Congrès des initiatives civiques et anti-guerre Bruxelles, avril 2025

Les 8 et 9 avril 2025 s’est tenu à Bruxelles le 3ème Congrès des initiatives civiques et anti-guerre russes organisé par la Plateforme – une alliance réunissant plus de 100 organisations partout dans le monde – avec le soutien de l’Union Européenne et du Ministère Allemand des Affaires étrangères.

Russie-Libertés, membre de la Plateforme, a eu la joie de coorganiser cet événement majeur, qui a réuni plus de 300 participant·e·s venu·e·s de Russie, de l’UE, du Caucase du Sud, d’Asie centrale, d’Ukraine et des États-Unis. Militant-e-s, défenseurs des droits humains, personnalités publiques et politiques russes et européennes, représentants de ministères et institutions publiques de toute l’Europe.

Pour nous, ce n’était pas simplement une participation à une conférence – c’est la continuation de notre mission : défendre les droits, soutenir celles et ceux qui refusent de participer à la guerre, et renforcer la solidarité internationale face à la répression, à la militarisation et à la montée de l’autoritarisme.

Parmi les sessions clés du Congrès figuraient :

PEOPLE FIRST — Les vies humaines avant tout
L’une des sessions majeures du Congrès fut consacrée à la campagne internationale People First, visant à libérer les dizaines de milliers de personnes prises en otage par la guerre — prisonniers de guerre ukrainiens, les otages civils, enfants enlevés, et prisonnier·ère·s politiques en Russie.
Nous soutenons cette campagne depuis ses débuts, car nous croyons fermement que l’approche humanitaire doit être au cœur de toute négociation de paix.
Cette session a constitué une étape vers la création d’une coalition transnationale pour un plaidoyer international. Et chacun·e peut s’y engager, dès aujourd’hui : https://people1st.online

Désertion — un acte de résistance
Une autre session clé a porté sur le soutien aux objecteurs de conscience et aux déserteurs russes.
Russie-Libertés, aux côtés des initiatives Get Lost, InTransit, Connection e.V., Citoyen.Armée.Droit, Mères de soldats et d’autres, a partagé des témoignages de personnes ayant refusé de participer à la guerre.
Nos exemples ont mis en lumière comment les menaces, l’insécurité juridique et la violence transforment le service militaire en une forme de captivité. Nous avons souligné l’urgence de créer des voies légales et sûres d’évacuation pour ces personnes, y compris la reconnaissance de la désertion comme acte militant de résistance et, par conséquent, motif valable pour l’obtention de visas humanitaires de l’UE.

Rhétorique anti-genre : une arme partagée par les régimes autoritaires
Une session a réuni des initiatives féministes et LGBTQI+ autour de la montée de la rhétorique anti-genre en Russie et en Europe.
Les discussions ont porté non seulement sur la répression, mais aussi sur les stratégies de résistance : maintien d’espaces sûrs, soutien aux jeunes trans, entraide horizontale sous différentes formes.

La société civile face à la normalisation de l’autoritarisme
La session de clôture du congrès fut consacrée à la montée mondiale de l’autoritarisme et la recherche de nouvelles stratégies de résistance.
Nous avons défendu l’idée que l’expérience du mouvement anti-guerre russe – fondée sur la solidarité et la survie en conditions répressives – peut enrichir le discours démocratique européen.

Des sessions de travail en groupe ont également rythmé les 2 jours du congrès : brainstorming sur les stratégies dans un climat géopolitique en rapide mutation, sur les modèles économiques de survie des initiatives de la société civile, sur les voies d’attraire en justice les responsables des crimes de guerre et sur les scénarios du futur pour la Russie.

Pourquoi c’est important ?
Ce Congrès a montré que :
1. La société civile russe ne s’est pas éteinte – elle s’est transformée,
2. Les initiatives civiques anti-guerre continuent à s’organiser, collaborer entre elles et se réinventer,
3. L’Europe entend et soutient les voix de la résistance.

Nous avons également eu le plaisir d’accueillir 15 jeunes militants venus de France et d’autres pays, pour lesquels un programme spécial de cinq jours a été organisé afin de leur permettre de découvrir les institutions européennes, de rencontrer des acteurs clés de la société civile et de renforcer les liens transnationaux autour des valeurs communes de solidarité, de paix et de démocratie.

Russie-Libertés est fier d’avoir contribué à créer un espace où les personnes sont replacées au centre de la politique.

Nous poursuivrons notre engagement en faveur des prisonnier·ère·s politiques, des déserteurs, des initiatives féministes et non-violentes, et en soutien à tous ceux qui souffrent de la guerre et du régime poutinien — en France, en Russie et au-delà.

