914 jours de guerre d’invasion russe en Ukraine. Des milliers de morts, des millions de réfugiés ukrainiens déplacés et maintenant, des milliers de réfugiés russes également.
La guerre criminelle lancée par Vladimir Poutine s’étend sur le territoire russe et embrase de plus en plus de régions, ravage de plus en plus de familles et brise des millions de vies.
Certains russes, aveuglés par la propagande, réalisent pour la première fois que leur pays mène une guerre terrible. Les défaillances des autorités russes à évacuer les régions visées par l’avancée de l’armée ukrainienne leur fait aussi comprendre les mensonges et hypocrisies du Kremlin qui abandonne ses propres citoyens.
Nous déplorons les victimes civiles et exhortons le respect des conventions de Genève notamment celle relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.
Toute la responsabilité de cette guerre atroce est sur Poutine. Son régime sanglant a un seul et unique but – garder le pouvoir en multipliant les morts et en sacrifiant des vies.
L’agresseur doit être arrêté, les troupes russes doivent quitter le territoire souverain d’Ukraine, les territoires occupés et annexés doivent être restitués à l’Ukraine, des réparations payées et tous les responsables de crimes de guerre jugés.
Nous exprimons toute notre joie et soulagement suite à la libération de plusieurs prisonniers politiques russes qui vient d’avoir lieu dans le cadre d’un grand échange de prisonniers.
Des activistes, artistes, opposants politiques et journalistes qui avaient été accusés à tort et injustement condamnés en Russie viennent de retrouver la liberté !
Il s’agit d’un moment historique et d’une grande victoire des défenseurs des droits humains et de la diplomatie.
Nous remercions tous ceux qui soutiennent notre association Russie-Libertés dans notre lutte pour la libération des prisonniers politiques.
Nous remercions l’ensemble de notre coalition internationale, les diplomates, ainsi que tous les députés français et européens qui nous ont aidés à faire entendre les voix de ces femmes et hommes courageux.
Nous remercions tout particulièrement la Mairie de Paris et Madame la Maire Anne Hidalgo pour l’attribution de la citoyenneté d’honneur de la ville de Paris à Ilia Iachine et Oleg Orlov, ce qui a, sans aucun doute, contribué au succès de cet échange.
Parmi les prisonniers politiques libérés : Vladimir Kara-Murza, homme politique russe Ilia Iachine, homme politique russe, citoyen d’honneur de la ville de Paris Alexandra Skotchilenko, artiste russe Oleg Orlov, défenseur des droits de l’homme, citoyen d’honneur de la ville de Paris Lilia Tchanycheva, ancienne coordinatrice de l’équipe de Navalny à Oufa Ksenia Fadeeva, femme politique, dirigeante du quartier général de Navalny à Tomsk Vadim Ostanine, dirigeant du quartier général de campagne d’Alexeï Navalny à Barnaul Alsou Kourmacheva, journaliste russo-américaine Andreï Pivovarov, opposant russe Kevin Lik, jeune russo-allemand de 19 ans
Malgré notre joie, nous n’oublions pas qu’il y a actuellement plus de 1000 prisonniers politiques détenus dans les prisons russes dans des conditions insoutenables. Nous craignons pour leur santé et pour leur vie.
Parmi les prisonniers les plus connus : Alexeï Gorinov, Igor Barychnikov, Maria Ponomarenko, Evguénia Berkovitch, Svetlana Petriïtchouk et tant d’autres moins célèbres mais tout aussi innocents et poursuivis pour leur position contre la guerre en Ukraine et contre la politique barbare de Poutine.
Russie-Libertés exige la libération de tous les prisonniers politiques de Russie !
Où : Espace Libertés | Reforum Space Paris, 16 rue Oberkampf Paris 11
Malanka – Média, le média indépendant bélarusse, le Centre pour les droits de l’homme Viasna, l’association Russie-Libertés, l’Espace Libertés | Reforum Space Paris avec le soutien de la Commission européenne organisent l’exposition sur la vie croisée de deux éminents défenseurs de droits humains, prisonniers d’opinion et lauréats du Prix Nobel de la Paix, Alès Bialiatski et Oleg Orlov.
Alès Bialiatski est un militant de droits humains bélarusse, fondateur et dirigeant du Centre de défense de droits humains Viasna, condamné en 2023 à 10 ans de prison pour ses activités militantes. Il est l’un des plus importants défenseurs des droits humains au Bélarus. Son engagement vise à défendre les libertés civiles et à lutter pour la démocratie dans un pays confronté à une dictature depuis 1994.
Ami de longue date d’Ales Bialiatski, Oleg Orlov est une figure tout aussi éminente des droits humains en Russie : il est l’un des fondateurs du Centre de défense des droits humains Mémorial et lauréat du prix Nobel de la Paix en 2022. Il a récemment été condamné à 2 ans et demi de prison pour ses déclarations contre la guerre en Ukraine.
