamarev (militant politique et co fondateur de Mémorial), Denis Kataev (journaliste russe), André Gattolin (sénateur, vice-président de la Commission des Affaires européennes) et Bernard Guetta (eurodéputé et journaliste).

« Nous, citoyens russes vivant en France, avons le devoir d’agir et de nous engager contre la guerre en Ukraine »

Tribune publié dans Le Monde le 15 mars 2022 dont les premiers signataires sont Boris Akounine, écrivain ; Sergei Guriev, professeur en économie, Sciences Po Paris ; Nicolai Kobliakov, président de l’association Russie Libertés ; Sergey Kuznetsov, écrivain ; Kirill Pissarev, commissaire d’exposition et membre du Mouvement russe antiguerre ; Tania Rakhmanova, réalisatrice ; Elena Servettaz, journaliste ; Maria Sorokina, chercheuse en histoire médiévale, membre du Mouvement russe antiguerre ; Ekaterina Zhuravskaya, directrice d’études, EHESS.


Le matin du 24 février, notre monde s’est effondré. Depuis, nous, Russes établis en France, vivons au rythme des atrocités et exactions commises en notre nom par l’armée russe en Ukraine. Notre colère est sans limites, autant que notre désarroi. Cette tragédie du peuple ukrainien auquel nous avons toujours été attachés par des liens si intimes et forts touche chacun d’entre nous. Endosser le rôle d’ennemi est pour nous inconcevable. Nous sommes prêts à assumer la responsabilité historique que portera désormais la Russie. Toutefois, nous refusons de nous reclure dans une culpabilité paralysante. Nous avons le devoir d’agir et c’est en tant que citoyens de la Fédération de Russie vivant en France que nous nous engageons contre la guerre en Ukraine.

Beaucoup d’entre nous sont nés après la chute du Mur, quand l’espoir de la liberté résonnait fort en Russie. Malheureusement, notre pays n’a pas tenu l’épreuve de la démocratie. L’arrivée au pouvoir de Poutine a marqué le retour d’une idéologie impérialiste et nationaliste reposant sur l’instrumentalisation et le détournement de l’histoire de notre pays, notamment celle de la seconde guerre mondiale. Ce discours, qui a remplacé petit à petit tout débat public en Russie, n’a jamais été le nôtre. Cependant, nous sommes tous en partie responsables de la longévité du régime de Poutine et nous nous opposons fermement à son extension, qui met en péril l’avenir démocratique des nations voisines.

Dictature agonisante

La Russie vit, en ce moment, une vague de répression inédite. Depuis le début de la guerre, les derniers médias dissidents ont été interdits et supprimés par le pouvoir. Le gouvernement instaure une censure totale, bloque l’accès à Facebook, à Twitter et à toutes les sources d’information alternatives. Toute personne diffusant des informations divergentes de la version officielle est passible de poursuites pénales, allant jusqu’à quinze ans de prison. L’existence d’une guerre est niée, l’emploi même du mot « guerre » est interdit. Les ONG, les défenseurs des droits humains, les opposants politiques subissent des perquisitions et arrestations préventives. Même les formes les plus inoffensives de protestation contre la guerre sont considérées comme des actes extrémistes, tandis que toute forme d’aide à l’Ukraine est qualifiée de haute trahison. En voyant notre pays plonger dans la terreur, nous demandons à la communauté internationale de ne pas abandonner la société civile russe, désarmée et isolée, face aux horreurs d’une dictature agonisante.

Les appétits de cette dictature ne se limitent pas à la Russie : aujourd’hui, le régime poutinien menace l’Europe entière. De longue date il y poursuit, jusqu’à l’assassinat, ses ennemis politiques, œuvre à la déstabilisation des démocraties occidentales, parraine des mouvements d’extrême droite et conduit une guerre de l’information. Le capital russe recrute des anciens chefs de gouvernement européens pour gagner du poids sur la scène économique et politique internationale. Des oligarques de poche, des agents d’influence et des établissements à vocation prétendument culturelle promeuvent ouvertement les intérêts du Kremlin. En ce temps de guerre, certains d’entre eux, tel le Centre spirituel et culturel orthodoxe russe à Paris, véhiculent les discours haineux de la propagande poutinienne visant à déshumaniser le peuple ukrainien et à justifier la guerre par des arguments aussi fallacieux qu’absurdes. Nous ne pouvons pas tolérer qu’une telle position soit diffusée au nom de la culture russe. Nous exigeons la fermeture définitive de ces antennes du régime poutinien qui ne représentent aucunement la Russie.