En savoir plus :

Négociations de paix : Déclaration de Russie-Libertés

Face à la brutalité des discours et des positions de Trump et de Poutine, et devant une Maison Blanche qui adopte désormais le même langage que le Kremlin, il est impératif que l’Europe adopte une posture ambitieuse, ferme et résolue. Nous devons répondre avec détermination et force, en gardant à l’esprit la priorité de la sécurité durable pour l’Ukraine et l’Europe, le renforcement de la démocratie dans le monde et la protection des populations.

Nos priorités sont claires :

  1. Garantir la sécurité de l’Ukraine et de son peuple : L’Europe doit s’engager pleinement à protéger l’Ukraine et à soutenir sa souveraineté, en assurant des conditions de paix durables, décidées en concertation avec l’Ukraine.
  2. Favoriser la démocratisation de la Russie et soutenir le mouvement anti-guerre russe en Russie et en Europe : Il est crucial que Poutine ne sorte pas renforcé des négociations de paix et que l’UE redouble d’efforts pour soutenir la société civile russe. Pour cela, il est également nécessaire d’intensifier le dialogue avec la société russe et ne pas la laisser seule face à la dictature poutinienne.
  3. Maintenir la pression sur le régime du Kremlin :
  • Exiger la libération de tous les prisonniers de guerre ukrainiens (civils et militaires).
  • Exiger le retour des enfants ukrainiens déportés illégalement.
  • Exiger la libération des prisonniers politiques russes et bélarusses.
  • Maintenir les sanctions européennes ciblées contre le Kremlin. 

Le régime, déjà fragilisé par une situation économique difficile, un manque de technologies, une fuite des cerveaux et une désertion au sein de l’armée, doit comprendre que les Européens maintiendront un rapport de forces.

L’Europe a aujourd’hui toutes les cartes en main pour faire pression sur le nouveau duo Trump-Poutine. Il est temps de montrer une réponse forte et unie. C’est notre seul espoir pour un avenir pacifique et démocratique.

Leaders européens, nous comptons sur vous pour défendre les principes fondamentaux de liberté et de justice !

Résultats de la conférence “Libération des prisonniers ukrainiens en Russie: coopération, plaidoyer et entraide”

Trois ans après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, la question des prisonniers de guerre et des civils détenus illégalement demeure une préoccupation majeure.

Actuellement, au moins 7 000 civils ukrainiens sont détenus illégalement dans les prisons russes après avoir été enlevés en zone occupée. Le nombre d’Ukrainiens emprisonnés illégalement dans des centres de torture sur les territoires russes ou occupés reste inconnu.

Russie-Libertés a souhaité attirer l’attention de la communauté internationale sur cet aspect encore trop peu connu de la guerre en Ukraine et a organisé un événement dédié, le 20 février 2025, à l’Hôtel de Ville de Paris.

Ouvert par Geneviève Garrigos, conseillère de la ville de Paris, et Jean-Pierre Pasternak, président de l’Union des Ukrainiens de France, la soirée a démarré par la découverte de l’exposition photo “Les prisonniers de guerre” fournie par le Centre de Coordination à Kiev pour la Libération des Prisonniers de Guerre. Les clichés témoignent de l’atroce réalité des conditions de détention de ces prisonniers ukrainiens.

La soirée s’est poursuivie avec la projection du documentaire “Les prisonniers” d’Evguenia Tchirikova, qui a documenté la situation des détenus civils ukrainiens. Elle a recueilli des témoignages sur les enlèvements et, avec son projet Activatica, mène des enquêtes pour retrouver les disparus.

Regarder le film
sous-titré en français

Une table ronde a ensuite réuni Evguenia Tchirikova, coordinatrice de projets médias d’“Activatica” ; Anastasia Shevchenko, directrice de la fondation caritative « À travers le mur » et Mikhail Savva, expert du “Centre pour les Libertés Civiles”, qui ont présenté des données sur les conditions de détention et les obstacles à leur libération. Stas Doutov, militaire du régiment Azov, ancien prisonnier de guerre, a partagé son expérience des geôles russes.

Mikhail Savva, représentant du Centre pour les Libertés Civiles, organisation ukrainienne lauréate du prix Nobel de la paix 2022, a déclaré qu’il est essentiel que les défenseurs des droits humains russes et ukrainiens collaborent pour documenter les crimes et fassent pression ensemble sur la communauté internationale.