Programme de l’exposition :
2 juillet à 19h00
Ouverture de l’exposition, lors de laquelle interviendront :
Geneviève Garrigos, conseillère de Paris, ancienne présidente d’Amnesty International France
Sacha Koulaeva, défenseuse des droits de l’homme, une collaboratrice de longue date d’Ales Bialiatski et d’Oleg Orlov
Alice Syrakvash, présidente de l’association “Communauté des Belarusses à Paris” et représentante de l’Ambassade du peuple bélarusse en France
Natalia Pinchuk, épouse du prisonnier politique, fondateur et président du Centre des droits de l’homme “Viasna” et lauréat du prix Nobel de la paix, Ales Bialiatski (enregistrement de l’intervention sous réserve)
Projection du film sur la vie d’Alès Bialiatski : « Règles de vie d’Alès Bialiatski ». Réalisé par Yuri Butko et Alexandrina Glagolieva. Lituanie, 2023 (29 minutes).
Projection du film de Manon Loizeau « Biélorussie, une dictature ordinaire ». France, 2018.
Discussion avec l’auteure sur le travail du film au Bélarus et sur la vie dans ce pays, appelé « la dernière dictature d’Europe », qui, d’une part, se réfère à Moscou et, d’autre part, s’oppose depuis de nombreuses années au rouleau compresseur de l’État et rêve du Printemps bélarusse.
Projection du film d’Olga Kravets « Il commence à faire nuit ». Russie-France, 2016 (52 min).
Une discussion avec l’auteure sur la répression politique en Russie, sur les familles, et les transfigurations de leurs vies, dans laquelle l’un des membres de la famille est un « ennemi de l’État ».
Lecture des lettres des prisonniers politiques bélarusse et russes.
A l’approche des Jeux Olympiques 2024 de Paris, qui verront défiler les athlètes de ces deux pays sous bannière neutre, nous souhaitons avec cette exposition attirer l’attention sur l’existence d’une société civile complètement bâillonnée, mais qui, malgré tous les efforts pour la faire taire, continue à se battre pour les droits humains et la liberté d’expression.
Manifestation internationale en soutien aux prisonniers politiques de Russie !
Le 28 juin 2022, Ilya Yashine, opposant politique russe a été arrêté à Moscou. Il a été condamné à 8,5 ans de prison pour avoir dénoncé les crimes de guerre commis par l’armée russe en Ukraine.
1270 autre prisonniers politiques sont détenus dans les prisons russes actuellement.
Ils subissent de mauvais traitements, sont constamment isolés et même torturés.
Nous craignons pour leurs vies car, comme ce fut le cas d’Alexeï Navalny, le régime peut les tuer.
Rassemblons-nous vendredi 28 juin, à 18h, place de la Bastille, en solidarité avec les prisonniers politiques de Russie !
Ce rassemblement fait partie d’une action internationale pour la libération des prisonniers politiques en Russie.
Collecte de fonds pour aider les objecteurs de conscience et les déserteurs russes qui s’opposent à la guerre criminelle de Poutine.
Contrairement à ce que dit la propagande du Kremlin, une grande partie des citoyens russes ne soutient pas l’invasion de l’Ukraine, y compris de nombreux militaires et mobilisés dans l’armée russe.
Ils s’opposent à la guerre de Poutine et refusent d’y participer. Selon le média russe indépendant Mediazona, 8 600 militaires russes sont poursuivis pour « abandon non-autorisé d’unité militaire » et plus de 31 000 personnes se sont adressées à l’ONG Get Lost aidant à déserter.
La mobilisation annoncée en septembre 2022 a rendu la démission de l’armée impossible. Ceux qui néanmoins décident de ne pas obéir aux ordres criminels risquent jusqu’à 15 ans de prison, l’envoi forcé sur le front ou d’être torturés et même tués par le commandement. Des dizaines de « prisons clandestines » ont été identifiées par les ONG où les soldats russes subissent des tortures pour désertion de la part de leur propre commandement.
Malgré tout, certains militaires trouvent le courage de déserter de l’armée et encouragent les autres à suivre leur exemple. Ils fuient la Russie par des voies dangereuses et incertaines et se retrouvent dans des pays limitrophes, où ils sont en insécurité et doivent constamment se cacher.
Ensemble avec une coalition d’organisation de défense des droits humains, Russie-Libertés vient en aide à ces objecteurs de conscience et déserteurs qui, en vrais résistants, s’opposent ouvertement à la guerre menée par Poutine en Ukraine. Cette collecte de fonds servira à les aider à fuir, à trouver un logement, à survivre et à poursuivre leurs initiatives pour appeler d’autres hommes russes à déserter de l’armée. Car déserter de l’armée russe, c’est l’affaiblir et amoindrir les possibilités de Poutine à poursuivre sa guerre criminelle.
Vous pouvez lire les histoires des déserteurs russes que nous aidons ici.
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine déclenchée par Poutine, de nombreux citoyens russes refusent de participer à sa guerre criminelle.
Des officiers, des soldats, des civiles mobilisés de force deviennent déserteurs et fuient la Russie.
Ils ont choisi de renoncer à leurs carrières militaires et de mettre leurs vies en danger pour ne pas avoir du sang des Ukrainiens sur leurs mains.
Ils ont refusé d’exécuter des ordres criminels de Poutine et risquent maintenant d’être expulsés, torturés, emprisonnés ou envoyés au front de force.
Un groupe de déserteurs russes se trouvant actuellement au Kazakhstan a créé un projet « L’Adieu aux armes » qui accuse l’invasion de l’Ukraine et vise à encourager les militaires russes à refuser d’y participer et à déserter de l’armée.
Nous demandons à la France d’accueillir les hommes russes refusant de combattre en Ukraine et qui s’opposent ouvertement à cette guerre en véritables résistants.
