Le dernier mot de l’avocat Dmitri Talantov

Le dernier mot de l’avocat Dmitri Talantov, condamné à 7 ans de prison pour quelques messages anti-guerre sur sa page Facebook personnelle.

Dmitry Talantov est avocat. Au moment de son arrestation, il était président de la Chambre des avocats d’Oudmourtie et défenseur du journaliste Ivan Safronov, condamné à 22 ans de prison pour « haute trahison » dans une affaire fabriquée. Au cours de cette affaire, le FSB a menacé Talantov. C’est à la défense de Safronov que les collègues de l’avocat associent sa persécution.

« Votre Honneur, lors de ma dernière parole, je souhaiterais m’exprimer sur l’amour et la haine. Le procureur a exigé pour moi une peine de 12 ans de prison pour quelques mots sur Internet. Il s’agit d’un prix très élevé. En plus, quand j’aurai purgé ces 12 ans, je serai privé du droit d’occuper des postes dirigeants dans jurisprudence pendant encore quatre ans.

Il me semble que cette dernière sentence soit clairement inutile. En Russie, les gens ne vivent pas si longtemps, surtout en prison et surtout avec ma santé. Aujourd’hui j’ai 64 ans et il est difficile d’imaginer que je pourrai quitter la prison vivant à 80 ans, et que j’aurai encore la possibilité d’exercer ma profession d’avocat.

Donc, je pense que cette dernière sentence était juste une plaisanterie de la part du procureur. Quant à la peine de 12 ans de prison, il serait plus simple de parler de « réclusion à perpétuité » ou de « peine de mort ». C’est selon le goût de chacun.

Je n’essaie pas de vous effrayer. Je pense parfois qu’aujourd’hui cela ne fait pas si peur de mourir, ce qui fait vraiment peur – c’est de vivre. Mais il faut vivre, j’en suis sûr, il faut absolument vivre.

Le métier d’avocat de la défense, auquel j’ai consacré toute ma vie, m’a appris que pour avoir une punition il faut d’abord commettre un crime ou au moins créer la fausse croyance de la culpabilité de l’accusé. Et il m’est absolument impossible d’imaginer que quelqu’un puisse tomber dans le piège d’une telle croyance à mon égard.

Cela me paraît tout à fait incroyable, puisque je suis accusé d’incitation à la haine et à l’hostilité envers l’armée russe. Bien et mal, haine et compassion, ce sont des valeurs trop différentes pour simplement les confondre. Cela n’arrive jamais.

En général, je pense que la capacité à distinguer le bien du mal est la seule chose qui soit donnée à une personne de manière innée. Tout le reste est généré par l’expérience humaine personnelle, au cours de sa vie. Tout le reste nécessite une expérience réelle. Mais distinguer le bien du mal c’est le don originel. Originel ne veut pas dire gratuit. En acceptant ce don, vous pourriez vous retrouver dans une situation complètement différente de celle que vous souhaiteriez. C’est à peu près ce qui m’est arrivé.

Que puis-je dire à ce sujet ? En fin de compte, c’est aussi une question de choix moral. On me dit que j’ai écrit ces quelques mots (mes messages sur les réseaux sociaux) par haine. Quel grand sentiment de haine cela doit être pour pousser un homme non pas à tuer, mais à aller en prison par compassion pour le mourant ? Bien sûr, je ne pouvais pas ignorer que tout cela pourrait se terminer pour moi comme cela s’est terminé.

Il était une fois, je regardais un très bon film où le curé dit à son paroissien : « Ne penses-tu pas que lorsqu’une personne s’est pardonnée, cela signifie que le Seigneur lui a aussi pardonné ». J’ai vécu assez longtemps, j’ai commis beaucoup d’erreurs et il m’est vraiment difficile de me pardonner pour toutes ces erreurs. Mais je pense que le Seigneur ou la conscience humaine, ce qui est probablement la même chose, met une personne dans la situation qui est la mienne pas tant « à cause de » que « dans le but de ».

Je pense même que, très probablement, cette causalité n’existe pas dans la vie. Le Seigneur est assez miséricordieux. Non, c’est simple : le Seigneur est miséricordieux, le Seigneur n’est pas vengeur.

Donc, cela signifie « dans le but de » !

Cela fait maintenant deux ans et demi que je suis en prison. Je suis en cellule d’isolement depuis deux ans, dans une cellule médiévale pitoyable, où les seules commodités de la civilisation sont des toilettes et un lavabo avec de l’eau qui coule sans arrêt. De plus, il y a des trous dans le mur au-dessus de la porte, un haut-parleur y est monté pour diffuser les mêmes instructions d’utilisation de masque à gaz qui sont lues en boucle par un acteur à une voix trop enthousiaste. Cependant, dans mon cas, on peut en parler au passé, puisque j’ai réussi à persuader mes gardiens d’éteindre le haut-parleur. Parfois, la miséricorde frappe leurs cœurs durs. Ils l’ont fait, ils ont éteint le haut-parleur, je suis maintenant dans le silence.

L’hymne national retentit à 22 heures. Je m’allonge sur mon… comment puis-je appelé cela… officiellement c’est une couchette (en fait une planche). Je m’allonge sur ma planche, je ferme les yeux et j’essaie de dormir. Parfois, j’arrive à m’endormir pour deux à trois heures maximums. C’est comme ça depuis deux ans.

À six heures du matin, l’hymne retentit à nouveau. Je dois me lever et faire le lit rapidement. En fait, les jours et les nuits dans ma cellule d’isolement ne sont pas très différents pour moi. Il s’agit d’une sorte de flux continu et très monotone de conscience et de pensées. Les pensées sont comme les rêves, les rêves sont comme les pensées, 24 heures sur 24, depuis deux ans et demi.

Vous ne pouvez échapper à ces pensées nulle part. Ces pensées qui tournent en rond, peut-être une ou deux pensées, elles vous tuent. En général le temps tue, mais dans la cellule d’isolement, on ne le ressent plus comme un concept, mais comme un processus purement physique.

