Lancement de la campagne #BoycottGazprom

Cette horrible guerre a un nom et un visage : c’est la guerre de Poutine. Nous sommes de tout cœur avec nos amis Ukrainiens qui subissent sa guerre et leur apportons tout notre soutien pour la défense de leur pays et de nos valeurs communes de liberté. Nous appelons la France, l’Union Européenne et la communauté internationale à soutenir les Ukrainiens et à sanctionner le plus fortement possible le régime de Poutine.

En tant qu’une association issue de la société civile qui a à cœur un avenir démocratique pour la Russie, nous avons toujours soutenu des sanctions personnelles ciblées visant le socle du pouvoir de Vladimir Poutine.

Ces sanctions ciblées ont été, et sont aujourd’hui, efficaces car ont un impact direct et tangible sur les personnes responsables des actes répréhensibles sanctionnés par la communauté internationale.

Toutefois, aujourd’hui, nous devons constater que, malgré leur efficacité sur le moyen et long terme, ces sanctions sont insuffisantes pour arrêter le plus vite possible la machine de guerre de Vladimir Poutine et mettre fin à l’invasion russe en Ukraine.

Nous considérons qu’il est de notre responsabilité de tout faire pour arrêter cette machine de guerre.

C’est pourquoi nous avons décidé de lancer, d’une voix unie avec d’autres acteurs de la société civile, une demande adressée à l’Union européenne d’arrêter immédiatement tout achat des hydrocarbures russes et de cesser toute relation commerciale avec la principale société exportatrice du gaz naturel Gazprom. Notre campagne s’intitule #BoycottGazprom et peut être diffusée partout.

Nous sommes convaincus que la guerre menée par le régime actuel aura, et a déjà, des conséquences désastreuses et sans précédent sur la population ukrainienne mais aussi la société russe. Les sanctions visant l’export des hydrocarbures, couplées d’autres sanctions déjà en place, limiteront le financement du pouvoir de Poutine et de ses opérations militaires, et auront un impact considérable sur sa capacité à continuer la guerre. Elles sont nécessaires pour l’Ukraine, pour l’Europe, et pour l’avenir d’une Russie libre.

#BoycottGazprom #SupportUkraine #StopPutin

https://energyandcleanair.org/financing-putins-war/?utm_campaign=FR+ACT+Kalie+Imports+fossiles+Russes&utm_medium=email&utm_source=autopilot

https://www.investigate-europe.eu/en/2022/eu-states-exported-weapons-to-russia/

https://www.dropbox.com/s/wmptre3vkfkqysf/Guriev%20Itskhoki.pdf

https://www.ft.com/content/2be6b385-6d96-4745-9c6a-2a835da645e9

https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-03-10/goldman-sees-euro-area-economy-shrinking-inflation-close-to-8

Signez la pétition: “Guerre en Ukraine: Pour des sanctions contre les complices de Poutine en Europe”

L’horrible guerre qui se déroule sous nos yeux en Ukraine a un nom et un visage : c’est la guerre de Vladimir Poutine. Cette guerre est la conséquence d’un pouvoir autocratique qui a supprimé toute opposition politique et affaibli les institutions. Cette guerre est également la conséquence de la complicité de certains responsables européens à l’égard des autorités russes. Malgré des nombreuses atteintes directes aux valeurs démocratiques, ainsi qu’à la souveraineté d’autres Etats, certains acteurs français et européens (entrepreneurs, élus, ministres, hauts fonctionnaires) ont choisi d’apporter leur soutien au régime de Poutine, en fermant les yeux sur les signes alarmants menaçant la démocratie ou en minimisant leur impact sur les intérêts européens. 

Cette guerre, conséquence des dérives d’un régime autoritaire, n’a pu être évitée. Aujourd’hui, pour le respect de la démocratie et la défense de la paix, il est crucial de dénoncer le soutien apporté au régime de Vladimir Poutine par certains élus, ou anciens élus, en France et dans l’Union européenne ainsi que par des entreprises, françaises et européennes, présentes sur le sol russe.  À cet égard, il convient de rappeler que les sociétés françaises sont légalement astreintes au devoir de vigilance et donc soumises à l’obligation de prévention des atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales résultant des leurs activités ou celles de leurs partenaires commerciaux.