« Selon l’ONU, 90 % des prisonniers ukrainiens en Russie sont torturés. Ce n’est pas un chiffre abstrait, c’est une réalité documentée… Les enfants ukrainiens enlevés et envoyés en Russie font partie de cette même politique criminelle : effacer une nation en brisant ses générations futures.» Mikhail Savva

« Les autorités russes mentent. Elles nient l’existence de prisonniers civils ukrainiens alors que nous avons des preuves accablantes… La communauté internationale doit agir. Ce n’est pas seulement une guerre contre l’Ukraine, c’est une attaque contre les droits humains fondamentaux.  » Evguenia Tchirikova

« Chaque prisonnier ukrainien en Russie est une victime de la terreur d’État. Leur seule “faute” est d’exister et de ne pas se soumettre. » Anastasia Shevchenko

« En Ukraine, on distingue les Russes qui sont simplement contre Poutine et ceux qui aident les Ukrainiens. Ce sont les avocats russes, les défenseurs des droits de l’homme et les bénévoles qui envoient des colis et écrivent des lettres. Je fais clairement la distinction entre ces deux catégories. Il y a des gens qui aident, que ce soit en Europe ou en Russie. Nous travaillons avec eux et les apprécions. Parfois, nous évacuons ceux qui prennent des risques, car nous savons qu’ils peuvent être arrêtés le lendemain. C’est un risque énorme, et je suis heureux que le nombre de ces personnes ne diminue pas.» a conclu Mikhail Savva.

Un appel a également été lancé envers les français à utiliser les dispositions relatives à la compétence universelle afin de permettre aux juridictions françaises de poursuivre et juger les auteurs des crimes de guerre russes en Ukraine.

« Il existe déjà des exemples positifs en Europe. Par exemple, en Finlande, un néonazi russe est jugé pour avoir commis des crimes en Ukraine. La Lituanie travaille également très activement en utilisant la juridiction universelle, y compris dans des affaires bélarusses, pour les crimes commis lors des répression des manifestations au Bélarusse. Il existe des exemples et des méthodes. Il est maintenant nécessaire de les organiser techniquement. » Mikhail Savva

Enfin, les participants ont lancé l’appel commun de la campagne People First! initiée par le Centre pour les Libertés Civiles et le Centre de Défense des Droits Humains “Mémorial” qui vise, dans le cadre d’éventuelles négociations de paix, à prioriser la libération inconditionnelle de tous les civils ukrainiens détenus par l’État russe, de tous les prisonniers de guerre détenus par les deux camps, de tous les prisonniers politiques russes emprisonnés pour avoir manifesté contre la guerre, et le retour des enfants ukrainiens transférés de force en Russie.

Nous remercions chaleureusement tous les participants, intervenants et spectateurs qui ont contribué à faire de cet événement un moment de réflexion et d’engagement. Un remerciement particulier à la Mairie de Paris pour son soutien précieux, qui a permis d’organiser cette rencontre et de donner une visibilité essentielle à cette cause.

Remerciements également au Comité Antiguerre de Russie, à l’Espace Libertés |  Reforum Space Paris et à l’ensemble de l’équipe de Russie-Libertés.

Photos par Denis Galitsyn et Nikita Mouraviev

Marche du 23 février : Unissons-nous pour la victoire de l’Ukraine!

Le 23 février, marquant trois ans depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, environ 4 000 personnes se sont réunies à Paris pour une marche de soutien. La colonne est partie de la Place de la République pour rejoindre la Place de la Bastille, portant haut les couleurs de l’Ukraine et des messages de paix et de justice.

L’association Russie-Libertés a été co-organisatrice de la marche, en collaboration avec des initiatives franco-ukrainiennes. Nous avons formé une colonne de Russes antiguerre pour condamner la violence du régime de Poutine, dénoncer la dictature et exprimer notre soutien sans réserve au peuple ukrainien.

Nous adressons notre profonde gratitude à toutes celles et ceux qui ont rejoint cette marche, montrant ainsi que la solidarité internationale reste forte et que la lutte pour la justice continue.

Cette marche en soutien à l’Ukraine s’est inscrit dans une campagne internationale des Russes anti-guerre. Des manifestations coorganisées par des communautés de Russes exilés ont eu lieu dans plus de 50 villes du monde.

Victoire à l’Ukraine ! Liberté pour la Russie !

Merci à Denis Galitsyn et Nikita Mouraviev pour les photos

Rassemblement en mémoire à Alexeï Navalny, 16 février 2025, Paris, place du Trocadéro.