C’est un processus physique. Brodsky (poète russe, exilé, prix Nobel de la littérature) a dit un jour que « la prison c’est un manque d’espace compensé par un excès de temps ». Autrefois cette phrase ne m’était pas tout à fait claire. Je ne l’ai pas comprise. Je suis sûr que personne ne le comprend pleinement, car dans ce cas, ce n’est pas le manque d’espace qui fait peur, mais l’excès de temps. C’est le temps où vous souffrez et le temps qui vous tue. Chaque minute tue, et chaque minute, là-bas, équivaut à une heure.

C’est sûr. Cet excès de temps est ressenti comme une progression géométrique. Parfois, je me demande : qu’en est-il pour des autres détenus dans ce centre de détention, est-ce aussi dur pour eux que pour moi ? Ou ce n’est pas aussi difficile ? Je veux dire pour ces « autres » qui ont réellement commis un crime de droit commun – meurtre, viol, vol. Est-ce plus facile ou plus difficile pour eux ? Je parle de gens qui savent « pourquoi » ils sont en prison.

C’est ainsi que se passe la journée. Mais parfois, des choses extraordinaires se produisent, comme lorsqu’on vous crie soudainement d’une voix effrayante : levez-vous ! Contre le mur ! Les mains derrière le dos ! « Se lever » signifie qu’intervient soit l’un des adjoints du procureur, soit un membre de la commission de surveillance publique, soit le commissaire aux droits de l’homme. À part ces « divertissements », tout est routine.

Mais il y a un moment particulier dans ce marathon quotidien de 24 heures. Il est 21 heures. Mon haut-parleur était éteint à ma demande. Une porte en fer mène au couloir. Devant la porte en fer se trouve une cage en fer. Si vous vous approchez très près et posez votre oreille contre cette cage de fer, vous pouvez entendre ce que diffusent les haut-parleurs des autres cellules.

Pourquoi je parle de 21 heures ? Le journal d’actualités commence à cette heure. Et ces actualités sont diffusées dans l’émission « Soloviev Live » (une chaine de propagande virulente et féroce, agressive et provocatrice). Il y a trois ans, je n’aurais jamais cru que j’écouterais attentivement « Soloviev Live » tous les soirs pendant cinq minutes mais je le fais.

En fait, ce que j’attends, c’est l’annonce de la paix. Mais il n’y en a pas.

Et tout récemment, j’ai entendu dire que l’essence de ce qui se passe est l’établissement d’un « nouvel ordre mondial plus juste » dans lequel les « intérêts de la majorité mondiale » seront pris en compte et garantis. Eh bien, oui, le monde s’effondre sous tous ses aspects, mais je ne sais tout simplement pas ce qu’est ce « nouvel ordre mondial plus juste ». Je ne sais pas quels sont « les intérêts de la majorité mondiale ».

Moi, je comprends le héros de Dostoïevski, Ivan Karamazov, qui disait qu’il refusait d’accepter l’harmonie supérieure la plus universelle et la plus parfaite si elle était rachetée par une seule larme d’un seul enfant torturé, et qu’il rend respectueusement le « ticket » vers une telle harmonie. Il me suffit pour être en accord avec le héros de Dostoïevski de repenser à la photo d’une fillette aux jambes arrachées, qui figurait dans mon dossier judiciaire.

Je ne crois à aucune harmonie, à aucun ordre mondial fondé sur de telles souffrances. Je n’y crois pas.

Vous savez, je suis sûr que ce que je ressens ne s’appelle pas de la haine. Ce n’est pas de la haine. Votre Honneur, cher Denis Alexandrovitch, personne ne peut entrer en cellule d’isolement, y passer deux ans et demi et rester le même. Quelque chose a définitivement changé en moi. Je pense que j’ai me suis débarrassé de beaucoup de choses inutiles. Probablement, je suis à un pas ou un demi pas plus près de ce pardon évoqué par le curé dans le film dont j’avais parlé.

Nous devons vivre. Il semble que ce soit Goethe qui ait dit : « Celui qui connaît le « pourquoi » peut supporter presque n’importe quel « comment ». Je sais « pourquoi ». Cette fillette sur la photo sourit. Son sourire reste pour moi une source de force et d’amour.

Maintenant le dernier et peut-être le plus important. Le dernier mot implique souvent de demander pardon. Moi aussi, je veux demander pardon.

Poussée par l’une ou l’autre forme de compassion, l’une ou l’autre nécessité urgente, une personne commet un acte. Parfois, il s’agit d’un acte tout à fait humain, mais quelqu’un d’autre doit payer pour cet acte. Celui qui aime cette personne. C’est pourquoi mon dernier mot s’adresse à ma femme.

Olga, pardonne-moi. Je t’aime.

Si c’est une exagération émotionnelle, alors je dirai ceci : Olga, si jamais tu es condamnée à 12 ans de prison pour quelque chose, je t’attendrai. Ne sois pas triste.

Merci ».

Traduction par Alena Nevsky

Aidons l’Ukraine ensemble !

Russie-Libertés soutient la collecte lancée par le Comité anti-guerre de Russie dont l’objectif est d’acheter des générateurs portables pour des écoles et des hôpitaux ukrainiens.

Votre soutien est nécessaire pour aider l’Ukraine à survivre à l’hiver cette année.

Vous pouvez contribuer via ce lien.

Merci à toutes et à tous !

La Russie de 2024 en chiffres

La Russie est devenue une dictature de guerre. Les répressions ont atteint un tel niveau qu’exprimer son opposition au régime, même de manière minime, est devenu un acte de résistance. Chaque mot, chaque geste peut vous mener directement en prison pour de longues années.