Accueillir des déserteurs c’est aussi réduire les rangs de l’armée russe et l’affaiblir.
Nous devons faire tout pour empêcher Poutine de poursuivre sa guerre criminelle.
Il a 24 ans. Il est tatar et musulman. Il fut officier de l’armée russe.
« Je voulais devenir officier depuis l’enfance, la carrière militaire me paraissait noble. Je suis entré à l’école militaire et après la fin des études, j’y ai pris le poste d’enseignant pour former de futurs officiers.
Petit à petit, je me suis intéressé aux enquêtes de la Fondation anti-corruption d’Alexeï Navalny. À cette époque, j’ai commencé déjà à penser que j’avais fait une erreur en reliant ma vie à l’armée russe. Le 24 février 2022, je n’avais plus de doute : mon pays a commencé une guerre criminelle – il a envahi le territoire d’un autre pays pour tuer des civils, détruire des villes, piller et violer. Je ne pouvais pas soutenir cela ».
Phare a refusé de participer à la guerre criminelle de Poutine, a quitté la Russie et s’est réfugié au Kazakhstan. Il a demandé l’asile au Kazakhstan qui, selon la pratique courante et les accords politiques avec la Russie, lui est refusé. En cas d’expulsion vers la Russie, il risque jusqu’à 15 ans de prison ou l’envoi forcé sur le front.
« Beaucoup de gens pensent que j’ai fui la Russie parce que je suis un lâche, mais cela n’a pas été une décision facile. Ma famille, mes amis, ma maison sont restés en Russie. Mais je crois que mes convictions sont plus importantes que le confort personnel. Quand je suis arrivée au Kazakhstan, j’ai dormi par terre et j’ai fait du travail que je ne pensais jamais faire. Je n’ai aucune idée de ce qui m’arrivera demain.
Si je serai expulsé vers la Russie, je serai prêt à aller en prison. Je suis parti non pas parce que j’avais peur d’être tué à la guerre, mais parce que je ne voulais pas participer à ce crime.
Si quelqu’un attaquait la Russie, je resterais et défendrais l’indépendance de mon pays. Je ne serais sûrement pas le seul à le faire – il y aurait des files d’attente devant les bureaux d’enrôlement militaire. Mais j’ai été l’officier au ministère de la Défense, non pas au ministère de l’Invasion ».
Phare se prononce publiquement contre la guerre en Ukraine dans divers médias.
« Il y a beaucoup de gens honnêtes parmi nous, les citoyens russes, mais certains ont connu un sort bien pire que le mien. Et si je garde le silence en étant au Kazakhstan, je ne serai pas en capacité de sauver les autres, ni de me sauver moi-même. J’ai donc décidé de me prononcer publiquement. Même si mes discours seront entendus que par 20-30 personnes en Russie, la chaîne continuera – chacune d’elles pourra ramener 20 autres personnes à la raison ».
Son surnom est Phare parce qu’il guide les autres dans l’obscurité.
Mr Mercedes – c’est son surnom de déserteur. Étant un fan de Stephen King, il emprunte ce surnom auprès d’un personnage du roman policier éponyme.
Il a 27 ans. Il est homosexuel. Il fut officier de l’armée russe.
En 2017, il obtient son diplôme universitaire en physique, mathématique et programmation informatique. Tout de suite après, il est conscrit au service militaire obligatoire pour être affecté à « l’unité scientifique » de l’armée russe avec le grade de lieutenant.
« J’ai travaillé avec des logiciels et des documents. Au début, ce travail me plaisait, mais j’ai très vite compris que les gens dans l’armée n’étaient pas très bien traités. Je ne pouvais pas accepter la direction politique du pays. J’ai été très déçu par le gouvernement russe et par ce qu’il faisait.
J’ai réalisé qu’il n’était plus possible pour moi de faire partie de l’armée russe. J’ai essayé de démissionner pour la première fois en mars 2021, cependant, ma demande n’a tout simplement pas été traitée. J’ai réessayé à nouveau en décembre 2021, mon rapport a été rejeté et j’ai été obligé de continuer mon service ».
Le 21 septembre 2022, la mobilisation partielle a été déclarée par Poutine. Le jour même, Mr Mercedes reçoit un SMS avec un ordre de se présenter au point de déploiement permanent pour l’envoi sur le front. Mr Mercedes n’obéit pas à cet ordre et décide de déserter. Il traverse la frontière avec le Kazakhstan.
« La désertion était la dernière chance de ne pas être impliqué dans une guerre criminelle, ni être emprisonné pour de nombreuses années. Pour quitter ce système, j’ai été obligé d’entreprendre des actions décisives et risquées ».
Une affaire pénale a été ouverte contre Mr Mercedes pour désertion. Il est actuellement recherché au niveau international. Il a reçu des menaces de la part de ses commandants.
« Ceux qui me cherchent savent parfaitement où me trouver. J’ai reçu des menaces. J’ai reçu également des propositions de revenir contre l’arrêt de poursuite pénale. J’ai aucune envie de revenir. Mais j’ai peur – je ne vais pas mentir. C’est effrayant en principe, car la plus grande peur humaine – c’est la peur devant l’inconnu. Ma vie aujourd’hui est complétement imprévisible, car je me trouve dépendant des autorités de ce pays qui m’est étranger : on peut m’arrêter et m’expulser vers la Russie, on peut me laisser tranquille et permettre de travailler légalement, on peut aussi me mettre dans une situation illégale et me forcer à me cacher. Je ne sais absolument pas ce qui se passera demain. Je suis incapable de planifier ma vie, j’ai du mal à comprendre comment vivre et je ne suis même pas sûr si je resterai en vie ou pas. J’ai peur. Je ne sais toujours pas ce qui m’attend ».