16.02.2025

Il y a un an qu’Alexeï Navalny était cruellement assassiné par le régime poutinien dans la colonie pénitentiaire de Kharp, au nord du cercle Arctique. Plus qu’un leader de l’opposition russe, Alexeï Navalny incarnait l’espoir d’un avenir démocratique pour la Russie. Avec sa disparition, cet espoir s’est affaibli, mais son combat perdure, car nous le faisons vivre !

Navalny nous exhortait à ne jamais baisser les bras : « Je n’ai pas peur et vous n’ayez pas peur! Ensemble, nous sommes une force puissante ! » Il était le moteur pour des millions de Russes, qui suivaient ses enquêtes anti-corruption, dont il était le grand spécialiste, et qui descendaient par centaines de milliers dans les rues de Russie à son appel.

Même depuis la prison et les conditions inhumaines de détention dans lesquelles il se trouvait, il n’hésitait pas à critiquer Poutine, son régime dictatorial, les crimes de guerre et les sévices infligés au peuple ukrainien.

Le 16 février, plus d’une centaine de personnes se sont réunies devant le mémorial en hommage à Alexeï Navalny, organisé pour l’occasion place du Trocadéro à Paris. Olga Mikhailova, ancienne avocate d’Alexeï Navalny ; Sergei Guriev, économiste russe ; Guennadiy Goudkov, opposant ; Serguei Parkhomenko, journaliste en exil, et d’autres personnalités russes et françaises ont répondu à l’appel. Nous remercions particulièrement pour leur soutien les élus de Paris : Geneviève Garrigos, François Szpiner, François Bechieau et Julie Boillot, ainsi que la ville de Paris qui a désigné une allée du 16ème arrondissement qui sera prochainement nommée en l’honneur d’Alexeï Navalny.

Ce même jour, des actions en sa mémoire ont été organisées partout dans le monde, y compris en Russie, où, malgré les risques, des milliers de Russes sont venus se recueillir sur sa tombe ou ont organisé des mémoriaux sporadiques. Plusieurs dizaines de militants ont été arrêtés et placés en garde à vue en Russie, et les mémoriaux ont été immédiatement détruits par les autorités. À Moscou, rassemblés en masse, les gens ont scandé « La Russie sera libre ! ».

Rappelons qu’aujourd’hui en Russie, toute personne qui sort dans la rue pour s’opposer au régime est fichée, traquée et risque la prison. En 2024, près de 3 000 personnes ont fait l’objet de persécutions pour des raisons politiques. Parmi eux, les trois avocats d’Alexeï Navalny : Vadim Kobzev, Alexeï Liptser et Igor Sergounine, condamnés pour le simple exercice de leur profession à plusieurs années d’emprisonnement. De nombreuses personnes liées à la Fondation anti-corruption, fondée par Alexeï Navalny et désignée par le régime comme « organisation extrémiste », sont aujourd’hui poursuivies.

Nous exigeons la libération des avocats d’Alexeï Navalny et de tous les prisonniers politiques en Russie.

En Russie ou depuis l’exil, tant que nous existerons, nous porterons haut et fort ses revendications pour une société juste, pour la liberté, pour une Russie démocratique !

La Russie sera libre ! Les héros ne meurent jamais !

Merci à Denis Galitsyn et Nikita Mouraviev pour les photos

Libération des prisonniers ukrainiens en Russie: coopération, plaidoyer et entraide.

20 février 2025 Exposition / Projection / Rencontre
“Libération des prisonniers ukrainiens en Russie: coopération, plaidoyer et entraide.”

Il y a trois ans, le monde entier a été bouleversé par l’invasion à grande échelle de l’Ukraine lancée par Vladimir Poutine. Cette guerre a déjà coûté la vie à des centaines de milliers de personnes et continue de dévaster l’Ukraine chaque jour.
Des milliers de civils ukrainiens sont portés disparus, en particulier dans les territoires occupés où règne une atmosphère de terreur. De plus, le régime de Poutine détient des milliers de militaires ukrainiens dans des conditions de torture, en violation totale du droit international.

Les défenseurs des droits humains russes et ukrainiens travaillent ensemble pour les sauver. Un appel commun People First! a notamment été lancé par le Center for Civil Liberties et le Memorial Human Rights Defense Center qui vise à anticiper les futures négociations de paix concernant la guerre de la Russie contre l’Ukraine et appelle à prioriser la libération inconditionnelle de tous les civils ukrainiens détenus par l’État russe, de tous les prisonniers de guerre détenus par les deux camps, de tous les prisonniers politiques russes emprisonnés pour avoir manifesté contre la guerre, et le retour des enfants ukrainiens transférés de force en Russie.