Qu’il s’agisse d’un piquet solitaire, d’un graffiti, d’une affiche ou d’une action de soutien juridique aux prisonniers politiques, aux civils ukrainiens emprisonnés, ou aux déserteurs russes, tout est minutieusement surveillé par la machine répressive du Kremlin. Pour la Journée internationale des droits de l’Homme, on a recueilli des données récentes sur les répressions du régime de Poutine.

Le média Proekt estime que 116 000 personnes ont été victimes de répressions en Russie entre 2018 et 2023.

Selon OVD-Info, la Russie compte aujourd’hui 1 407 prisonniers politiques. Derrière les barreaux, ces prisonniers subissent des traitements particulièrement durs, inhumains, dégradants et humiliants. Privés d’accès aux soins médicaux et souvent maintenus en isolement total, ils continuent pourtant, malgré ces conditions insoutenables, à élever la voix contre la guerre et le régime.

Parmi eux se trouve Alexeï Gorinov, qui a courageusement dénoncé la guerre d’invasion menée par la Russie en Ukraine. Déjà condamné en 2022 à 7 ans de prison pour « diffusion de fausses informations sur la guerre », il a récemment été condamné à 3 années supplémentaires pour « apologie du terrorisme », en raison de conversations tenues avec des codétenus à l’hôpital de la prison.

Voici ses mots, prononcés lors de sa dernière déclaration devant le tribunal militaire de Moscou, le 29 novembre 2024 :

« Ma culpabilité réside dans le fait qu’en tant que citoyen de mon pays, j’ai permis cette guerre, je n’ai pas réussi à l’arrêter. Et je demande à ce que cela soit pris en compte dans le verdict. Mais je voudrais que ma culpabilité et ma responsabilité soient également partagées avec les organisateurs, les participants, les partisans de la guerre, ainsi qu’avec ceux qui persécutent ceux qui prônent la paix.

Je continue de vivre avec l’espoir qu’un jour cela se réalisera. En attendant, je demande pardon au peuple ukrainien et à mes concitoyens qui ont souffert à cause de la guerre ».

Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU et la situation en Russie

En octobre dernier, lors du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, la Rapporteure spéciale sur la situation des droits humains en Russie, Mariana Katzarova, a présenté un rapport accablant sur l’état des droits de l’Homme dans la Fédération de Russie.

Nous en publions les principaux constats :

  • Une accélération de la répression : La dégradation des droits humains en Russie, déjà en cours depuis 20 ans, s’est aggravée de manière dramatique depuis le début de la guerre contre l’Ukraine. Toute forme d’action civique ou d’opposition politique est désormais quasiment impossible.
  • Législations répressives : Des lois condamnant toute critique de la guerre, comme la soi-disant « discréditation de l’armée », et des catégories floues telles que « agents de l’étranger », « organisations indésirables » ou « éléments terroristes » sont utilisées pour poursuivre des milliers de personnes. Ces lois reposent sur des définitions vagues et des interprétations arbitraires, aboutissant à des procès à huis clos et à des peines sévères.
  • Prisonniers utilisés comme monnaie d’échange : La libération ponctuelle de certains prisonniers, bien que bienvenue, révèle une méthode cynique des autorités : fabriquer des accusations pour prendre des otages en vue d’organiser des échanges.
  • Un système de répression organisé : La violation des droits humains est désormais institutionnalisée, soutenue par des lois servant à éliminer la société civile, réduire au silence les voix dissidentes et annihiler l’opposition politique.
  • Un climat d’impunité : L’absence d’institutions indépendantes et l’impunité des auteurs de répressions renforcent un État de non-droit.
  • Criminalisation des opinions dissidentes : Les critiques de la guerre et les positions divergentes sont systématiquement réprimées par des arrestations arbitraires, des violences et des détentions abusives. Des milliers d’Ukrainiens, civils et militaires, sont également détenus en Russie dans des conditions souvent inhumaines.
  • Persécutions massives : Les défenseurs des droits humains, journalistes et figures politiques sont la cible d’arrestations massives, avec des conditions de détention aggravées, des cas de torture, des isolements prolongés et même des décès en détention.
  • Une stratégie de contrôle total : La rapporteure souligne que ces violations font partie d’une stratégie délibérée visant à contrôler tous les aspects de la vie publique et privée et à étouffer toute critique de la politique agressive du Kremlin, y compris ses guerres.
  • Poutine au pouvoir jusqu’en 2030 : La modification constitutionnelle de 2020, permettant à Vladimir Poutine de briguer un cinquième mandat, ainsi que la censure des médias, les arrestations d’opposants et les restrictions des libertés civiles, ont consolidé son régime jusqu’en 2030, voire au-delà.
  • Vulnérabilité accrue des minorités : Les discriminations fondées sur le genre, l’orientation sexuelle, la religion ou l’origine ethnique sont en hausse. La situation est particulièrement grave dans le Caucase du Nord, où les minorités subissent une répression accrue.
  • Attaques contre les défenseurs des droits humains : Les avocats spécialisés en droits humains font face à des pressions, des poursuites judiciaires et des menaces croissantes.
  • Silence sur la mort d’Alexeï Navalny : L’absence d’enquête indépendante sur la mort en prison d’Alexeï Navalny, arrêté arbitrairement et soumis à des conditions équivalant à de la torture, est particulièrement préoccupante.
  • Escalade en Ukraine : La guerre s’intensifie, notamment avec les « opérations anti-terroristes » déclarées en août dernier après une incursion ukrainienne dans la région de Koursk. Ces opérations donnent des pouvoirs excessifs aux forces de sécurité, rappelant les abus commis lors des guerres en Tchétchénie.