Quelques exemples de personnes physiques et morales qui pourraient être concernées (liste non exhaustive) :

  • L’ancien Premier ministre français François Fillon a rejoint le conseil d’administration du géant russe de la pétrochimie Sibur
  • L’ex-cheffe de la diplomatie autrichienne Karin Kneissl, qui avait dansé une valse avec Vladimir Poutine lors de son mariage en 2018, a été nommée en juin au géant pétrolier russe Rosneft.
  • Thierry Mariani et  les autres 11 hommes politiques français qui se sont rendus en Crimée pour le 5e anniversaire de la “réunification” à la Russie 
  • l’ex-chancelier Gerhard Schröder le président du conseil d’administration de Rosneft, premier groupe pétrolier russe, et du comité d’actionnaires de Nord Stream 2, gazoduc russo-allemand controversé, suspendu par l’Allemagne.
  • Entreprises : TotalEnergies, GEAST, Yves Rocher dont les activités ont permis de renforcer les positions russes face à l’Europe dans le domaine énergétique ou face à l’opposition interne.

En conséquence nous vous appelons à signer cette pétition pour demander l’ouverture d’une enquête judiciaire et la mise en place de sanctions visant ces personnes et ces entreprises.    

Nous, les membres de l’association “Russie- Libertés” exigeons:

1. Une enquête judiciaire et des sanctions contre des responsables européens (entrepreneurs, élus, ministres, hauts fonctionnaires) qui ont exercé ou exercent actuellement des fonctions au sein des entreprises d’Etat russes, y compris sur les avantages perçus lors de ces mandats.

2. Une enquête judiciaire sur les avantages perçus par les filiales des sociétés françaises et européennes en Russie pour avoir apporté leur soutien, directement ou indirectement, au régime de Vladimir Poutine. 

Créée en 2012, l’association “Russie-Libertés” est une organisation indépendante qui a pour principal objectif le soutien au développement d’une démocratie digne de ce nom et la défense des droits humains en Russie. Les moyens employés par l’association traduisent la volonté de partager une information objective sur la situation politique du pays. Elle s’emploie à rendre compte de manière régulière de l’état des institutions, des libertés et des droits humains en Russie.

Un mandat d’arrêt a été émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre Vladimir Poutine

18 MARS 2023

Nous sommes ravis de vous annoncer d’une victoire de notre pétition demandant une enquête judiciaire sur les crimes commis par Poutine lancée en février 2022: https://chng.it/MF6PRC5khR

Nous saluons la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour sa participation présumée à des crimes de guerre commis lors du conflit en Ukraine. Cette décision est une victoire importante pour la justice et un message clair à ceux qui commettent des atrocités qu’ils seront tenus responsables de leurs actions.

Nous remercions tous ceux qui ont soutenu notre pétition appelant à une enquête judiciaire sur les crimes commis par Poutine et son régime en Ukraine. Votre soutien a contribué à sensibiliser l’opinion publique et à demander des comptes pour les atrocités commises en Ukraine.

Nous tenons également à reconnaître le travail acharné et le dévouement du bureau du procureur de la CPI, qui a mené une enquête approfondie et indépendante sur les crimes commis lors du conflit en Ukraine.

Bien que nous célébrions cette victoire, nous sommes conscients qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour assurer la justice pour les victimes du conflit en Ukraine. Nous appelons la communauté internationale à continuer de soutenir l’Ukraine et ses efforts pour rechercher la justice pour les crimes commis contre son peuple.

Nous exhortons également la CPI à poursuivre son enquête et à traduire en justice tous ceux qui sont responsables des crimes commis en Ukraine, y compris les complices de Poutine, les généraux de son armée et ses soutiens financiers.

Nous vous remercions à nouveau de votre soutien, et nous continuerons de surveiller la situation et de vous informer de tout développement ultérieur.


Pétition: “Pour une enquête judiciaire sur les crimes commis par Vladimir Poutine” – 27 février 2022

L’horrible guerre qui se déroule sous nos yeux en Ukraine a un nom et un visage: c’est la guerre de Poutine. Cette guerre n’a aucune justification, elle est le fruit de la décision d’un seul homme: Vladimir Poutine. Elle a été lancée avec le soutien des proches de Vladimir Poutine, des responsables de son régime, ses complices et des hauts dirigeants de son armée. Cette guerre est conduite contre la volonté des populations russe et ukrainienne. 

Cette guerre ne doit pas rester impunie. Nous vous appelons aujourd’hui à signer cette pétition pour une enquête judiciaire sur les crimes de droit international commis par Vladimir Poutine et les responsables de son régime.

Nous exigeons une enquête judiciaire sur les crimes de droit international commis par Vladimir Poutine et les responsables de son régime, ses complices en Russie, les généraux de son armée, ses soutiens financiers.
Également, une enquête doit être menée sur les avantages perçus par tous ceux, à l’étranger et notamment sur le territoire de l’UE, qui ont publiquement soutenu les crimes du régime de Vladimir Poutine et ses complices.
Les crimes de Poutine et de son régime ne doivent pas rester impunis!