Mr Mercedes s’expose également à des poursuites pour son orientation sexuelle. Car selon la loi adoptée récemment par le régime de Poutine, la communauté LGBTQI+ est reconnue comme une « organisation extrémiste » en Russie.
En cas d’expulsion vers la Russie, Mr Mercedes risque donc jusqu’à 10 ans de prison pour participation à « l’organisation extrémiste LGBTQI+ » et jusqu’à 15 ans de prison pour désertion ou l’envoi forcé sur le front.
« J’espère qu’un des pays européens m’accordera une possibilité d’y vivre en toute sécurité. J’aimerais légaliser mes relations avec mon compagnon, fonder une famille, avoir des enfants et vivre normalement sans peur ».
Mr Mercedes est un personnage de fiction mais le cauchemar qu’il vit est une réalité.
Il a 32 ans. Il est Sakha, membre de la minorité ethnique de Yakoutie. Et il fut mobilisé dans l’armée russe.
Sa vie était simple et normale. Il travaillait en tant qu’ouvrier routier dans une petite ville de la République de Yakoutie en Russie. Son monde s’est écroulé en septembre 2022, car Moby-Dick a été soudainement mobilisé.
« J’ai entendu dire que la mobilisation avait commencé, mais je n’ai pas compris ce que cela signifiait. Mon responsable m’a convoqué en m’exigeant de lui fournir mon passeport et mon livret militaire. Je lui ai demandé de m’expliquer ce qui s’était passé. Il m’a dit que j’avais été licencié et mobilisé ».
Le lendemain, il a été envoyé à une base militaire se situant dans une autre région russe, en Bouriatie.
« On nous a mis comme des moutons dans des bus pour aller à l’aéroport, puis dans un avion. Personne ne savait exactement où on nous emmenait.
En arrivant à la base militaire, j’ai été choqué par ce que j’ai vu. Tout le monde était ivre, un chaos total. Les panneaux d’informations dans la base affichaient des photos de soldats ukrainiens morts avec l’inscription : « Ce sont des nazis – ils doivent être tués ». Apparemment, on a essayé de nous préparer ainsi à ce qui nous attendait à la guerre ».
Dès son affectation à l’unité militaire, il déclarait son refus de participer à la guerre criminelle de Poutine et a tenté à plusieurs reprises de remettre un rapport pour remplacer le service militaire par un service civil mais il a été rejeté. Les officiers l’humiliaient et le menaçaient. De plus, l’attitude des officiers russes envers Moby-Dick était ouvertement raciste – ils l’appelaient un « éleveur de rennes » en raison de son origine ethnique sibérienne.
« Énormément de citoyens de Russie, qui ont été mobilisés et envoyés à la guerre par Poutine, font parties des minorités ethniques. On a l’impression que le régime essaie d’éliminer certains groupes ethniques habitant en Russie. Cela ressemble à une génocide ».
Moby-Dick a donc décidé de s’enfuir par un trou dans la clôture de la base. Sa mère l’attendait à l’extérieur dans un taxi.
« Le chauffeur de taxi a tout de suite compris la situation. Il m’a dit qu’à cause de cette mobilisation « il ne reste plus d’hommes en Bouriatie » et qu’il me comprend. Il m’a conseillé de m’envoler immédiatement pour le Kazakhstan, ce que j’ai fait ».
Moby-Dick est devenu la première personne mobilisée contre laquelle une procédure pénale a été ouverte pour l’abandon non autorisé d’une unité militaire. En cas d’expulsion vers la Russie, il risque jusqu’à 15 ans de prison ou l’envoi forcé sur le front.
« Pour l’instant, je suis au Kazakhstan sans un emploi officiel, en faisant rien et en espérant qu’un autre pays m’accordera l’asile pour que je puisse retrouver une vie normale ».
Son surnom est Moby-Dick parce qu’il est en fuite permanente.
Le Sportif – c’est son surnom de déserteur.
Il a 33 ans. Il est sportif professionnel. Il fut officier de l’armée russe.
Enfant, il n’était pas très bon à l’école, mais le sport l’intéressait vivement. Sa mère l’élevait seule dans un petit village, un endroit aussi dépourvu d’espoir que d’emplois. Elle l’a inscrit dans une école militaire, car cette formation était gratuite. Cela ressemblait à un ticket pour une vie meilleure.
« Comme on disait chez nous, l’armée va te nourrir, te loger, t’habiller. En plus, elle ferait de moi un vrai homme ».
Le Sportif exerçait formellement ses fonctions d’officier, car il passait tout son temps de service à participer à des compétitions sportives au nom de l’unité militaire. La course – c’est sa véritable passion.
« J’ai été formé dans une atmosphère qui ne me permettait pas de comprendre ce qui se passait dans mon pays. Quand je suis entré dans l’école militaire, je n’avais pas réalisé qu’on m’entraînait pour asservir un autre peuple ».
Dès le début de l’invasion en Ukraine, il évitait l’envoi sur la ligne de front, ignorant les instructions et les ordres des commandants sous divers prétextes.