Nous vous convions à un événement autour du sujet des prisonniers ukrainiens et de la coopération internationale pour leur libération.

Programme de l’événement

– 17h ouverture de l’exposition photos consacrée aux prisonniers de guerre ukrainiens
– 18h30 projection du documentaire “Les prisonniers” – reportage sur les prisonniers civils ukrainiens
– 19h conférence avec la participation de Evguenia Tchirikova, coordinatrice de projets médias d’ “Activatica” ; Anastasia Shevchenko, directrice de la fondation caritative « À travers le mur » et Mikhail Savva, expert du “Centre pour les Libertés Civiles” (organisation ukrainienne lauréat du Prix Nobel de la paix 2022), par Zoom. Ainsi que le témoignage de Stas Doutov, militaire ukrainien du régiment Azov, ancien prisonnier de guerre, libéré lors d’un échange en octobre 2024.

Evguenia Chirikova est une militante écologiste et politique russe. Elle était une des leaders dans la défense des droits civiques et de la démocratie en Russie. Depuis, le début de l’invasion, Evguenia soutient l’Ukraine et oeuvre pour la libération des ukrainiens arbitrairement détenus en Russie. Elle a produit le documentaire “Les prisonniers”.

Anastasia Shevchenko est une militante russe et ancienne prisonnière d’opinion, connue pour son engagement au sein du mouvement politique d’opposition “Russie ouverte”. Dès les premiers jours de l’invasion massive de l’Ukraine, Anastasia s’engage auprès d’autres leaders de l’opposition russe au sein du Comité Anti-guerre de Russie. Très impliquée dans le soutien aux prisonniers de guerre ukrainiens, elle fonde en 2025 la fondation “A travers le mur”.

Mikhail Savva est un expert en analyse des motivations politiques derrière les poursuites judiciaires et en évaluation de projets sociaux. Il est docteur en sciences politiques, professeur, et a été prisonnier politique en Russie avant de s’exiler en Ukraine en 2015, où il a obtenu l’asile politique. Il est aujourd’hui expert du Centre pour les Libertés Civiles.

Modération : Olga Prokopieva, Russie-Libertés

Lieu : Auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris
Date : 20 février 2025, à 17h00
Inscription obligatoire. Nombre de place limités. Une pièce d’identité vous sera demandée à l’entrée.

Assemblée Générale de Russie-Libertés

Samedi 25 janvier 2024, Russie-Libertés invite ses membres à l’Assemblée Générale annuelle

Programme de l’Assemblée générale :

⭕Présentation du bilan d’activité de Russie-Libertés en 2024

⭕ Présentation du rapport financier de Russie-Libertés en 2024

⭕ Présentation du plan d’activité pour 2025

⭕ Amendement éventuel des statuts

⭕ Élection du Conseil d’Administration et du Conseil de Consultation

L’inscription est obligatoire via ce lien.

L’assemblée générale est ouverte uniquement aux membres adhérents de l’association. Veuillez mettre à jour votre adhésion via ce lien.

Horaires :

– 17h-19h – Assemblée générale

– 19h-20h – Pot amical

Si vous souhaitez intégrer notre Conseil d’Administration et faire partie de notre équipe, écrivez nous avant le 20 janvier à contact@russie-libertes.org

À bientôt !

Russie-Libertés en 2024

Chers amis,

En ce début d’année, nous souhaitons exprimer notre profonde gratitude pour votre soutien indéfectible. Grâce à vous, 2024 a été une année marquée par des défis relevés avec courage et des espoirs renouvelés pour la société civile russe et la défense des droits humains, en Russie et au-delà.

Nos accomplissements en 2024

Ensemble, nous avons réalisé des avancées significatives. Voici quelques chiffres qui témoignent de notre impact :