Nous appelons tous les Russes vivant en France, en Europe et dans le monde entier à se rassembler dans un mouvement citoyen, qui aura pour but la cessation immédiate de la guerre en Ukraine, la destitution du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, et la reconstruction démocratique de notre pays. Nous exigeons également l’ouverture d’un procès à la Cour internationale de justice contre tous les responsables des crimes de guerre commis en Ukraine. Nous exprimons notre solidarité totale avec tous ceux qui se battent en ce moment contre l’invasion de l’Ukraine. La manie impérialiste de Poutine est inguérissable. Il est grand temps d’y mettre fin.

Liste des signataires :

Aglaé Achechova, bibliothécaire

Ksenia Akhmadulina, développeuse editique chez AXA, Paris

Boris Akounine, écrivain

Alexandra Aleynikova, artiste

Olga Amiryan, ancienne fonctionnaire de l’Etat

Milena Arsich, agrégée de lettres modernes

Valeria Atiusheva, entrepreneur

Mariia Baranova, écologiste

Tatiana Baranova, maître de conférences en histoire

Anna Baydova, docteur en histoire de l’art

Rouslana Brakha, secrétaire médicale

Dara Bobrova, enseignante de yoga

Alexandre Bolshedvorov, théologien orthodoxe

Konstantin Brenner, mathématicien, maître de conférences, Université Côte d’Azur

Thaïssia Colosimo, étudiante

Daria Cherepantseva, secrétaire médicale

Polina de Mauny, doctorante, Sorbonne Nouvelle

Fedor Diakonov, designer, artiste

Ekaterina Drozdova, réalisatrice

Stéphane Gaessler, doctorant

Sofiya Glukhova, historienne de l’art, association des amis Marc Chagall

Dmitry Goncharov, motion designer

Angelina Gorgan, ingénieur à la retraite, IFPEN

Katerina Gorinskaia, ingénieure développement logiciel

Irina Gromova, ingénieur informatique

Katja Gvozdeva, historienne de la littérature

Iuliia Gulina, styliste

Sergei Guriev, professeur en économie, Sciences Po

Liza Gusalova, réalisatrice

Barbara Essaïan, restauratrice-conservatrice de peinture de chevalet

Elisabeth Essaïan, maitre de conférences à l’ENSAPB, chercheuse à l’IPRAUS-AUSSER

Anastasia Evstegneeva, enseignante

Dimitri Filimonov, docteur en études slaves, enseignant-chercheur, Université Lyon 3

Émeric Fisset, éditeur

Christine Fisset, fonctionnaire

Nicolaï Iarochenko, producteur de cinéma

Alexandre Isaev, ingénieur logiciel

Tatiana Joukova, archiviste, bibliothécaire (BULAC)

Hélène Henry-Safier, maître de conférences honoraire en littérature russe, Université Paris-Sorbonne

Janna Hermant, professeur de russe

Anna Kadieva, directrice de l’école Le Sallay Academy

Ekaterina Kadieva, psychologue

Ekaterina Kalugina, maître de conférences en économie, Université d’Evry Val d’Essonne

Sergueï Kanski, guide-interprète-conférencier

Barbara Karsky, enseignante retraitée

Marie Nadia Karsky, enseignante

Michel Karsky, compositeur

Maria Kassian-Bonnet, graphiste

Tatiana Kastouéva-Jean, Directrice du Centre Russie/NEI, Ifri

Anna Khalonina, doctorante et enseignante en linguistique, Université Paris-Cité

Katia Khazak, productrice, Aurora films

Irina Khokhlova, étudiante en médiation culturelle, Université Paris Nanterre

Polina Kiseleva, interprète

Natalia Kisseleva-Toulet, psychologue

Nikolai Kitanine, professeur, Université de Bourgogne

Nicolai Kobliakov, président de Russie-Libertés

Oleg Kobtzeff, historien, théologien

Alexandra Kokoreva, enseignante de russe et de piano

Olga Kosenko, salarié du secteur divertissement

Emilia Koustova, historienne, Université de Strasbourg

Alexandre Kozlov, actuaireOlga Kravets, photographe et réalisatrice

Leonid Kreydlin, Ingénieur d’études et développement chez PartenorGroup

Anna Kuznecova, iconographe

Sergey Kuznetsov, écrivain

Denis Lakine, doctorant en lettres russes, Inalco

Anna Leyloyan-Yekmalyan, maître de conférence​s à l’INALCO

Tilda Lovi, artiste plasticienne et traductrice

Eugénie Magnien, traductriceDaria Malyuta, doctorante en sociologie, Université de Paris