« Le 24 février 2022, lorsque l’invasion à grande échelle de l’Ukraine a commencé, ma vie a basculé. À ce moment, j’ai immédiatement décidé que je ne participerais d’aucune manière à ce qui avait commencé. J’ai compris que c’était un point de non-retour qui allait changer la vie de tout le pays, et la mienne aussi ».
En octobre 2022, une affaire pénale a été ouverte contre le Sportif pour non-respect des ordres et pour l’abandon non autorisé de l’unité militaire. Son commandant l’a menacé en précisant qu’il n’avait que deux options : soit partir à la guerre, soit aller en prison.
« Ce que j’ai ressenti c’était le dégoût. On voulait me forcer à aller me battre contre le peuple libre d’Ukraine. Notre liberté nous est retirée jour après jour pendant un quart de siècle, mais Poutine a voulu voler celle des Ukrainiens en trois jours. Poutine voulait me mettre dans un sac mortuaire, mais c’est l’uniforme de son armée qui finira dans un sac poubelle ».
Le Sportif a quitté la Russie et s’est réfugié au Kazakhstan quelques jours avant la fin de son procès sans attendre la décision du tribunal. Il a déserté en faisant appel à l’ONG russe « Go by the Forest » aidant les hommes russes à éviter de participer à la guerre.
Sa situation en Kazakhstan reste instable. En cas d’expulsion vers la Russie, il risque jusqu’à 10 ans de prison ou l’envoi forcé sur le front. Néanmoins, le Sportif reste optimiste.
« La pire chose qui aurait pu arriver est arrivée. Maintenant, seules de bonnes choses arriveront. Parce que je ne laisserai plus personne décider de mon destin à ma place ».
Son surnom est le Sportif parce qu’il n’abandonne jamais.
Lénine – c’est son surnom de déserteur.
Il a 34 ans. Il était mécanicien à l’usine. Il fut mobilisé dans l’armée russe.
« 2022 – c’était une année choc. L’hégémonie de Poutine est soudainement devenue très similaire à celle du Troisième Reich. J’ai toujours cru que le peuple ukrainien était un peuple fraternel. J’ai été choqué quand l’armée russe est entrée en Ukraine. Je ne pouvais pas croire que mon pays ait emprunté ce chemin ».
En septembre 2022, il a été mobilisé et affecté à l’unité militaire pour suivre une formation.
« Le deuxième coup dur a été la mobilisation. À ce moment, ma vie a été détruite. J’ai été mobilisé tout de suite après l’annonce de la mobilisation, directement sur mon lieu de travail : des commissaires sont venus et ont emmené deux personnes, dont moi, alors que je ne suis pas du tout un militaire.
Les officiers ont essayé de me convaincre qu’il y avait des ennemis en Ukraine, des nazis. Mais je savais que c’était des gens comme nous qui travaillaient, vivaient tranquillement leurs vies.
Dans l’unité militaire, j’avais le sentiment d’être dans un autre monde. Tout était formel – entraînement militaire, photographies pour la propagande, il n’y avait pas assez de munitions, certains casques et gilets pare-balles étaient transpercés portant des traces de sang. 75% des mobilisés étaient ivres et cherchaient à s’oublier. Ceux qui ne buvaient pas cherchaient des moyens de s’échapper ».
En octobre 2022, il a abandonné l’unité militaire. Lénine s’est d’abord caché sur le territoire russe pendant environ 5 mois.
Au printemps 2023, il a contacté l’ONG @gobytheforest aidant les hommes russes à éviter de participer à la guerre criminelle.
« Étant recherché à l’international, j’ai réussi à traverser la frontière de Russie vers un pays frontalier. L’essentiel est de ne pas avoir peur. Je conseille à tous ceux qui comprennent ce qui se passe de s’en fuir vers la liberté ».
En cas d’expulsion vers la Russie, Lénine risque jusqu’à 10 ans de prison ou l’envoi forcé sur le front.
Son surnom est Lénine parce qu’il inspire les gens à se révolter contre l’injustice.
Contact – c’est son surnom de déserteur.
Il a 26 ans. Il ne faisait jamais confiance aux militaires. Il fut officier de l’armée russe.
« La carrière militaire n’était pas mon choix. J’avais toujours peur de l’armée. Mais on dit qu’il faut affronter nos peurs. Mes parents ont insisté que j’entre dans l’école militaire. Ma famille n’est pas riche et n’avait pas assez d’argent pour payer mes études. Alors que dans l’armée on te nourrit, on t’habille et on te loge. Dès les premiers jours, j’ai réalisé que ce n’était pas pour moi : une vie routinière et l’irrespect total des droits humains ».
Dès son arrivée dans l’unité militaire, il a tenté de démissionner du service militaire en déposant à plusieurs reprises des rapports au commandement.
« Il s’agit d’un processus difficile et long qui peut durer plusieurs années. On a commencé à me faire du chantage pour m’empêcher de démissionner ».
En janvier 2022, il a été envoyé en Crimée pour des manœuvres militaires. Un mois plus tard, la guerre a éclaté.
« Il n’y avait pas d’ordre explicite. On nous a dit qu’il s’agissait d’un simple redéploiement. Après avoir traversé la frontière ukrainienne, j’ai demandé au commandant du bataillon : « Est-ce que nous venons d’attaquer l’Ukraine ? ». Il m’a répondu qu’il s’agissait d’une opération spéciale qui serait finie dans 10 jours. Trois jours plus tard, il a été tué.