  • 35 événements organisés, dont un forum international, deux rencontres sur le Bélarus et la Géorgie, et trois échanges majeurs avec d’anciens prisonniers politiques (Vladimir Kara-Mourza, Ilia Iachine, Aleksandra Skotchilenko).
  • 2 Citoyennetés d’Honneur de la Ville de Paris décernées à Ilia Iachine et Oleg Orlov.
  • Plus de 20 interviews médiatiques pour sensibiliser l’opinion publique en France et à l’international.
  • 14 participations à des conférences internationales et des rencontres de haut niveau.
  • Plus de 100 000 vues mensuelles sur nos réseaux sociaux, amplifiant la voix de la résistance russe.
  • 1 livre publié : Ces Russes qui s’opposent à la guerre.
  • 1 Espace Libertés I Reforum Space Paris ouvert, en collaboration avec Free Russia Foundation, qui compte aujourd’hui 327 résidents et a délivré 384 consultations psychologiques et juridiques.
  • 1 studio audio et vidéo créé avec Reporters Sans Frontières pour soutenir les journalistes en exil.
  • 225 lettres envoyées à des prisonniers politiques, témoignant de notre solidarité.
  • 3 campagnes de crowdfunding, dont « Energy for Life » pour financer des générateurs électriques destinés aux écoles et hôpitaux en Ukraine.
  • 5 projets créatifs anti-guerre soutenus.
  • 7 manifestations organisées, dont une grande marche contre les « non-élections » russes et une manifestation internationale en soutien aux prisonniers politiques, rassemblant 40 villes à travers le monde.
  • 10 objecteurs de conscience et leurs familles accueillis en sécurité en France.
  • Plus de 120 demandes de soutien traitées (en partenariat avec l’Institut Sakharov) pour des visas humanitaires et des titres de séjour.
  • 1 communication transmise à la Cour Pénale Internationale, demandant 35 mandats d’arrêt pour la déportation illégale d’enfants ukrainiens vers la Russie.

Nos objectifs pour 2025

L’année à venir sera cruciale pour Russie-Libertés. Face aux défis croissants, notre engagement reste inébranlable. Nos priorités incluent :

  1. Poursuivre notre soutien à l’Ukraine et aux victimes de la guerre.
  2. Élargir les services de l’Espace Libertés I Reforum Space Paris, en renforçant l’accompagnement juridique et psychologique.
  3. Organiser des événements ambitieux, incluant débats, formations, expositions, et un grand forum en fin d’année.
  4. Intensifier les collaborations internationales pour soutenir les initiatives de solidarité notamment en soutien aux prisonniers politiques.
  5. Fournir des outils et ressources aux journalistes et membres de la société civile russe en exil.
  6. Développer des campagnes de sensibilisation pour donner une voix plus forte à la société civile russe.

Rejoignez-nous et agissez !

En 2025, chaque geste compte. Ensemble, nous pouvons aller encore plus loin. Si vous souhaitez contribuer activement à notre mission, rejoignez notre équipe et devenez une voix de la liberté et de la résistance.

Nous recherchons des bénévoles pour les rôles suivants :

  • Coordinateur des membres de l’association.
  • Coordinateur des bénévoles.
  • Manager de projets.
  • Traducteurs et rédacteurs.
  • Spécialistes des réseaux sociaux (SMM).

Écrivez-nous à : contact@russie-libertes.org
Devenez une force du changement et portez, avec nous, l’espoir d’un avenir meilleur.

Avec toute notre gratitude et notre détermination,
L’équipe de Russie-Libertés

Le dernier mot de l’avocat Dmitri Talantov

Le dernier mot de l’avocat Dmitri Talantov, condamné à 7 ans de prison pour quelques messages anti-guerre sur sa page Facebook personnelle.

Dmitry Talantov est avocat. Au moment de son arrestation, il était président de la Chambre des avocats d’Oudmourtie et défenseur du journaliste Ivan Safronov, condamné à 22 ans de prison pour « haute trahison » dans une affaire fabriquée. Au cours de cette affaire, le FSB a menacé Talantov. C’est à la défense de Safronov que les collègues de l’avocat associent sa persécution.

« Votre Honneur, lors de ma dernière parole, je souhaiterais m’exprimer sur l’amour et la haine. Le procureur a exigé pour moi une peine de 12 ans de prison pour quelques mots sur Internet. Il s’agit d’un prix très élevé. En plus, quand j’aurai purgé ces 12 ans, je serai privé du droit d’occuper des postes dirigeants dans jurisprudence pendant encore quatre ans.

Il me semble que cette dernière sentence soit clairement inutile. En Russie, les gens ne vivent pas si longtemps, surtout en prison et surtout avec ma santé. Aujourd’hui j’ai 64 ans et il est difficile d’imaginer que je pourrai quitter la prison vivant à 80 ans, et que j’aurai encore la possibilité d’exercer ma profession d’avocat.

Donc, je pense que cette dernière sentence était juste une plaisanterie de la part du procureur. Quant à la peine de 12 ans de prison, il serait plus simple de parler de « réclusion à perpétuité » ou de « peine de mort ». C’est selon le goût de chacun.

Je n’essaie pas de vous effrayer. Je pense parfois qu’aujourd’hui cela ne fait pas si peur de mourir, ce qui fait vraiment peur – c’est de vivre. Mais il faut vivre, j’en suis sûr, il faut absolument vivre.