Recommandations du rapport

Face à ces constats, la rapporteure appelle :

  1. Les autorités russes à :
    • Coopérer avec les instances de l’ONU et engager des réformes fondamentales.
    • Mettre fin aux poursuites abusives et libérer tous les prisonniers politiques, notamment Alexeï Gorinov, Igor Baryshnikov, Evgenia Berkovich et bien d’autres.
    • Abroger les lois répressives, telles que celles sur les « agents de l’étranger » et les « organisations indésirables », ainsi que les restrictions sur Internet.
    • Réviser les législations sur le contre-terrorisme et l’extrémisme pour éliminer les abus.
    • Garantir les droits et la sécurité des objecteurs de conscience, des femmes, des minorités ethniques, et des personnes LGBTQ+, tout en luttant contre les crimes de haine et les discours xénophobes.
  2. La communauté internationale à :
    • Soutenir les recommandations du rapport.
    • Adopter des mesures concrètes pour protéger les dissidents russes et les défenseurs des droits humains, notamment par des dispositifs d’asile et de protection renforcés.

Un rapport sans la coopération de la Russie

Enfin, il est important de noter que ce rapport a été élaboré sans aucune collaboration de la Russie, en violation de ses engagements internationaux.

Sources :

https://reliefweb.int/report/russian-federation/situation-human-rights-russian-federation-report-special-rapporteur-situation-human-rights-russian-federation-ahrc5759-advance-edited-versionunofficial-russian-version-enru

https://www.proekt.media/guide/repressii-v-rossii/
https://zona.media/article/2024/11/19/war
https://antiwar.ovd.info
https://ovd.info/politpressing
https://dept.one/story/samye-yunye-politzaklyuchennye/

Forum Russie-Libertés 2024

RESULTATS DU FORUM RUSSIE-LIBERTÉS 2024: LA RESISTANCE ANTI-GUERRE CONTINUE

Du 19 au 21 octobre s’est tenu le Forum Russie-Libertés, rendez-vous parisien annuel consacré à l’opposition et à la société civile russes, ainsi qu’à la résistance contre la guerre en Ukraine et les répressions en Russie.

Cet événement marquant a réuni 30 intervenants et 250 participants autour de 5 tables rondes. En parallèle des sessions publiques, des ateliers de travail ont été organisés pour des militants venus du monde entier. Du Canada à la Russie, ils étaient près de 40 représentants des mouvements anti-guerre et pro-démocratie russes de notre vaste coalition internationale. Les ateliers ont permis de construire un plan d’actions pour l’année à venir et d’échanger des pratiques.

Le Forum a été ouvert par Natalia Pouzyreff, députée de l’Assemblée nationale française et présidente du comité France-Russie.

“Nous voulons continuer à œuvrer pour les droits humains et pour les activistes en Russie. Nous gardons espoir qu’un jour la Russie soit libre, et je vous souhaite beaucoup de succès”, Natalia Pouzyreff.

La première table ronde a porté sur l’état de l’opposition et de la société civile russe après plus de deux ans et demi de guerre.

“L’opposition et la société civile sont interdites par la dictature fasciste en Russie. La priorité est d’organiser la résistance à Poutine. Cette résistance possède de bons leaders, mais il est crucial de renforcer l’aspect régional et d’adopter une approche systémique”, a déclaré Maxime Reznik, membre du Comité Anti-guerre.

Photos par Nikita Mouraviev

Tous les intervenants ont souligné l’ampleur des répressions en Russie, qui se sont intensifiées avant même la guerre d’invasion en Ukraine , et ont appelé la communauté internationale à agir pour libérer les prisonniers politique

Photos par Denis Galitsyn

Dimitri Nizovtsev a insisté sur l’importance des médias en exil, comme la chaîne YouTube Politique Populaire, qui continuent d’influencer l’opinion publique en Russie. 

Le sujet de la décolonisation a également été évoqué, mettant en avant la nécessité de démanteler les structures hiérarchiques, y compris culturelles, qui oppriment les peuples autochtones.

REPLAY DE LA TABLE RONDE 1 SUR L’OPPOSITION ET LA SOCIETE CIVILE RUSSES : RU / FR

Un moment fort de la première journée a été le discours d’Ilia Iachine, éminent opposant russe et ancien prisonnier politique, récemment libéré lors d’un échange entre la Russie et plusieurs pays occidentaux.

“La guerre en Ukraine a créé un trou dans nos cœurs, un choc. En premier lieu pour les Ukrainiens, mais aussi pour de nombreux Bélarusses, Russes et aussi Français. Cette guerre nous concerne tous et nous avons commencé à organiser la résistance dès 2014. Il faut soutenir la résistance en Russie et rendre le changement désirable pour les Russes, car le changement viendra de l’intérieur. Les répressions en Russie, ce n’est pas un signe de la force de Poutine, c’est au contraire un signe de sa faiblesse. Poutine est un lâche, car un leader fort va aux élections justes et les gagne, un leader fort ne tue pas et n’empoisonne pas ses opposants. Pour la victoire, nous devons comprendre notre propre force et nous consolider”, a exhorté Ilia Iachine.

REPLAY DISCOURS ILIA IACHINE : RU / FR

La première journée a aussi comporté deux discussions sur les conséquences du poutinisme sur les enfants et les personnes LGBTQ+. 

Le témoignage des intervenants a mis en lumière la volonté du régime de Poutine de s’approprier et d’endoctriner les enfants ukrainiens, dans le cadre d’une politique délibérée de déportation et de “russification”. Cette pratique constitue un crime grave à potentialité génocidaire au regard du droit international. Russie-Libertés ensemble avec l’association Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ! a mené une enquête sur les coupables de ce réseau de déportation. Gabriel Sebbah, avocat au cabinet Vigo, a présenté une communication à ce sujet, remise à la Cour Pénale Internationale.

Photos par Denis Galitsyn

L’anthropologue Alexandra Arkhipova a alerté sur la militarisation des enfants en Russie, visant à créer une jeunesse loyale envers l’État et son idéologie :

“Le régime de Poutine essaie de créer un futur idéal qui ressemble au passé soviétique, en effaçant toute forme d’opposition et de pensée critique chez les enfants”, Aleksandra Arkhipova.

Elle a souligné les effets pervers de cette entreprise de contrôle et d’endoctrinement des jeunes générations, qui fragilise les liens de confiance au sein de la société russe.