J’étais choqué – pour moi, la guerre avec l’Ukraine était quelque chose d’impensable. J’ai de la famille en Ukraine. Je n’ai jamais cru qu’il y ait des nazis là-bas. Poutine force les Russes à combattre l’armée ukrainienne qui protège son pays, son peuple, son état.
Fin avril 2022, j’ai enfin eu accès à Internet. J’ai ouvert Twitter et j’ai appris ce qui s’est passé à Boutcha et Irpin. J’étais horrifié : il y a des règles de guerre, les civils ne doivent pas souffrir. Il était clair : cette guerre est criminelle et j’ai décidé de m’en tirer le plus vite possible ».
Contact a assuré des fonctions de communication pendant quelques mois sur le front. En août 2022, Contact a convaincu le commandement d’approuver son congé et a quitté la zone de combat.
« Dès que j’ai pu quitter le front, j’ai rédigé encore un rapport pour démissionner de l’armée. Pendant le traitement de ma demande, la mobilisation a été annoncée et la démission est devenue impossible pour les militaires russes. J’ai reçu l’ordre de retourner au front le 22 septembre. Le 21 septembre, j’ai quitté la Russie. Je ne pouvais pas revenir sur le front pour des raisons morales. Ma famille ne m’a pas soutenu, on m’a dit que j’étais un traître. J’ai donc cessé mes contacts avec eux ».
Une affaire pénale a été ouverte contre Contact en Russie pour abandon non-autorisé de l’unité militaire. En cas d’expulsion vers la Russie, il risque jusqu’à 15 ans de prison ou l’envoi forcé sur le front.
« Ma vie actuelle dans un pays étranger sans aucune perspective est bien meilleure que la guerre. Ma conscience est tranquille : je ne tuerai personne. De plus, j’essaie d’aider les autres gars à fuir de l’armée russe. Après avoir failli mourir plusieurs fois, je suis juste heureux d’être en vie ».
Contact a initié le projet anti-guerre « L’Adieu aux armes » qui accuse l’invasion en Ukraine et vise à encourager les militaires russes à refuser d’y participer et à déserter de l’armée.
Le manifeste de l’organisation dit que la guerre déclenchée par le Kremlin n’est nécessaire que pour poursuivre le pillage de la Russie par Poutine et préserver son pouvoir.
Contact participe également au projet « Point de non-retour », qui fournit de l’aide juridique et l’assistance à la recherche de travail et de logement pour les déserteurs.
« On essaie d’organiser des couloirs humanitaires vers des pays tiers pour ceux qui se trouvent dans la même situation que moi. Beaucoup d’entre eux pourraient témoigner devant le tribunal international sur les crimes militaires russes en Ukraine. Moins il y aura de gens participant à cette guerre, mieux ce sera pour l’Ukraine, le monde entier et la Russie.
Je dis à tous les hommes russes : ne signez pas de contrat militaire – c’est une menace à votre vie, santé, liberté. Ne participez pas à la guerre – ce n’est pas votre guerre ».
Son surnom est Contact parce qu’il incarne le lien vers une vie digne pour ceux qui ne veulent pas participer à la guerre criminelle en Ukraine.
Le 22 mars 2024, un terrible attentat du Crocus City Hall à Krasnogorsk près de Moscou a été organisé par l’État islamique.
Le service fédéral de sécurité russe (FSB) dont est issu Poutine et qui a été financé à outrance par des fonds budgétaires pendant les 25 dernières années, n’a pas été capable d’empêcher cet acte de terrorisme atroce.
Pourtant, le service de renseignement russe se montre très performant pour arrêter tous ceux qui déplaisent à Poutine et les poursuivre pour « terrorisme et extrémisme » pour de simples paroles ou actes anti-guerre.
Selon l’enquête du projet RE:Russia, en 2022, le nombre de personnes reconnues coupables de « terrorisme » en Russie a augmenté de 40 fois par rapport à la moyenne des années qui ont précédé le retour de Poutine au Kremlin en 2012.
L’accusation la plus utilisée est « l’apologie du terrorisme » ou « l’appel au terrorisme », et les raisons de persécutions sont souvent de simples publications sur les réseaux sociaux. Ainsi, cette lutte fictive contre le terrorisme est devenue un instrument de répression en Russie.
Lioubov Lizounova, l’adolescente de 17 ans de la ville de Tchita, a été arrêtée le 31 octobre 2022 pour son graffiti « À bas le régime ». Elle a été accusée de « l’appel au terrorisme » et a été placée en détention provisoire en avril 2024. Lioubov risque de passer son bac et toute sa jeunesse en prison.
Egor Balazeïkine, l’adolescent de 17 ans, a été condamné à six ans de prison pour « tentative d’acte terroriste » suite à deux jets de cocktails Molotov infructueux dans un bureau d’enrôlement militaire fermé. Selon Egor, par cette action il protestait contre la guerre criminelle de Poutine. Depuis l’enfance, Egor est atteint d’une hépatite auto-immune, néanmoins le tribunal l’a envoyé derrière les barreaux.