For a judicial investigation of crimes committed by Vladimir Putin and the responsible persons of his regime.

The horrible war unfolding before our eyes in Ukraine has a name and a face: it is Putin’s war. This war has no justification, it is the result of the decision of one man: Vladimir Putin. It was launched with the support of Vladimir Putin’s friends, officials of his regime, his accomplices and senior leaders of his army. This war is being waged against the will of the Russian and Ukrainian populations.

This war must not go unpunished. We call on you today to sign this petition for a judicial investigation into the crimes under international law committed by Vladimir Putin and those responsible for his regime.


We demand a judicial investigation into the crimes under international law committed by Vladimir Putin and the leaders of his regime, his accomplices in Russia, the generals of his army, and his financial supporters.

Also, an investigation must be carried out into the benefits expected by all those, abroad and in particular on the territory of the EU, who have publicly supported the crimes of the regime of Vladimir Putin and his accomplices.

The crimes of Putin and his regime must not go unpunished!

Non à la guerre de Poutine ! Нет войне Путина!

Communiqué de presse de Russie-Libertés

Version en français et en russe

 Русская версия текста ниже 


Non à la guerre de Poutine !
Cette horrible guerre a un nom et un visage : c’est la guerre de Poutine. Nous sommes de tout cœur avec nos amis Ukrainiens qui subissent sa guerre et leur apportons tout notre soutien  pour la défense de leur pays et de nos valeurs communes de liberté. 
Nous appelons nos concitoyens russes à s’indigner contre cette guerre honteuse et à manifester, partout où ils se trouvent, en Russie et à l’étranger. Nous devons nous opposer de toutes nos forces à la guerre que Poutine et sa bande imposent à nos peuples ! 
Nous appelons la France, l’UE et la communauté internationale à soutenir les Ukrainiens et à sanctionner le plus fortement possible le régime de Poutine responsable de cette guerre. Ces responsables doivent également répondre de leurs actes de manière la plus sévère devant la justice.

Nous proposons une liste détaillée de nouvelles sanctions contre le régime de Vladimir Poutine et ses complices, Contre la guerre de Poutine : des sanctions efficaces !
NON A LA GUERRE !

Нет войне Путина!
У этой страшной войны есть имя и лицо: это война Путина. Мы всем сердцем поддерживаем наших украинских друзей, страдающих от этой войны, в их противостоянии агрессору и защите наших общих ценностей свободы. 
Мы призываем наших соотечественников протестовать против этой позорной войны и выходить на демонстрации, где бы они  ни находились, в России и за рубежом. Мы должны всеми силами противостоять войне, которую Путин и его банда навязывают нашим народам! 
Мы призываем Францию, ЕС и международное сообщество поддержать украинцев и как можно жестче наказать режим Путина, ответственный за эту войну. Ответственные лица также должны понести самую строгую ответственность за их действия в суде.

НЕТ ВОЙНЕ!

Non aux menaces du Kremlin contre l’Ukraine, non à la guerre !

Depuis plusieurs mois, le Kremlin multiplie les menaces contre l’Ukraine et les Ukrainiens. Après avoir occupé militairement et annexé illégalement la Crimée, puis lancé le conflit et l’invasion d’une partie de l’Est de l’Ukraine, Vladimir Poutine menace de nouveau les Ukrainiens, malgré la crainte de la majorité de la population russe (selon le centre Levada) ne souhaite pas s’engager dans cette aventure meurtrière.
Russie-Libertés dénonce cette politique de la terreur envers les voisins de la Russie qui fait écho à celle menée par le Kremlin contre la société civile russe a l’intérieur du pays.
Nous demandons de respecter les droits des Ukrainiens à la Paix, aux libertés et à la préservation de leur territoire souverain. Nous appelons la France, l’UE et la communauté internationale à agir pour stopper l’escalade dans la région, notamment par des sanctions individuelles ciblées contre le régime de Poutine, ses oligarques et ses proches.
Pour votre liberté et pour la nôtre !

Manifestation à Paris pour la libération de Navalny, un an après son emprisonnement en Russie

Manifestation à Paris pour la libération de Navalny, un an après son emprisonnement en Russie

Hier s’est tenue à Paris, place Saint-Michel, une manifestation en soutien à Alexeï Navalny. 

Arrêté il y a un an, le 17 janvier 2021, à l’aéroport de Moscou à son retour d’Allemagne, où il était en convalescence suite à son empoisonnement, Alexeï Navalny est un symbole de courage, reconnu par le Prix Sakharov qui lui a été décerné cette année par le Parlement européen. 