Le métier d’avocat de la défense, auquel j’ai consacré toute ma vie, m’a appris que pour avoir une punition il faut d’abord commettre un crime ou au moins créer la fausse croyance de la culpabilité de l’accusé. Et il m’est absolument impossible d’imaginer que quelqu’un puisse tomber dans le piège d’une telle croyance à mon égard.

Cela me paraît tout à fait incroyable, puisque je suis accusé d’incitation à la haine et à l’hostilité envers l’armée russe. Bien et mal, haine et compassion, ce sont des valeurs trop différentes pour simplement les confondre. Cela n’arrive jamais.

En général, je pense que la capacité à distinguer le bien du mal est la seule chose qui soit donnée à une personne de manière innée. Tout le reste est généré par l’expérience humaine personnelle, au cours de sa vie. Tout le reste nécessite une expérience réelle. Mais distinguer le bien du mal c’est le don originel. Originel ne veut pas dire gratuit. En acceptant ce don, vous pourriez vous retrouver dans une situation complètement différente de celle que vous souhaiteriez. C’est à peu près ce qui m’est arrivé.

Que puis-je dire à ce sujet ? En fin de compte, c’est aussi une question de choix moral. On me dit que j’ai écrit ces quelques mots (mes messages sur les réseaux sociaux) par haine. Quel grand sentiment de haine cela doit être pour pousser un homme non pas à tuer, mais à aller en prison par compassion pour le mourant ? Bien sûr, je ne pouvais pas ignorer que tout cela pourrait se terminer pour moi comme cela s’est terminé.

Il était une fois, je regardais un très bon film où le curé dit à son paroissien : « Ne penses-tu pas que lorsqu’une personne s’est pardonnée, cela signifie que le Seigneur lui a aussi pardonné ». J’ai vécu assez longtemps, j’ai commis beaucoup d’erreurs et il m’est vraiment difficile de me pardonner pour toutes ces erreurs. Mais je pense que le Seigneur ou la conscience humaine, ce qui est probablement la même chose, met une personne dans la situation qui est la mienne pas tant « à cause de » que « dans le but de ».

Je pense même que, très probablement, cette causalité n’existe pas dans la vie. Le Seigneur est assez miséricordieux. Non, c’est simple : le Seigneur est miséricordieux, le Seigneur n’est pas vengeur.

Donc, cela signifie « dans le but de » !

Cela fait maintenant deux ans et demi que je suis en prison. Je suis en cellule d’isolement depuis deux ans, dans une cellule médiévale pitoyable, où les seules commodités de la civilisation sont des toilettes et un lavabo avec de l’eau qui coule sans arrêt. De plus, il y a des trous dans le mur au-dessus de la porte, un haut-parleur y est monté pour diffuser les mêmes instructions d’utilisation de masque à gaz qui sont lues en boucle par un acteur à une voix trop enthousiaste. Cependant, dans mon cas, on peut en parler au passé, puisque j’ai réussi à persuader mes gardiens d’éteindre le haut-parleur. Parfois, la miséricorde frappe leurs cœurs durs. Ils l’ont fait, ils ont éteint le haut-parleur, je suis maintenant dans le silence.

L’hymne national retentit à 22 heures. Je m’allonge sur mon… comment puis-je appelé cela… officiellement c’est une couchette (en fait une planche). Je m’allonge sur ma planche, je ferme les yeux et j’essaie de dormir. Parfois, j’arrive à m’endormir pour deux à trois heures maximums. C’est comme ça depuis deux ans.

À six heures du matin, l’hymne retentit à nouveau. Je dois me lever et faire le lit rapidement. En fait, les jours et les nuits dans ma cellule d’isolement ne sont pas très différents pour moi. Il s’agit d’une sorte de flux continu et très monotone de conscience et de pensées. Les pensées sont comme les rêves, les rêves sont comme les pensées, 24 heures sur 24, depuis deux ans et demi.

Vous ne pouvez échapper à ces pensées nulle part. Ces pensées qui tournent en rond, peut-être une ou deux pensées, elles vous tuent. En général le temps tue, mais dans la cellule d’isolement, on ne le ressent plus comme un concept, mais comme un processus purement physique.

C’est un processus physique. Brodsky (poète russe, exilé, prix Nobel de la littérature) a dit un jour que « la prison c’est un manque d’espace compensé par un excès de temps ». Autrefois cette phrase ne m’était pas tout à fait claire. Je ne l’ai pas comprise. Je suis sûr que personne ne le comprend pleinement, car dans ce cas, ce n’est pas le manque d’espace qui fait peur, mais l’excès de temps. C’est le temps où vous souffrez et le temps qui vous tue. Chaque minute tue, et chaque minute, là-bas, équivaut à une heure.