REPLAY DE LA DISCUSSION SAVE CHILDREN FROM PUTINISM : RU / FR

Jean-Marc Berthon, Ambassadeur pour les Droits des personnes LGBTQ+ au Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, a souligné les efforts diplomatiques pour accueillir les exilés LGBTQ+ russes en France. Il a signalé que la question des LGBTQ+ est devenue un outil de propagande du Kremlin, entraînant un retour à la pénalisation et à la discrimination d’État. Yan Dvorkin, directeur du centre T et Evi Chaika d’Equal PostOst, ont noté que la situation est particulièrement préoccupante pour les personnes transgenres, qui n’ont plus accès à des soins médicaux et subissent des discriminations systémiques dans l’éducation et l’emploi. L’accent était mis sur l’importance de l’union entre les associations LGBTQ+ et les ONG des droits humains pour promouvoir un véritable État de droit en Russie. Enfin, les participants ont remercié la France pour son soutien dans l’obtention de visas humanitaires pour les personnes LGBTQ+ persécutées.

REPLAY DISCUSSION LES PERSONNES LGBTQ+ VICTIMES DU REGIME RUSSE : RU / FR

Le deuxième jour du forum a été consacré à l’influence du régime russe en France et en Europe, ainsi qu’à la convergence des luttes internationales.

Constance Le Grip, députée et rapporteure de la commission d’enquête sur les ingérences russes, a présenté les conclusions de l’enquête. Selon celle-ci, la France est particulièrement vulnérable face à ces ingérences, en partie à cause du recrutement d’élites, notamment au sein du Rassemblement National, qui entretient des liens avec la Russie. La commission a également identifié une “guerre informationnelle” sur les plateformes numériques, renforcée par des cyberattaques et du recrutement.

“Le régime russe est la principale menace pour les démocraties occidentales.” Constance Le Grip

Les intervenants ont alerté sur les méthodes criminelles employées par le Kremlin dans le domaine informationnel. David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS, a noté que “les réseaux sociaux par leur construction sont défaillants, ils génèrent plus d’hostilité et favorisent la polarisation des opinions.” Il a rappelé que pendant les élections européennes et législatives françaises, des milliers de publicités russes ont touché des millions d’Européens, visant à dénigrer les gouvernements en place et à favoriser des partis comme le Rassemblement National. De plus, les plateformes déploient de faux comptes et de l’intelligence artificielle pour donner l’illusion d’un soutien populaire à certaines causes, influençant ainsi les scrutins.

“Les plateformes se rendent complices des méthodes criminelles utilisées par le Kremlin,” a déclaré Antoine Bernard, directeur de plaidoyer de Reporters Sans Frontières.

Photos par Nikita Mouraviev

“Ce qui manque aujourd’hui, c’est une détermination, une volonté politique, pour enfin tordre le poignet de ces plateformes qui sont en train de détruire notre démocratie”, a ajouté Rudy Reichstadt, politologue.

REPLAY TABLE-RONDE 2 SUR LES INGERENCES ET LA DESINFORMATION MENÉS PAR LE KREMLIN: RU / FR

La discussion sur la convergence des luttes a souligné l’importance d’unir les forces de la société civile à l’échelle mondiale. Des intervenants de différents pays ont envisagé la création d’espaces de dialogue et d’actions communes.

Photos par Denis Galitsyn

“Après cette discussion, nous pensons à créer un forum mondial pour une alliance entre nos luttes, pour parler d’une seule voix”, a proposé Chirinne Ardakani, avocate d’origine iranienne.

Sergey Lagodinsky, membre du Parlement Européen, a encouragé à voir les immigrés et réfugiés comme des acteurs du changement, à ne pas les considérer uniquement comme des victimes :

“Aider les immigrés et les réfugiés – n’est pas juste notre devoir éthique et moral. Il faut aussi investir politiquement sur ces gens-là.” Sergey Lagodinsky.

REPLAY TABLE-RONDE 3 SUR LA CONVERGENCE DES LUTTES : RU / FR

Enfin, le forum a proposé des projections de projets tels que « L’Adieu aux armes », créé par des déserteurs russes (lien), et “Save children from putinism” de Free Russians Global (lien). Margarita Rybina a présenté son projet documentaire féministe et anti-guerre, “Et Dieu… créa la Femme en résistance” (bientôt disponible sur notre page YouTube). La clôture a été marquée par la performance poignante de la comédienne ukrainienne Julia Loboda (lien).

Un immense merci à l’ensemble de nos intervenants et à nos partenaires : en particulier à la Mairie de Paris et à la Mairie Paris Centre, ainsi qu’à l’Institut Français, au Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, à Amnesty International France, à Free Russia Foundation, et à notre Espace Libertés | Reforum Space Paris.

Nous adressons également nos remerciements à : Mémorial France, l’Institut Andreï Sakharov, Reporters Sans Frontières, la Plateforme des initiatives citoyennes et anti-guerre, Rusos Libres España, Voice of Free Russia et Free Russians Global. Votre engagement est essentiel pour la réussite de ce forum !

Julia Loboda
Photos par Nikita Mouraviev

Ilia Iachine s’est vu remettre la Citoyenneté d’Honneur de la Ville de Paris à l’occasion d’une cérémonie qui s’est tenue le lundi 21 octobre à l’Hôtel de Ville de Paris, présidée par Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la Maire de Paris, en charge des Droits Humains, de l’Intégration et de la Lutte Contre les Discriminations.

Photos par Denis Galitsyn

Nous remercions chaleureusement la Maire de Paris, Madame Anne Hidalgo, et Monsieur Jean-Luc Romero-Michel pour cette distinction qui honore toutes les personnes de Russie œuvrant pour les libertés fondamentales et qui constitue un soutien fort à l’ensemble des prisonniers politiques.