Kamila Mamadnazarbekova, doctorante PRITEPS, Sorbonne Université

Polina Manko, chercheuse en arts

Ludmila Marchesin, bibliothécaire

Lana Martysheva, historienne, membre de l’Ecole française de Rome

Boris Melnichenko, doctorant, CNRS/EHESS

Anna Mikhailova, styliste de mode

Yuliya Mineeva, doctorante en histoire, Lettres, Sorbonne Université

Anastasia Mosyagina, historienne

Nadezhda Nazareva, doctorante, Sorbonne Université

Alexandre Ourjoumtsev, Professeur des Universités

Alexei Ourjoumtsev, physicien

Ludmila Ourjoumtseva, ingénieure

Macha Pangilinan, artiste plasticienne

Natalia Pashkeeva, chercheuse post-doctorat, CNRS IRIS

Daria Petushkova, doctorante, INALCO

Daria Pevear, enseignante de yoga

Ekaterina Pichugina Coumel, traductrice indépendante, diplômée de l’ESIT

Kirill Pissarev, commissaire d’exposition

Nadia Podzemskaia, chercheur CNRS en histoire de l’art

Nina Podzemskaia, traductrice, retraitée

Natalia Prokofieva, étudiante en arts plastiques, Université Paris 8

Tania Rakhmanova, réalisatrice

Yana Roman, contrôleuse financière

Alisa Rusakova, print designer

Slava Rychkov, physicien

Anna Samokhvalova, cadre de l’industrie automobile

Tatiana Senkevitch, historienne de l’art, Paris Institute for Critical Thinking

Avraam Seredinski, professeur, retraité

Véra Seredinski, professeur de lycée, retraitée

Elena Servettaz, journaliste

Raman Sheshka, docteur, Ecole Polytechnique

Alexander Shamalov, entrepreneur

Pavel Shishkanov, étudiant en neuropsychologie

Daria Sinichkina, maître de conférences en littérature russe, Sorbonne Université

Maria Sorokina, post-doctorante, LabEx Hastec

Victor Sorokine, journaliste à la Pensée Russe, retraité

Anna Surovegina, interprète de conférence

Marie Tatischeff, enseignante en école élémentaire

Sophie Tatischeff, chef de projet MOA

Olga Tirard, professeur de russe

Maria Troitskaia, architecte, pâtissière

Aleksei Tourkine, cadre de banque

Lilya Tourkina-Colosimo, secrétaire de l’Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge

Luba Vassilieva, photographe et chargée de contenu

Giovanni Vinciguerra, étudiant

Maria Volkova, enseignante de russe

Sofya Volkova, étudiante

Larissa Volokhonsky, traductrice

Anna Voskoboynikova, chercheuse, LVMT – Ecole des Ponts ParisTech

Valentin Vydrin, professeur de mandingue, INALCO

Ekaterina Zhuravskaya, directrice d’etudes, EHESS

Aleksei Ziiangirov, ingénieur logiciel, musicien

Mouvement russe anti-guerre

Russie-Libertés : 10 ans de combats !

Notre association a été créée en mai 2012, suite à un rassemblement spontané à Paris, devant l’ambassade de Russie, de jeunes et moins jeunes, révoltés par la falsification des « élections » législatives russes de 2011. En écho aux premières manifestations massives en Russie, nous nous sommes réunis autour des mêmes idéaux de Liberté, de Respect des Droits Humains et de Paix. Petit-à-petit nous avons formé un groupe qui a grandi avec le temps et aujourd’hui nous comptons des dizaines d’adhérents et plus de 2000 sympathisants en France.

Notre association soutient la transformation de la Russie en un pays démocratique par de nombreuses actions que vous pouvez découvrir sur notre site internet. Nous sommes un mouvement indépendant de tout parti politique et de toute organisation partisane.

Nous ne vivons que grâce aux dons de nos adhérents. Vous pouvez nous aider à continuer notre combat en faisant un don ici : https://russie-libertes.org/index.php/donner-2/ ou bien en achetant votre tote bag Russians Against War : https://www.helloasso.com/associations/russie-libertes/paiements/vente-de-sacs

Mobilisations anti-guerre pour le 9 mai

Depuis le 24 février, des membres de la société civile russe se mobilisent contre la guerre en Ukraine par tous moyens :

🪧des manifestations qui ont déjà conduit à plus de 16000 arrestations en Russie

🪧des concerts, dans plusieurs pays, contre la guerre et pour aider les réfugiés ukrainiens

🪧des actions de rues solitaires,

🪧des affiches collées sur les murs ou des graffitis avec des messages anti-guerre,

🪧des actes de sabotage des voies ferrées ou sabotages dans les bureaux de conscription ou les blindés.