Plusieurs dizaines de personnes se sont réunies à Paris pour marquer ce triste anniversaire de 365 jours de détention arbitraire pour Alexeï Navalny. La manifestation a été organisée par Russie-Libertés, Amnesty international France et Les Nouveaux Dissidents. Des personnalités telles que Serguei Guriev, économiste à Sciences Po, Nadejda Kutepova, écologiste et réfugiée politique russe, Nicolas Tenzer, philosophe politique et essayiste, ainsi que Ekaterina Zhuravskaya, économiste, sont venues soutenir Alexeï Navalny.

La porte-parole de Russie-Libertés, Olga Prokopieva, a souligné que cette année 2021 a été marquée par un durcissement, sans précédent depuis la chute de l’URSS, des libertés fondamentales, d’une prise en étau de la société civile, des organisations de défense des droits humains, et par une généralisation de la répression. Mais aussi, que 2022 s’annonce encore plus difficile et qu’il est primordial de continuer la mobilisation. « L’optimisme que tente d’insuffler Alexeï Navalny à la société civile russe muselée par la répression ne doit pas s’affaiblir ! Nous devons être à la hauteur de son courage et de son optimisme. »

Katia Roux, chargée de plaidoyer au sein d’Amnesty International France, a réitéré la demande de « libération immédiate et inconditionnelle d’Alexeï Navalny et de ses partisans », mais aussi a souligné qu’« au cours des 12 derniers mois, les autorités russes mènent une campagne de répression et de représailles sans précédents… en détruisant tout ce qu’il reste encore des droits à la liberté d’expression et d’association en Russie». 

Michel Eltchaninoff, rédacteur en chef de Philosophie Magazine et président de l’association Les Nouveaux Dissidents, a quant à lui remarqué que « si les citoyens du monde se désintéressent de Navalny, le pouvoir va chercher à le briser… Sa survie n’existe que par notre soutien ! “

Notre mobilisation continue. Vous pouvez vous aussi soutenir Navalny en signant la pétition :

https://www.change.org/p/emmanuel-macron-pour-la-lib%C3%A9ration-imm%C3%A9diate-de-l-opposant-russe-alexe%C3%AF-navalny

#freeNavalny #freeprisonnersofconscience

#libérezNavalny #libérezlesprisonniersdopinionrusses

“Ils font vivre le journalisme en Russie !”

Dans son livre “Ils font vivre le journalisme en Russie” paru aux éditions des Petits Matins, Johann Bihr dresse le portrait de 15 reporters. “Je cherche à présenter les journalistes qui, avec un courage incroyable, continuent de faire leur travail (…) malgré une pression plus forte que jamais en Russie“, explique l’auteur sur franceinfo lundi 18 octobre.

Au moins la moitié de ces 15 journalistes sont classés agents de l’étranger ou membres d’un média qui l’est. Travailler sous ce statut, c’est devoir justifier l’utilisation du moindre centime à des fins personnelles. Pour acheter une brosse à dents, il faut en rendre compte à l’État, qui a un œil sur tout”, souligne l’ancien responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières (RSF).

https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/russie-le-journalisme-est-un-combat-plus-necessaire-que-jamais-et-plus-difficile-quejamais_4813313.html

« 15 ans sans Anna Politkovskaïa. Une parole libre est-elle encore possible en Russie ? » retour sur la conférence du 20 octobre 2021 à l’Hôtel de Ville de Paris

Le 20 octobre 2021 s’est tenue à l’Hôtel de Ville de Paris, la conférence « 15 ans sans Anna. Une parole libre est-elle encore possible en Russie ? »

Jean-Luc Romero Michel, adjoint à la Maire de Paris aux Droits humains est venu souligner le courage de toutes celles et de tous ceux qui se battent pour les libertés en Russie. 

Les organisations partenaires ont ouvert la conférence par une courte présentation : Amnesty international France, Reporters sans Frontières, FIDH, Mémorial France, Russie-Libertés, Les Nouveaux Dissidents, la maison d’édition « les petits matins », la revue Esprit et le Comité Russie Europe.

Présentation du livre « Ils font vivre le journalisme en Russie » par Johann Bihr qui en a dirigé la rédaction. 15 portraits de journalistes qui se battent pour imposer une presse libre.