Photos par Denis Galitsyn

RETOUR EN IMAGES SUR LE FORUM RUSSIE-LIBERTES 2024

Conférence sur la déportation des enfants ukrainiens par le Kremlin : 35 mandats d’arrêt demandés à la CPI

Le 25 septembre, l’association Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre, l’association Russie-Libertés et les avocats ont présenté une enquête sur l’organisation de la déportation d’enfants ukrainiens par le Kremlin. L’enquête révèle l’implication de plusieurs cadres du parti « Russie Unie » qui a organisé, orchestré et préparé la déportation et la russification massive d’enfants ukrainiens.

« La déportation des enfants fait partie d’un schéma génocidaire global » a déploré Oleksandra Matviïtchouk, dirigeante de l’ONG Center for Civil Liberties. Selon Oleksandra, depuis 10 ans, les autorités russes poursuivent une politique systématique visant à détruire le patrimoine culturel de l’Ukraine et à éradiquer les Ukrainiens en tant que groupe national. Au cœur de cette stratégie génocidaire se trouvent les enfants, car, en les déportant, la Russie cherche à les rééduquer pour leur inculquer une identité russe, effaçant ainsi leurs racines ukrainiennes.

Le dossier présenté est sans équivoque « les preuves sont là et si l’on veut véritablement lutter contre l’impunité, il faut que celles et ceux qui sont chargés de cette politique et l’animent commencent à avoir peur » a affirmé Emmanuel Daoud, avocat en charge du dossier.

Selon les estimations, plusieurs centaines de milliers de mineurs ukrainiens auraient été déplacés vers la Russie. Bertrand Lambolez, coordinateur de l’association « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ! », et Vira Yastrebova, dirigeante de l’ONG ukrainienne Eastern Human Rights Group, ont présenté les conclusions de l’enquête qui démontre comment le parti « Russie Unie » orchestre minutieusement le transfert d’enfants depuis les territoires occupés. Le parti, directement subordonné à l’administration présidentielle, mobilise l’ensemble de ses ressources pour faciliter ces déportations. Cela inclut la planification et la coordination des opérations, ainsi que la création de mouvements de volontaires tels que « Molodaya Gavrdiya » (Jeune garde en russe), qui jouent un rôle essentiel dans ce processus.

L’enquête met également en lumière le rôle de 35 personnalités politiques russes, notamment Andreï Tourtchak, Andreï Vorobyov et Igor Kastyukevitch, tous membres du parti « Russie Unie », qui, sous couvert de missions « humanitaires », participent activement à la déportation d’enfants ukrainiens vers la Russie.

Ainsi, les enfants des territoires occupés sont envoyés sous divers prétextes vers des « camps de vacances », où ils subissent une « éducation » militaro-patriotique intensive, en vue de leur enrôlement futur dans l’armée russe et certains des enfants reçoivent des passeports russes.

Les plus jeunes d’entre eux et les bébés sont parfois adoptés ou non-rendus à leurs parents.

La Crimée sert de plaque tournante lors du transfert des enfants. Des rotations entre camps permettent de soustraire ces mineurs aux recherches menées par leurs parents ou par les ONG.

Le Bélarusse joue également un rôle dans ce processus de déportation, notamment avec le concours de la Croix Rouge bélarusse.

Une désinformation grotesque met en scène ces opérations de déportation. Comme celle de l’Église du Calvaire de Kherson, où se cachaient 58 enfants et que l’appareil de propagande russe a présenté comme une opération de sauvetage d’enfants d’un trafic d’organes qui aurait été organisé par « des compagnies paramilitaires britanniques payées par Coca-Cola ».

Ainsi, ensemble avec Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre, nous demandons à la Cour pénale internationale que des mandats d’arrêt soient émis contre l’ensemble des personnes identifiées par notre enquête, afin d’être poursuivies en justice pour l’organisation de la déportation et la russification d’enfants ukrainiens.

Nous insistons également sur la nécessité de requalifier ces actions de crimes de guerre en génocide, compte tenu de l’intention manifeste de détruire l’identité ukrainienne chez ces enfants.

Programme du Forum Russie-Libertés 2024 : La Résistance anti-guerre continue

Nous avons le plaisir de vous inviter au Forum annuel de Russie-Libertés, qui se tiendra les 19 et 20 octobre à Paris.

Le Forum de notre association vise à attirer l’attention du public français et européen sur la nécessité de prendre des mesures supplémentaires pour soutenir la société civile russe et lutter contre la guerre d’invasion menée par le Kremlin en Ukraine. Le programme du forum comprend des discussions sur la situation des droits humains en Russie, de la résistance anti-guerre et démocratique, ainsi que sur le danger du poutinisme pour le monde entier.

Les participants au forum pourront également assister à un programme culturel dédié à l’art et aux projets anti-guerre.

Le forum se tient avec le soutien de la Mairie de Paris, de l’Institut Français, d’Amnesty International France et de Free Russia Foundation, et en partenariat avec Mémorial France, l’Institut Sakharov, Reporters Sans Frontières, Espace Libertés / Reforum Space Paris, la Plateforme des initiatives citoyennes et anti-guerre, Rusos Libres Espana, Voice of Free Russia et Free Russians Global.

Lieu : Mairie de Paris Centre, 2 rue Eugène Spuller, 75003, Paris

Les conférences se tiendront en langues russe et française.

PROGRAMME

Jour 1 – 19/10/2023

13h-15h

COMPLET ! Table ronde 1 : La société civile et l’opposition russe – 2,5 ans depuis le début de la guerre

Mots d’ouverture :
Russie-Libertés et collectif international russe
Natalia Pouzyreff, députée à l’Assemblée Nationale

Discussion avec des représentants de la société civile et de l’opposition russe. Comment
continuent-ils leur travail, y compris en Russie, quels projets réalisent-ils et comment résistent-
ils au régime, à la propagande et travaillent avec la société. Comment voient-ils l’avenir de leurs
mouvements et les perspectives de démocratisation de la Russie.