Ces actes sont souvent des initiatives individuelles, mais aussi parfois coordonnées par les mouvements Feminist Anti-War Movement ou Движение Весна / Vesna Movement dont les deux principaux coordinateurs sont arrêtés et risquent d’être emprisonnés.

Le 9 mai, cette journée de commémoration des victimes de la Seconde Guerre Mondiale, des Russes ont également manifesté leur désapprobation de la guerre en Ukraine en brandissant des pancartes avec des messages comme « Ils se sont battus pour la Paix. Vous avez choisi la guerre. »

125 personnes ont été arrêtées en ce jour du 9 mai selon ОВД-Инфо. Des fouilles ont lieu tous les jours chez des représentants de la société civile russe, ainsi qu’au domicile de leurs parents. Des arrestations préventives ou encore des arrestations grâce aux caméras de reconnaissance faciale sont courantes.

Nous appelons fermement à l’arrêt immédiat des poursuites contre toutes les personnes qui s’opposent à la guerre en Ukraine. #нетвойнесукраиной#nonalaguerreenukraine

Nous appelons en urgence la France à se mobiliser afin de stopper les importations d’hydrocarbures russes.

Plus de 2 mois de guerre en Ukraine, des milliers de morts, des millions de réfugiés ukrainiens en Europe, des crimes de guerre abominables, une batterie de sanctions pour tenter d’arrêter Poutine mais aucune issue du conflit n’est perceptible à l’horizon.

Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, a justement alarmé sur les montants faramineux qui sont versés tous les jours par les pays Européens à la Russie pour l’achat du gaz et du pétrole. Ainsi, depuis le début de la guerre, plus de 46 milliards d’euros sont partis dans les caisses de Poutine.

Des milliards qui renflouent tous les jours le budget de la Russie pour payer ses soldats, ses armes, sa machine de propagande et qui viennent effacer les conséquences des sanctions économiques déjà prises.

Malgré l’aide sans précédent de l’Union Européenne à l’Ukraine et les actions considérables pour enrayer l’agresseur russe, des contradictions et des contre-performances apparaissent. Comme cela a déjà été le cas avec les exportations d’armes vers la Russie depuis 2014. 

L’Europe est face à une manipulation de Poutine sur sa dépendance énergétique et il tente plus que jamais de diviser les européens. Alors que l’Autriche et la Hongrie se disent déjà prêtes à payer le gaz russe en roubles, les États Européens doivent s’unir, aider les pays les plus dépendants, faire preuve de courage et ne pas céder au chantage.

Nous sommes à un moment crucial où des décisions fortes doivent être prises par les dirigeants Européens et un embargo sur les importations de gaz et de pétrole de Russie est nécessaire et possible comme le démontrent de nombreux économistes. L’impact d’une guerre sans fin serait en outre catastrophique sur l’économie européenne. 

C’est pourquoi, il y a déjà un mois, notre association Russie-Libertés a lancé une campagne au boycott de Gazprom et nous réitérons notre appel aujourd’hui d’une seule voix avec l’Union des Ukrainiens de France.

Nous, Russie-Libertés et l’Union des Ukrainiens de France appelons en urgence la France et tous les États Européens à se mobiliser de façon ferme et solidaire afin de stopper de manière rapide et efficace les importations d’hydrocarbures russes. 

Ensemble, avec l’Union Européenne et la Communauté internationale nous fragiliserons le régime de Poutine et mènerons l’Ukraine et l’Europe vers la Paix et la Russie vers la Liberté. 

Nikolaï Koblyakov          

Président Russie-Libertés

Jean-Pierre Pasternak

Vice-président

de l’Union des Ukrainiens de France

Replay de la conférence “Russie : la censure de guerre tue”

Le replay de la conférence est disponible >> ici sur YouTube <<

De janvier à mars 2022, la Fédération de Russie a débloqué plus de 17 millards de roubles (près de 200 millions d’euros) pour la presse et la propagande du régime – un investissement impressionnant et clairement lié à la guerre en Ukraine.  La guerre informationnelle menée par Vladimir Poutine pour soutenir son invasion de l’Ukraine était le thème de la conférence organisée ce mercredi 20 avril 2022 par l’association Russie-Libertés à l’Hôtel de Ville de Paris, intitulée « Russie : la censure de guerre tue ». De 18h30 à 21h, quatre invités journalistes et défenseurs des droits humains en Russie ont pris la parole sur ce sujet. La conférence était organisée en partenariat avec Reporters Sans Frontières. Plus de 230 personnes ont participé à la conférence.