C’est sûr. Cet excès de temps est ressenti comme une progression géométrique. Parfois, je me demande : qu’en est-il pour des autres détenus dans ce centre de détention, est-ce aussi dur pour eux que pour moi ? Ou ce n’est pas aussi difficile ? Je veux dire pour ces « autres » qui ont réellement commis un crime de droit commun – meurtre, viol, vol. Est-ce plus facile ou plus difficile pour eux ? Je parle de gens qui savent « pourquoi » ils sont en prison.

C’est ainsi que se passe la journée. Mais parfois, des choses extraordinaires se produisent, comme lorsqu’on vous crie soudainement d’une voix effrayante : levez-vous ! Contre le mur ! Les mains derrière le dos ! « Se lever » signifie qu’intervient soit l’un des adjoints du procureur, soit un membre de la commission de surveillance publique, soit le commissaire aux droits de l’homme. À part ces « divertissements », tout est routine.

Mais il y a un moment particulier dans ce marathon quotidien de 24 heures. Il est 21 heures. Mon haut-parleur était éteint à ma demande. Une porte en fer mène au couloir. Devant la porte en fer se trouve une cage en fer. Si vous vous approchez très près et posez votre oreille contre cette cage de fer, vous pouvez entendre ce que diffusent les haut-parleurs des autres cellules.

Pourquoi je parle de 21 heures ? Le journal d’actualités commence à cette heure. Et ces actualités sont diffusées dans l’émission « Soloviev Live » (une chaine de propagande virulente et féroce, agressive et provocatrice). Il y a trois ans, je n’aurais jamais cru que j’écouterais attentivement « Soloviev Live » tous les soirs pendant cinq minutes mais je le fais.

En fait, ce que j’attends, c’est l’annonce de la paix. Mais il n’y en a pas.

Et tout récemment, j’ai entendu dire que l’essence de ce qui se passe est l’établissement d’un « nouvel ordre mondial plus juste » dans lequel les « intérêts de la majorité mondiale » seront pris en compte et garantis. Eh bien, oui, le monde s’effondre sous tous ses aspects, mais je ne sais tout simplement pas ce qu’est ce « nouvel ordre mondial plus juste ». Je ne sais pas quels sont « les intérêts de la majorité mondiale ».

Moi, je comprends le héros de Dostoïevski, Ivan Karamazov, qui disait qu’il refusait d’accepter l’harmonie supérieure la plus universelle et la plus parfaite si elle était rachetée par une seule larme d’un seul enfant torturé, et qu’il rend respectueusement le « ticket » vers une telle harmonie. Il me suffit pour être en accord avec le héros de Dostoïevski de repenser à la photo d’une fillette aux jambes arrachées, qui figurait dans mon dossier judiciaire.

Je ne crois à aucune harmonie, à aucun ordre mondial fondé sur de telles souffrances. Je n’y crois pas.

Vous savez, je suis sûr que ce que je ressens ne s’appelle pas de la haine. Ce n’est pas de la haine. Votre Honneur, cher Denis Alexandrovitch, personne ne peut entrer en cellule d’isolement, y passer deux ans et demi et rester le même. Quelque chose a définitivement changé en moi. Je pense que j’ai me suis débarrassé de beaucoup de choses inutiles. Probablement, je suis à un pas ou un demi pas plus près de ce pardon évoqué par le curé dans le film dont j’avais parlé.

Nous devons vivre. Il semble que ce soit Goethe qui ait dit : « Celui qui connaît le « pourquoi » peut supporter presque n’importe quel « comment ». Je sais « pourquoi ». Cette fillette sur la photo sourit. Son sourire reste pour moi une source de force et d’amour.

Maintenant le dernier et peut-être le plus important. Le dernier mot implique souvent de demander pardon. Moi aussi, je veux demander pardon.

Poussée par l’une ou l’autre forme de compassion, l’une ou l’autre nécessité urgente, une personne commet un acte. Parfois, il s’agit d’un acte tout à fait humain, mais quelqu’un d’autre doit payer pour cet acte. Celui qui aime cette personne. C’est pourquoi mon dernier mot s’adresse à ma femme.

Olga, pardonne-moi. Je t’aime.

Si c’est une exagération émotionnelle, alors je dirai ceci : Olga, si jamais tu es condamnée à 12 ans de prison pour quelque chose, je t’attendrai. Ne sois pas triste.

Merci ».

Traduction par Alena Nevsky

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