Intervenants : Anastasia Bourakova, fondatrice de l’ONG Kovcheg, Maxime Reznik, ancien député de l’assemblée législative de Saint-Pétersbourg, membre du Comité anti-guerre de Russie, Lev Ponomarev, dissident et défenseur des droits humains, Lana Pylaeva, militante de la région de Komi, Dimitri Nizovtsev, journaliste à la chaîne Youtube Politique Populaire

Modération : Elena Volochine, reporter, réalisatrice et auteure de Propagande. L’arme de guerre de Vladimir Poutine

15h30-16h

COMPLET ! Discours

Ilia Iachine, opposant, ancien prisonnier politique et citoyen d’honneur de la ville de Paris

16h30-18h

Discussion : Save children from putinism

Les crimes du régime contre les enfants ukrainiens déportés et l’impact du poutinisme sur les
générations futures de la Russie. L’endoctrinement et la militarisation des enfants.

Intervenants : Oleg Kozlovski, spécialiste de la Russie à Amnesty International, Emmanuel Daoud, avocat pénaliste traitant le dossier des enfants ukrainiens déportés auprès de la CPI, Aleksandra Arkhipova, anthropologue sociale, Vera Yastrebova, militante ukrainienne pour les droits humains, avocate, conseillère auprès de la commission parlementaire de la Verkhovna Rada d’Ukraine

Modération : Zalina Steve, secrétaire générale de Russie-Libertés

18h-19h

Discussion : Les personnes LGBTQ+ victimes du régime russe

Comment la communauté LGBTQI+ est persécutée et comment la soutenir ?

Intervenants : Evi Chaïka, fondatrice d’EQUAL PostOst, Ian Dvorkine, fondateur de l’ONG Center T, Jean-Marc Berthon, ambassadeur pour les Droits des personnes LGBTQ+ auprès du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères

Modération : Sébastien Tüller, journaliste, Responsable LGBTI+ pour Amnesty International France

19h30-20h

Projection d’un projet documentaire

Présentation du projet audiovisuel féministe et anti-guerre Et Dieu… créa la Femme en résistance par Margarita Rybina

Jour 2 – 20/10/2023

12h00-18h00

Salle des mariages

Projection de plusieurs vidéos

Vidéos réalisées au sein du projet « L’Adieu aux armes » créé par des déserteurs russes et vidéo du projet “Save children from putinism” de Free Russians Global

13h30-15h


Table ronde 2 : L’ingérence du régime russe en Europe et la montée des forces d’extrême droite

Désinformation, ingérence politique de la Russie, son intérêt dans la montée des forces d’extrême droite en France et son soutien à certains partis français et européens.

Intervenants : Rudy Reichstadt, politologue, écrivain, fondateur et directeur du site
Conspiracy Watch, expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, Tristan Mendès France, essayiste,
chroniqueur, réalisateur français, observateur de l’extrême, Antoine Bernard, directeur de
plaidoyer de Reporters Sans Frontières, David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS et au Centre d’analyse
et de mathématique sociales de l’EHESS, Constance Le Grip, députée à l’Assemblée nationale, rapporteur de la commission d’enquête sur les interventions extérieures

Modération : Cécile Vaissié, professeure des universités en études russes et soviétiques

15h15-17h00


Table ronde 3 : Convergence des luttes contre les régimes violant les droits humains

La nécessité d’une coopération entre les sociétés civiles de différents pays face aux dictatures et aux régimes autoritaires. Diversité et convergence des formes de résistance des défenseurs des droits humains et militants en Russie, en Ukraine, en Iran, en Chine et en Bélarus. L’activisme féministe pour la paix et les droits humains. Les moyens de renforcer le soutien mutuel pour atteindre des objectifs communs.

Intervenants : Anastasiya Bulybenka, militante bélarusse et ancienne prisonnière politique, Dilnur Reyhan, militante Ouïghour, Chirinne Ardakani, avocate d’origine iranienne, Sergey Lagodinsky, député européen

Modération : Sasha Koulaeva, défenseure des droits humains et enseignante à Sciences Po

17h-17h45

Lecture théâtralisée

Lecture d’un extrait de « Russie, mon pays bien-aimé », d’Elena Kostioutchenko par Julia Loboda

17h45-18h00

Discours de clôture

Isabelle Rome, Ambassadrice pour les droits de l’Homme auprès du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères

Dans le cadre du Forum Russie-Libertés, nous lançons une collecte de dons Save children from putinism. Cette initiative vise à soutenir des projets pour protéger les enfants victimes du régime de Poutine.

Les bénéfices de la vente de nos T-shirts et sacs iront au profit de la collecte !

Официальное коммюнике по поводу обеспечения безопасности участников Форума / Communiqué officiel sur la sécurité des participants du forum

Организаторы форума “la Russie contre la guerre en Ukraine en 2024” обеспокоены возможными угрозами, включая отравление, участников мероприятия. Эта проблема стала актуальной после заявлений ряда активистов, подтвержденных независимыми журналистскими расследованиями за последние месяцы, о попытках их отправления, в том числе совершенных в ходе международных конференций, как наш форум.Les organisateurs du forum “la Russie contre la guerre en Ukraine en 2024” sont préoccupés par les possibles menaces, y compris l’empoisonnement, des participants à l’événement. Ce problème est devenu pertinent après les déclarations de certains activistes, confirmées par des enquêtes journalistiques indépendantes au cours des derniers mois, concernant leurs tentatives de départ, y compris lors de conférences internationales, comme notre forum.
Организаторы принимают все необходимые меры для обеспечения безопасности участников мероприятия. Мы призываем всех участников следовать правилам безопасности, которые будут представлены в документе “Памятка участникам и спикерам”, и сотрудничать с нами, чтобы сделать риск чрезвычайно малым.Les organisateurs prennent toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des participants à l’événement. Nous appelons tous les participants à suivre les règles de sécurité qui seront présentées dans le document “Mémo aux participants et aux intervenants”, et à collaborer avec nous pour minimiser les risques.

