Accueillies par Christophe Girard, maire du 4ème arrondissement de Paris, plusieurs personnalités et amis d’Anna Politkovskaia ont partagé leurs souvenirs, salué le travail de la journaliste et souligné les alertes lancées il y a plus de dix ans par Anna.
Patrizianna Sparacino-Thiellay, ambassadrice pour les droits de l’Homme et Florence Mangin, directrice Europe Continentale (MAE) ont rappelé son engagement pour la liberté d’expression. Elles ont aussi décrit l’action de la France en faveur des droits humains et du développement de la société civile en Russie. Les amis d’Anna Politkovskaïa, Marie Mendras, politologue au CNRS et CERI-SciencesPo, Jean-François Bouthors, journaliste, éditeur et écrivain, éditeur d’Anna Politkovskaïa (éditions Buchet/Chastel) et Galia Ackerman, journaliste et essayiste, traductrice et amie d’Anna Politkovskaia, ont rendu un hommage vibrant et émouvant à celle qui n’a jamais cessé, jusqu’à sa mort, de dénoncer les crimes de guerre et les violences commises en Russie, tout en défendant le droit à la vérité et à la justice des victimes. La journée s’est poursuivie avec la projection du film documentaire d’Eric Bergkraut « Lettre à Anna ».
En conclusion, les intervenants de la table ronde intitulée « Répression des libertés, un modèle qui s’exporte » ont poursuivi la discussion retraçant les changements apparus lors des dix dernières années. Elena Milachina, journaliste de Novaïa Gazeta (journal où travaillait Anna Politkovskaia) a indiqué que les commanditaires de l’assassinat d’Anna Politkovskaia étaient connus mais toujours en liberté et a lancé « Nous envoyons un message : il est inutile d’assassiner des journalistes car nous continuons à travailler malgré tout ». Pavel Tchikov, avocat (ONG Agora, Russie), a indiqué que « l’objectif de la loi sur les agents de l’étranger est la stigmatisation de la société civile » et a fait part de nombreuses sollicitations de la part de la population qui a de plus en plus besoin de conseils juridiques. Piotr Pavlenski, artiste militant russe, a souligné que
« le pouvoir souhaite utiliser toute l’activité humaine, et notamment l’art, pour faire pression sur la société. »
Malgorzata Szuleka, avocate et chercheuse (Helsinki Foundation for Human Rights, Pologne), a élargi la discussion sur le cas de la Pologne, en soulignant qu’il existe une véritable menace pour l’Etat de droit et la liberté d’expression en Pologne mais que la société civile reste mobilisée comme l’a montré la mobilisation contre la loi visant à interdire l’IVG. Enfin, Christine Mardirossian, conseillère du Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, a rappelé que « les campagnes de dénigrement et stigmatisation qui se multiplient peuvent être à l’origine de meurtre » tels que celui d’Anna Politkovskaïa.
Vidéo : https://youtu.be/J5a-OgqAL18
Photos Dorian Borissevitch :