Table ronde « 15 ans sans Anna Politkovskaïa. Une parole libre est-elle possible en Russie ? »

Modération : 

Marie Mendras, politologue au CNRS, professeure à Sciences Po Paris. Membre de la revue Esprit et de son Comité Russie Europe

Michel Elchaninnoff, fondateur et rédacteur en chef de Philosophie magazine. Fondateur de l’ONG « les Nouveaux Dissidents » Auteur du livre « dans la tête de Vladimir Poutine »

Intervenants :

 Alexandre Tcherkassov, président du Centre des Droits Humains Mémorial

 Elena Milachina, journaliste à la Novaya Gazeta (par vidéo)

En préambule, Marie Mendras félicite Elena Milachina pour le prix Nobel de la paix 2021 attribué à Dmitry Muratov, fondateur et rédacteur en chef de la Novaya Gazeta. Ce Prix Nobel étant partagé avec la journaliste philippine Maria Ressa, il s’agit d’un message fort en direction des journalistes du monde entier qui se battent pour une presse honnête.

Marie Mendras annonce également qu’Alekseï Navalny est le lauréat du Prix Sakharov 2021.

Elle rappelle que malgré les risques Elena Milachina a repris le travail d’Anna Politkovskaïa et de Natalia Estemirova, toutes les deux assassinées. Elle a reçu le prix international « Women for courage. »

Intervention d’Elena Milachina

Historique et analyse de la situation des droits humains en Russie : comment en est-on arrivé là ?

Après une courte période de liberté véritable correspondant à la présidence de Boris Eltsine, la situation a changé au tournant des années 2000 avec deux événements majeurs. L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine et les attaques terroristes aux Etats-Unis. La notion de « terrorisme » va désormais être instrumentalisée par les pouvoirs en place, y compris en Russie par Vladimir Poutine..

Comment les libertés ont-elles peu à peu disparu en Russie ?

Après la chute de l’URSS les assassinats fréquents d’oligarques ne provoquaient pas de réelle émotion dans l’opinion publique persuadée qu’enrichis sur le dos de leurs concitoyens ils avaient en quelque sorte bien mérité leur sort. De même les premières atteintes à des médias indépendants, propriétés pour la plupart de ces mêmes oligarques tant détestés, n’ont ému personne.

Peu à peu les atteintes contre la presse libre et les ONG se sont multipliées avec la mise en place des opérations militaires en Tchétchénie, en Géorgie, en Ukraine, en Syrie.

Aujourd’hui, on atteint le paroxysme des violations des libertés fondamentales avec l’obligation pour les médias indépendants et les associations de s’identifier auprès des autorités comme « agents de l’étranger.» Statut infamant qui peut induire de lourdes amendes et des condamnations pénales. Des centres d’assistance se constituent en soutien mais leurs juristes sont eux-mêmes contraints de se déclarer « agents de l’étranger.»

Elena Milachina regrette que la société civile de son pays, pourtant intelligente et éduquée, n’ait pas encore compris que tout le monde, tôt ou tard, sera inquiété et arrêté. Le pouvoir veut se maintenir éternellement pour conserver ce qu’il a volé et pour garantir sa propre impunité.

Intervention d’Alexandre Tcherkassov :

Rappel du contexte des guerres en Tchétchénie, Géorgie, Ukraine, Syrie. Actuellement, la Russie est de plus en plus présente en Afrique ; elle multiplie les cyber attaques sur la Toile également. La violence du régime s’exerce donc doublement : à l’égard de ses propres concitoyens mais aussi à l’égard de ceux du monde entier. Ainsi, il remet en cause la stabilité et la sécurité internationales.

Pourquoi les journalistes écrivent-ils si peu sur ces thèmes militaires de la politique internationale ? Les médias d’État le font sous forme de propagande permanente mais les médias indépendants manquent de moyens, notamment pour se rendre et se maintenir sur place.

En 2018, le site d’investigations « Dossier Center », financé par l’opposant Mikaïl Khodorkovski a envoyé trois journalistes en Centrafrique. Ils doivent enquêter sur le groupe Wagner, une armée secrète de mercenaires qui sévit notamment dans plusieurs pays d’Afrique pour le compte du pouvoir russe même si celui-ci le nie le connaître.

Alexandre Tcherkassov souligne le courage de Kirill Radtchenko, Alexandre Rastogouïev et Orkhan   Djemal retrouvés assassinés sur une route de Bangui peu après leur arrivée.

Il pointe également l’absence de contre-pouvoirs du côté du Parlement, de partis politiques libres, d’une presse indépendante en Russie…

Questions à Elena Milachina

– Comment les journalistes de la Novaya Gazeta, dont elle-même, vivent-ils cette situation difficile ?

– Quels sont pour eux les sujets prioritaires ?