Rencontre officielle

Ce lundi 9 septembre, s’est tenue une rencontre avec le Président de la République autour de Vladimir Kara-Mourza, opposant russe récemment libéré des geôles de Poutine.

Nous étions honorés de prendre part à cette rencontre qui a pu avoir lieu à notre initiative et qui nous a permis d’échanger sur le soutien que la France pourrait apporter aux prisonniers politiques et à la société civile russe.

Nous remercions M. le Président Emmanuel Macron de cette confiance en la société civile russe. Ensemble, nous pourrons accélérer la résistance contre la guerre et mener à bien la transformation de la Russie en un pays pacifique et démocratique.

Vladimir Kara-Mourza à Paris

Ensemble avec Free Russia Foundation et l’Espace Libertés | Reforum Space Paris, nous avons eu l’honneur et le plaisir d’accueillir à Paris le grand opposant politique russe, journaliste et historien, Vladimir Kara-Mourza.

Il s’agissait de sa première rencontre avec le public parisien depuis sa récente libération des geôles de Poutine où, condamné à 25 ans pour « haute trahison », il craignait de mourir.

Une minute de silence en mémoire à Alexeï Navalny et à toutes les victimes ukrainiennes du régime poutinien a eu lieu dans la salle comble du théâtre Les Enfants du Paradis.

Lors de cet échange chaleureux et très émouvant, Vladimir Kara-Mourza a abordé des sujets importants sur la situation actuelle en Russie.

Voici quelques citations :

« Poutine est illégitime. Il est un assassin, un usurpateur, un dictateur et un criminel ».

« Le pire cauchemar pour un prisonnier politique est d’être oublié. Je vous prie de continuer à parler d’eux, à les soutenir, à attirer l’attention sur cette catastrophe avec les prisonniers politiques en Russie et en Bélarus. Il faut dire leurs noms, il faut montrer leurs visages, il faut raconter leurs histoires concrètes. Ce sont des vies humaines qui sont en train d’être détruites par ce régime d’assassins ».

« Si le mal n’est pas reconnu, ni puni, ni jugé, il revient. La purification morale de la société russe est indispensable. Il nous faut une justice de transition : des lustrations, des tribunaux, l’ouverture des archives. La société russe doit se rendre compte des crimes qui ont été commis en son nom ».

Nous remercions Vladimir Kara-Murza pour cette rencontre inoubliable à Paris et pour sa lutte inébranlable contre le régime criminel de Poutine.

Photos par Denis Galitsyn et Nikita Mouraviev

Arrêtez Poutine !

Le 3 septembre, Vladimir Poutine sera en visite officielle en Mongolie.

La Mongolie est un État partie au Statut de Rome et donc légalement tenue de coopérer avec la Cour pénale internationale, y compris pour l’arrestation et le transfert des personnes inculpées.

Le 24 février 2022, en violation du droit russe et international, Vladimir Poutine a lancé une guerre non provoquée et illégale contre l’Ukraine. Le conflit qui en a résulté a entraîné la mort d’environ 11 000 civils et plus de 21 000 blessés, selon la Mission d’observation des Nations unies en Ukraine.

En outre, les forces russes continuent de commettre des atrocités, notamment la détention illégale de plus de 4 000 civils ukrainiens et le déplacement forcé de milliers d’enfants ukrainiens vers le territoire russe, en violation de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide.

Le 17 mars 2023, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour crime de guerre de déportation illégale d’enfants ukrainiens.

La Coalition anti-guerre pour les droits humains demande à la Mongolie de respecter ses obligations internationales et d’arrêter Poutine dès son arrivée, conformément au mandat d’arrêt délivré par la CPI le 17 mars 2023, pour des crimes relevant des articles 8(2)(a)(vii) et 8(2)(b)(viii) du Statut de Rome.

La pétition lancée ce week-end par la coalition a déjà recueilli 60 signatures d’organisations internationales et de personnalités publiques et politiques. Parmi eux, Vladimir Kara-Murza, opposant politique russe et ancien prisonnier politique, Natalia Pouzyreff, députée à l’Assemblée nationale française, Sylvie Rollet, présidente de l’association Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre, Mikhaïl Savva, président de l’organisation ukrainienne Expert Group SOVA, Natalia Arno, présidente et fondatrice de la Free Russia Foundation, Alexandra Garmazhapova, présidente et fondatrice de la Free Buryatia Foundation.

Vous pouvez aussi signer notre pétition en suivant ce lien : https://www.change.org/p/urging-mongolia-to-uphold-its-international-obligations-and-arrest-vladimir-putin

Poutine doit être arrêté demain !
Give peace a chance, Mongolia.

Sortie de notre livre

Russie-Libertés est heureuse de vous annoncer la sortie dans un mois de son livre « Ces Russes qui s’opposent à la guerre » !

Publié aux éditions Les Petits Matins, il sera vendu dès le 26 septembre en librairies partout en France. La version numérique sera également disponible.

Vous y découvrirez quinze portraits de militants russes et de leurs mouvements qui, chaque jour, agissent pour que cesse la guerre en Ukraine et que la Russie devienne un État démocratique et pacifique.

Leurs modes d’action sont variés : aide aux déserteurs, campagnes d’affichage clandestin, soutien aux réfugiés ukrainiens, création de médias pour contrer la propagande poutinienne.

Ce livre, qui met en lumière quinze personnalités remarquables, est un hommage à ces femmes et ces hommes engagés. Dirigé par la journaliste Anya Stroganova, ce travail collectif de cinq autrices et auteurs est illustré par des dessins spécialement réalisés par des artistes en exil.

Il est aussi un hommage posthume à Alexeï Navalny, dont le combat pour les droits et les libertés demeure une source d’inspiration pour tant de Russes qui nourrissent l’espoir de changements.

N’hésitez pas à le demander auprès de votre librairie préférée !

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