Selon le journal Novaïa Gazeta Europe, aujourd’hui, 52 mineurs figurent sur la liste de « terroristes et extrémistes » de Russie dont le plus jeune a 14 ans. Le nombre de « terroristes et extrémistes » mineurs en Russie a été multiplié par 3,5 fois au cours des dix dernières années. En 2024, 17 enfants ont été mis sur cette liste.
Valéry Zaïtsev, le plus jeune « terroriste » selon le régime poutinien. Le 17 octobre 2023, les forces de sécurité ont emmené l’adolescent directement de l’hôpital où il suivait un traitement de la tuberculose. L’arrestation a été motivée par une vidéo sur laquelle Valéry jette des cocktails Molotov sur le mur d’un bâtiment abandonné, ce qui a été qualifié comme une « formation aux activités terroristes ».
La metteuse en scène Evguénia Berkovitch et l’autrice Svetlana Petriïtchouk risquent 7 ans de prison pour « l’apologie du terrorisme » pour une pièce Finist est un vaillant faucon, racontant l’histoire de Russes recrutées sur Internet par des islamistes en Syrie, mise en scène en 2020. Le 4 mai 2023, Evguénia et Svetlana ont été arrêtées et mises en détention provisoire. Le 15 avril 2024, elles ont été ajoutées à la liste de « terroristes et extrémistes ».
669 citoyens russes ont été déclarés « terroristes » et « extrémistes » courant les trois premiers mois de 2024. Il s’agit d’un record par rapport à des périodes similaires des années précédentes, selon Novaïa Gazeta Europe.
La liste contient les noms des personnes accusées de préparation des actes terroristes, mais également celles qui ont été reconnues coupables de « l’apologie du terrorisme », « l’appel au terrorisme », « discréditation de l’armée russe » et appartenant au « mouvement LGBTQ ».
Le 1er mars 2024, le Ministère de la Justice russe a inscrit l’organisation imaginaire du « mouvement international LGBTQ » au registre des organisations extrémistes. Une semaine plus tard, la première affaire pénale pour « l’extrémisme LGBTQ » a été ouverte.
À Orenbourg, trois personnes ont été placées en détention provisoire pour « l’organisation d’une communauté extrémiste » et « la propagande des relations sexuelles non traditionnelles ». Il s’agit du propriétaire du club gay Pose, son directeur et son administratrice. Le club a été déclaré une branche de l’organisation (inexistante) du « mouvement international LGBTQ » jugée « extrémiste » en Russie.
La Fondation anti-corruption, une ONG créée par Alexeï Navalny pour lutter contre la corruption du gouvernement russe, a été désignée comme « organisation extrémiste » en juin 2021 par la justice russe.
Alexeï Navalny a été accusé d’extrémisme et n’a pas été radié de la liste de « terroristes et extrémistes » même après son assassinat.
Les Russes qui ont fait un don à la fondation de Navalny, ont partagé ses publications ou son logo, sont persécutés en Russie.
Une des dernières affaires est celle de la journaliste russe Antonina Favorskaïa qui a couvert le procès de Navalny et qui a été arrêtée pour « extrémisme ». Pendant son procès, l’huissier a interdit à Antonina de montrer un cœur avec ses mains, car il l’a jugé comme un symbole de l’extrémisme.
Nous exigeons la libération immédiate de tous les prisonniers politiques de Russie !
Le projet a été officiellement lancé cette semaine au Parlement européen de Bruxelles lors d’une conférence organisée par Reporters sans frontières à l’invitation d’Andrus Ansip, eurodéputé et avec la participation de Vera Jourova, vice-présidente de la Commission Européenne.
Svoboda est un bouquet satellitaire lancé par RSF sur l’idée du Comité Denis Diderot pour contrer la propagande massive et destructrice du Kremlin.
Membre du Comité éthique du projet, Russie-Libertés est honoré de contribuer à la lutte contre la désinformation et les fake news utilisés sans relâche par le régime poutinien pour manipuler les citoyens russes : « le Kremlin dépense des milliards d’euros pour endoctriner les Russes sur ce qu’il faut penser, comment vivre, qui tuer, qui aimer ou ne pas aimer » a affirmé dans son discours Olga Prokopieva, présidente de Russie-Libertés.
Composé de 25 chaînes radio et télé indépendantes, Svoboda apportera une information fiable et vérifiée à 4,5 millions de foyers russes.
De nombreuses personnalités publiques et politiques ont signé une pétition lancée par les forces démocratiques russes appelant la communauté internationale à déclarer Poutine illégitime après le simulacre électoral qui aura lieu en Russie le 17 mars.
Parmi les signataires sont Bernard Guetta et Raphaël Glucksmann, eurodéputés ; Marie Mendras, professeur à Sciences Po ; Geneviève Garrigos, conseillère de Paris ; Jean-Luc Romero-Michel, maire adjoint de Paris ; Ingrid Betancourt Pulecio, femme politique franco-colombienne ; Natalia Pouzyreff, députée de l’Assemblée Nationale; Anne Genetet, députée de l’Assemblée Nationale ; Constance Le Grip, deputée de l’Assemblée nationale ; Frédéric Petit, député de l’Assemblée Nationale ; Francis Fukuyama, politologue américain ; Michael McFaul, ancien ambassadeur des États-Unis en Russie et beaucoup d’autres.
Après l’assassinat d’Alexeï Navalny par Poutine, le Parlement européen a adopté une résolution qui remet également en question la légitimité de Poutine à la tête de la Russie et condamne fermement ce crime atroce.