Elena Milachina répond qu’elle continue à travailler dans le sillage d’Anna Politkovskaïa et de Natalia Estemirova. L’obligation de s’inscrire en tant qu’agent de l’étranger induit des démarches administratives et le paiement d’amendes. A terme cela peut aboutir à l’interdiction d’exercer le métier et c’est pourquoi la presse libre est de moins en moins présente.

En ce qui concerne la Novaya Gazeta, le prix Nobel de la paix est un bouclier qui pour l’instant  protège l’équipe.

Actuellement, Elena Milachina travaille sur deux dossiers à ses yeux très importants :

* L’attaque terroriste à l’école de Beslan le 1ier septembre 2004. « 186 enfants tués et pas un seul de vérité de la part des autorités »

* Le sous marin Koursk qui sombre dans la mer de Barents le 12 août 2000. 118 morts. Les causes véritables constituent un secret d’état.

Elena Milachina s’interroge sur les conflits ouverts (Caucase du nord, Géorgie,Ukraine, Syrie) et souterrain (Centrafrique). Elle souligne les conséquences négatives que cela entraîne pour les habitants de ces pays mais aussi pour les ceux de toute la planète.

 Face à la rhétorique de la presse officielle, les médias indépendants manquent de moyens et ont du mal à envoyer leurs propres correspondants sur place. « Mais nous en parlons. Nous faisons ce que nous pouvons. » assure Elena Milachina.

 Elle ne sait pas combien de temps cela va durer mais tant qu’elle sera libre elle continuera à enquêter sur les violations des droits humains.

Le lien entre les différents dossiers qu’elle traite, c’est la volonté d’informer les jeunes générations.

 Elena Milachina a été frappée par l’attitude du « satrape de Tchétchénie, Kadyrov.» En effet, celui-ci a peur de sa propre armée et exige que celle-ci pose les armes en sa présence.  Elena Milachina établit un parallèle avec Vladimir Poutine qui a peur de sa jeunesse : celle-ci ne vote pas pour les candidats officiels et s’informe via les réseaux sociaux. Grâce à ces jeunes notamment, les médias libres ne vont pas disparaître et vont inventer d’autres moyens pour continuer d’exister.   

Intervention Alexandre Tcherkassov : quel avenir en Russie ?

La France, après la 2ième guerre et la Collaboration, a commencé à répondre aux questions des jeunes générations. De même, en Russie, les jeunes ont eux aussi posé des questions sur les années du pouvoir communiste et aussi, particulièrement à la suite des manifestations de 2011 et 2012 sur le pouvoir actuel. Il ne faut pas avoir peur ni se détourner de l’avenir. Les jeunes ont regardé les vidéos de Navalny sur la corruption des autorités. Les choix conformistes de leurs parents leur donnent « la nausée » la même que celle évoquée par Sartre en son temps.

Conclusion par Michel Elchaninoff: l’importance des liens historiques tissés en permanence par la voix d’Alexandre Tcherkassov pour Memorial et par Elena Milachina pour la Novaya Gazeta.

 Du grave incident le 14 octobre dernier dans les locaux moscovites Memorial à l’occasion de la projection du film d’Agnieszka Holland « l’ombre de Staline » qui relate la famine orchestrée en Ukraine par le dictateur, en passant par les aventures du soldat Tchoucheniouk en Syrie, « « tout continue » selon les termes d’Alexandre Tcherkassov. Même si la terreur n’a plus rien à voir avec les années 30, l’absurdité des accusations de la répression sous Staline se retrouve dans celles retenues contre Navalny sous Poutine. Par exemple lorsqu’il est reproché à l’opposant de ne s’être pas présenté pour un contrôle administratif alors qu’il était soigné en Allemagne…. On retrouve le même sentiment d’absurdité cynique.

Elena Milachina et Alexandre Tcherkassov ont la capacité de voir les processus mis en œuvre et rendent son sens historique à la Russie ; ils luttent ainsi contre le zapping et l’amnésie voulus par le pouvoir.

La collaboration inédite entre Memorial et la Novaya Gazeta (Alexandre Tcherkassov insiste sur le soutien de Dmitry Muratov face aux provocateurs rendus furieux par l’évocation de « Holodomor ») permet de résister au pouvoir. Celui-ci a pour objectif permanent d’effrayer tout le monde et d’entretenir la confusion. Le retissage de l’Histoire permet d’aller à l’encontre de cette peur et d’oser dire la vérité.

La dissidence d’aujourd’hui est née de celle d’hier. L’espoir est rendu possible car renouer avec le fil de l’Histoire c’est renouer avec le fil de la Liberté.  