Le mot d’ouverture a été prononcé par M. Arnaud Ngatcha, adjoint à la maire de Paris en charge de l’Europe, des relations internationales et de la francophonie. Il a rappelé l’existence d’une réelle dissidence en Russie aujourd’hui :

« Il y a aujourd’hui des voix, en Russie et ailleurs, qui se battent contre le régime de Poutine et dénoncent la guerre en Ukraine. Il est important de leur donner la parole. »

Katia Roux, chargée de plaidoyer pour Amnesty International France, a ensuite rappelé combien la censure et le contrôle des médias servaient d’arme dans cette guerre :

« Il s’agit d’une guerre de terrain doubléе d’une guerre de l’information, des images, des mots »

Olga Prokopieva, porte-parole de Russie-Libertés, a rappelé le soutien de Russie-Libertés et de tous les invités au peuple ukrainien face à la guerre criminelle menée par Vladimir Poutine en Ukraine. Elle a ensuite animé la discussion avec les invités.

Viktor Chenderovitch, écrivain et présentateur satirique russe, créateur de la célèbre émission télévisée Koukly (équivalent russe des Guignols de l’info, interdit par Poutine), a évoqué les menaces et le chantage dont il avait été la cible ces derniers temps. Il a également avancé que la guerre en Ukraine avait été rendue possible notamment par le contrôle de l’information par le Kremlin, initiée depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir :

« Cette horrible guerre aujourd’hui n’aurait pas pu avoir lieu ainsi sans 20 ans de censure et propagande. Toutes les dictatures commencent par le contrôle de l’information et la limitation de la liberté d’expression. »

Un extrait sous-titré des Koukly (année 2000), mettant en scène de manière burlesque Vladimir Poutine en dirigeant d’une ville de la Renaissance où les citoyens perdent la vue, a été présentée au public. L’extrait témoignait de la relative liberté de la presse durant les années 90 et début des années 2000, par comparaison avec le durcissement qui n’a cessé de s’accentuer depuis l’arrivée de Poutine au pouvoir. 

Denis Kataev, journaliste à la chaîne de télévision russe indépendante « Dojd » (TV Rain), suspendue depuis le 3 mars 2022, a insisté sur la formation d’une presse russe d’émigration, qui devra continuer, selon lui, à travailler depuis l’étranger pour combattre la propagande officielle.

« Pour moi il était aussi impossible de vivre dans le pays agresseur qui a commencé cette guerre »

Ksenia Bolchakova, journaliste et réalisatrice franco-russe, qui a couvert ces dernières années l’annexion de la Crimée, la guerre dans le Donbass, a elle aussi raconté les intimidations dont elle avait été victime lors de la réalisation de son reportage « Wagner, l’armée des ombres de Poutine ». Elle a ensuite rappelé combien l’exercice de la profession de correspondant de presse en Russie avait été rendu difficile depuis les élections législatives falsifiées de 2011 et le mouvement de contestation qui a suivi. 

Elle a également commenté un extrait sous-titré de journal télévisé du Kremlin (Vesti) qui niait le bombardement de la maternité de Marioupol par l’armée russe, en analysant les techniques de propagande informationnelle qui y étaient à l’œuvre :

« Pendant cette guerre en Ukraine, on voit la création d’une énorme confusion avec plusieurs versions à la télévision du Kremlin, pour qu’on ne sache plus ce qui est vrai et ce qui faux. C’est une technique de manipulation des esprits »

Daniil Beilinson, co-fondateur de l’organisation de défense des droits humains en Russie OVD-Info, inscrite au registre des agents de l’étranger depuis septembre 2021, a rappelé le nombre d’arrestations arbitraires (supérieur à 15000) qui avaient eu lieu depuis le début de la guerre. Il a ensuite commenté la loi sur la « discréditation de l’armée » :

« La loi sur la “discréditation de l’armée” laisse les autorités libres de décider de ce qui constitue une telle “discréditation”. Elle permet ainsi une application arbitraire par la police. »

La discussion s’est terminée par une discussion relative à l’avenir de la presse libre en Russie. Certains, comme Viktor Chenderovitch, sont assez pessimistes, et comptent plus sur un écroulement du régime que sur une réforme. D’autres, comme Denis Kataev, sont optimistes, et soulignent l’importance des médias d’information modernes permettant de combattre la propagande télévisuelle.

En clôture de la conférence, une minute de silence a eu lieu en mémoire des victimes de la guerre en Ukraine.

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