La pétition « Poutine illégitime » fait partie de la campagne internationale de Russes en résistance intitulée « Non à Poutine et au poutinisme » qui réunit des milliers de citoyens dans le monde entier.
Poutine doit être arrêté maintenant !
“Cessons de reconnaître Poutine comme président légitime de la Russie”, tribune dans le journal Le Monde
Signée par Olga Prokopieva, Présidente de Russie-Libertés ; Sylvie Rollet, Professeure émérite des universités, présidente de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre! ; Geneviève Garrigos, Conseillère de Paris ; Olga Kokorina, Directrice de l’Espace Libertés l Reforum Space ; Véronique Nahoum-Grappe, Anthropologue française ; Nicolas Tenzer, Enseignant à Sciences Po, senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) ; Pierre Raiman, Co-fondateur de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ! ; Cécile Vaissié, Professeure des universités en études russes et soviétiques ; Antoine Arjakovsky, Administrateur de la Plateforme de la mémoire et de la conscience européenne ; Michel Eltchaninoff, essayiste
Le 21 février, une conférence majeure intitulée “L’ÉTAT D’ESPRIT DE LA SOCIÉTÉ RUSSE À LA VEILLE DES “NON-ÉLECTIONS” s’est tenue à Paris, réunissant des experts et des activistes pour discuter des défis politiques et sociaux en Russie. Organisée dans le cadre de la campagne “Non à Poutine et au poutinisme”, cette rencontre a offert une plateforme cruciale pour analyser la situation complexe dans le pays et mener une réflexion sur la société russe.
Nous sommes fiers d’avoir accueilli dans le cadre de cet événement l’avocate d’Alexeï Navalny, Olga Mikhaïlova, qui a prononcé un discours poignant. Sa présence a ajouté une dimension importante à nos discussions, soulignant l’importance de la défense des droits de l’homme et de la lutte contre l’oppression en Russie.
Photo par Nikita Mouraviev
“La Russie sera libre, heureuse, magnifique et, surtout, paisible – c’est ce qu’Alexeï Navalny a toujours dit. Et Alexeï disait toujours la vérité.”
– Olga Mikhaïlova
Olga Mikhaïlova, avocate d’Alexeï Navalny. Photo par Nikita Mouraviev
Natalia Pouzyreff, députée de l’Assemblée nationale, s’est également exprimée à l’ouverture de la conférence pour souligner son soutien à l’opposition russe et sa solidarité avec le mouvement anti-guerre russe.
« Nous allons donner des coups de boutoir au régime de Poutine ».
Nathalia Pouzyref
Nathalia Pouzyreff, députée. Photo par Nikita MouravievPhoto par Nikita Mouraviev
La partie principale de la conférence a été consacrée aux interventions de trois conférencières invitées, qui ont abordé différents problèmes de la Russie contemporaine dans le contexte de la période “pré-électorale” avec un focus sur les candidats anti-guerre, la perception par les Russes de l’agression militaire contre l’Ukraine et de l’assassinat récent d’Alexeï Navalny.
Anna Colin-Lebedev. Photo par Nikita Mouraviev
« La société russe en ce moment est comme une cocotte-minute sans soupape – on ne laisse pas la vapeur sortir – le mécontentement grandissant reste sous le couvercle. Les conséquences ne sont pas visibles maintenant mais cela va avoir un gros impact dans l’avenir ».
Anna Colin-Lebedev
Anna Colin-Lebedev, spécialiste des sociétés post-soviétiques à l’université Paris Nanterre, a partagé ses recherches sur les conflits armés, les combattants, la protestation et l’action collective en Russie. Elle souligne l’importance de comprendre les spécificités culturelles, historiques et politiques de chaque pays dans l’analyse des mouvements sociaux. Sa vision enrichit le débat et encourage une compréhension approfondie des événements dans la région.
Aleksandra Garmazhapova. Photo par Nikita Mouraviev
« Alexeï Navalny a fait un grand travail sur lui-même. Nous devons respecter la mémoire de cet homme, car Navalny était un vrai patriote de son pays. Cependant, on ne doit pas s’attendre à ce que quelqu’un sauve la Russie – c’est à nous de faire de la Russie une réelle fédération démocratique ».
Aleksandra Garmazhapova
Aleksandra Garmazhapova, journaliste et fondatrice de la fondation “Bouriatie Libre”, a souligné que la Bouriatie a subi une mobilisation à grande échelle de sa population qui habitant dans des conditions d’extrême pauvreté y ont vu une possibilité de couvrir leurs dettes. Son discours a mis en lumière l’importance de reconnaître les voix et les expériences des minorités ethniques dans ce contexte, soulignant l’urgence d’une fédéralisation réelle de la Russie.
« Le phénomène du candidat anti-guerre : en seulement 3 semaines de campagne de Boris Nadejdine, pour la première fois en un an, le nombre de personnes prêtes à soutenir le retrait des troupes a augmenté ».
Elena Koneva
Elena Koneva, experte en recherches sociologiques et fondatrice de l’agence ExtremeScan a présenté les résultats de ses recherches sociologiques menées pendant la période “pré-électorale” en Russie. L’étude menée par Elena Koneva a révélé les attitudes des citoyens russes à l’égard du nouveau candidat anti-guerre Boris Nadezhdine, ainsi que de l’opposition dans son ensemble.