Les films projetés :

Reporters sans Frontières donne la parole à trois des journalistes dont le portrait est retracé dans l’ouvrage « ils font vivre le journalisme en Russie » Roman Anine, Svetlana Prokopieva et Egor Skovoroda qui s’expriment sur le statut d’agent de l’étranger et des conséquences négatives que cela induit aux plans personnel et professionnel. « Sans médias indépendants pas d’avenir. »

La FIDH présente « Russie, crimes contre l’Histoire » d’Olga Kravetz. Analyse juridique de nombreux cas de persécution de la société civile, y compris des historiens, journalistes et membres d’ONG qui ont dévoilé les crimes de la période soviétique.

Les Nouveaux Dissidents : témoignage d’Elena Kostuchenka qui avait 15 ans lorsqu’elle a lu un reportage d’Anna Politkovskaïa dans la Novaya Gazeta. Elle décide alors de devenir journaliste à son tour…

En clôture : lecture du journal de prison d’Alekseï Navalny 

Mathieu Amalric s’est fait la voix de Navalny. Il souligne les aspects de dérision et d’humour qui en dépit de la situation sont présents à chaque page du journal de prison.

15 ans sans Anna Politkovskaïa. Une parole libre est-elle encore possible en Russie ?

Cette conférence affiche COMPLET. Les inscriptions sont fermées mais vous aurez la possibilité de suivre par Facebook Live.

PROGRAMME PREVISIONNEL

Le 7 octobre 2006, Anna Politkovskaïa a été tuée dans son immeuble à Moscou. La journaliste de Novaïa Gazeta incarnait le courage et l’indépendance. Elle est l’emblème de la lutte pour la liberté d’expression en Russie et dans le monde.

Aujourd’hui, la lutte pour les libertés est plus que jamais d’actualité en Russie. Les informations qui nous parviennent sont chaque jour plus inquiétantes : arrestations d’opposants et de journalistes, interdiction des médias indépendants, censure d’Internet, falsification d’élections, empoisonnement d’Alexeï Navalny, interventions directes ou indirectes dans les pays voisins, comme en Ukraine et au Bélarus.

Malgré une lourde chape de plomb, ils sont encore nombreux à s’efforcer de faire leur travail de journalistes, d’avocats, d’enseignants, à proposer des alternatives politiques ou à défendre les droits humains.

En cette journée du 20 octobre, à l’auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris, nous rendrons hommage à Anna Politkovskaïa, à son travail et son courage. Nous donnerons la parole aux personnalités qui, dans le sillage d’Anna, défendent aujourd’hui les libertés en Russie.

Venez assister à une conférence exceptionnelle en présence d’Alexandre Tcherkassov, directeur de l’ONG Mémorial, et de Leonid Volkov, coordinateur du mouvement d’AlexeÏ Navalny.

Venez écouter Mathieu Amalric donner lecture du journal de prison de Navalny.

Au programme de la conférence :

• Présentation du livre “Ils font vivre le journalisme en Russie !”

• Table ronde “Une parole libre est-elle encore possible en Russie ?” Modération par Marie Mendras (politologue au CNRS et à Sciences Po) et Michel Eltchaninoff (philosophe rédacteur en chef de Philosophie Magazine).

• Lecture des lettres de prison de Navalny par Mathieu Amalric

• Hommage à Anna Politkovskaïa par Galia Ackerman (écrivaine, historienne, journaliste et amie d’Anna Politkovskaïa)

• Films des Nouveaux Dissidents, de Reporters Sans Frontières et de la FIDH.

La conférence est organisée par RSF, FIDH, Russie-Libertés, Amnesty International France, Les Nouveaux Dissidents, Mémorial France, la revue Esprit et le Comité Russie Europe. En partenariat avec la Mairie de Paris et Les Petits Matins.

Pré-inscription obligatoire ici (dans la limite des places disponibles) : https://bit.ly/39dzahW

Un pass sanitaire valable et une pièce d’identité vous seront demandés à l’entrée.

À gauche sans le vote électronique et, à droite, avec. En vert, les régions où les candidats du vote intelligent ont gagné et en bleu, où ce sont les candidats du parti au pouvoir.

Russie : des élections falsifiées qui rendent impossible la reconnaissance du résultat

Après un scrutin verrouillé en amont et largement entaché par de vastes falsifications, l’association Russie-Libertés appelle la France et l’UE à ne pas reconnaître les résultats des “élections” législatives en Russie.

Après trois jours d’un scrutin verrouillé en amont par le Kremlin, la nuit du dimanche 19 septembre au lundi 20, a été marquée par un chaos total du dépouillement des votes des élections législatives en Russie.

Une nuit où les observateurs étaient intimidés, arrêtés, placés en garde à vue sans raison, tabassés et exclus des bureaux de vote. Les représentants des partis d’opposition devaient parfois défendre les urnes avec leur corps.

Cette nuit, le Kremlin devait clore avec brio son « Opération spéciale », comme la nomme la professeure Marie Mendras, pour se garantir une part confortable, mais en diminution, des sièges à la Douma, malgré des contestations nombreuses et un climat social tendu. 

Ce scrutin a été marqué par de nombreuses fraudes : 4 973 (en hausse de 30% par rapport aux législatives de 2016) selon l’ONG Golos qui supervise les élections en Russie.Des soupçons planent sur plus de 10 millions de votes falsifiés, notamment au moment de la comptabilisation des votes en ligne et à domicile.

Les fraudes et pressions ont été diverses :

– arrestations et intimidations d’observateurs

– bourrages d’urnes

– dépouillements effectués à huis clos

– « Karousel » (des jeunes qui sont payés pour voter dans différents bureaux de votes à la fois) 

– retardement des décomptes

– données masquées par un codage rendant leur exploitation impossible pour toute analyse par des experts

– certaines commissions électorales avaient tout simplement disparus sans annoncer les résultats 

– le vote électronique a largement été utilisé dans les administrations publiques et les entreprises d’État par incitation via des tirages au sort ou des listings de contrôle, afin d’obliger les salariés et fonctionnaires à voter pour le parti du Kremlin 

Le nouveau système de vote électronique à Moscou a vraisemblablement servi de « variable d’ajustement » pour falsifier le résultat des élections. Les données de celui-ci n’ont été communiquées qu’à 14h le lendemain, après qu’Elena Pamfilova, à la tête de la Commission Électorale russe, a ouvertement annoncé avoir consulté Vladimir Poutine.

Malgré des résultats affichés très favorables au parti en place, le vote contestataire a eu des effets non négligeables. En effet, grâce à la stratégie du « Vote intelligent » mise en place par Alexeï Navalny, et le contexte actuel en Russie, le score de “Russie-Unie” et de ses alliés a diminué . Cette stratégie consiste à orienter les électeurs vers tout autre parti que le parti au pouvoir afin de leur permettre de gagner des sièges et empêcher les candidats de Russie Unie d’avoir le monopole. Certains soupçonnent que le vote intelligent a été contré par une manipulation avérée des résultats du vote électronique. 

Ainsi, à Moscou où après le décompte des bulletins de vote les partis d’opposition gagnaient la majorité des circonscriptions, une fois que les résultats du vote électronique ajoutés, la situation s’est radicalement inversée et le parti au pouvoir couvrait toutes les circonscriptions sans exceptions. 

À gauche sans le vote électronique et, à droite, avec. En vert, les régions où les candidats du vote intelligent ont gagné et en bleu, où ce sont les candidats du parti au pouvoir.

Par conséquent, les partis d’opposition, notamment le parti communiste « KPRF » a appelé aux rassemblements dès le lendemain du vote et certains députés déclaraient ne pas reconnaître les résultats de ces législatives à Moscou. Des slogans tels que « Non aux répressions politiques » et « Russie sans Poutine » ont été scandés lors de ces rassemblements.

Le mouvement Golos a quant à lui déclaré qu’il ne reconnaît pas ces élections comme véritablement libres : « elles sont non conformes à la Constitution, ni aux lois de la Fédération de Russie et ni aux normes électorales internationales, puisque ces résultats ont été obtenus au cours d’une non-campagne électorale non libre et inégale, dans des conditions de restrictions à l’exercice du droit électoral d’un nombre important de citoyens. » (voir notre rapport sur le Verrouillage des élections)  « De plus, les violations au cours du scrutin et du dépouillement, la procédure de vote en trois jours et la manière dont le dépouillement a été effectué, au cours duquel il y a eu une distorsion importante des résultats, ne permet pas de parler de la fiabilité des résultats affichés par le système des commissions électorales ».

Nous appelons la France et l’UE à ne pas reconnaître les résultats de ces élections et à exiger du pouvoir russe le respect de la Constitution et des lois de la Fédération de Russie, ainsi que le respect des normes électorales internationales pour garantir aux citoyens russes des élections justes et équitables.

https://desk-russie.eu/2021/09/10/operation-speciale-elections.html

https://www.golosinfo.org/articles/145498

https://echo.msk.ru/blog/mmironov/2907480-echo/

https://russie-libertes.org/index.php/2021/09/17/comment-le-kremlin-verrouille-les-elections-en-russie/

https://www.golosinfo.org/articles/145498

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