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Dans une période d’incertitude politique internationale, l’Europe se trouve à un tournant décisif. Alors que le leadership mondial des États-Unis vacille, l’Europe doit saisir l’opportunité de devenir la championne de la démocratie, des droits humains et des libertés – un véritable nouveau leader du monde libre. Nous exhortons les dirigeants européens à embrasser cette nouvelle responsabilité et à prendre des mesures décisives pour défendre les valeurs qui définissent nos sociétés. 

Aujourd’hui, en 2025, nous constatons avec tristesse que les États-Unis, autrefois leaders du monde libre, se sont de plus en plus rapidement mis en retrait de leurs responsabilités internationales. Pire, sous la nouvelle administration Trump, les États-Unis n’ont eu de cesse de s’aligner sur les narratifs autoritaires de Vladimir Poutine, ont coupé des financements cruciaux pour les initiatives internationales, ont agi contre la Cour Pénale Internationale (CPI), ont cessé de soutenir plusieurs journalistes, et ont menacé d’expulser des réfugiés politiques et des chercheurs. Ce repli a laissé un vide dans la gouvernance mondiale que seule l’Europe peut désormais combler.

L’Europe a l’opportunité de réaffirmer son engagement envers la Charte européenne des droits fondamentaux. Cela implique de se dresser fermement contre les régimes autoritaires qui répriment la dissidence, violent les droits de l’homme et sapent les institutions démocratiques. L’UE doit assumer sa force diplomatique et économique et l’utiliser pour faire pression sur ces régimes afin qu’ils respectent le droit international et les normes des droits humains. La guerre en Ukraine, en particulier, est un test de la détermination de l’UE. La lutte de l’Ukraine pour sa souveraineté et ses valeurs démocratiques est notre combat. Les pays européens doivent accroître leur soutien à l’Ukraine et placer les valeurs humanistes au cœur des négociations de paix, comme le demande « People First », une campagne internationale portée par des ONG ukrainiennes et russes unies pour appeler d’une seule voix à ne pas oublier les otages de cette guerre.

Conformément au droit international, l’Europe doit exiger la libération immédiate et inconditionnelle de tous les civils ukrainiens capturés et détenus illégalement par le Kremlin. Ceux dont les foyers se trouvent dans des zones illégalement occupées par la Russie doivent avoir la possibilité de les quitter pour rejoindre des zones contrôlées par le gouvernement ukrainien s’ils le souhaitent. Tous les enfants illégalement transférés ou déportés doivent être rendus, et le rapatriement rapide des prisonniers ukrainiens déportés et des patients des institutions médicales fermées doit être assuré. L’UE doit également plaider pour le rapatriement des prisonniers de guerre par le biais d’échanges ou d’autres moyens, dès que possible, et au plus tard à la fin des hostilités actives, comme l’exigent les Conventions de Genève.

Les prisonniers politiques russes doivent eux aussi être libérés et ne faire l’objet d’aucune restriction de leur liberté de mouvement, y compris avoir la possibilité de voyager à l’étranger. De même des prisonniers politiques biélorusses et des activistes, journalistes et défenseurs des droits de l’homme géorgiens : tous ceux persécutés par le régime de Poutine et ses alliés doivent être soutenus. En travaillant à leur liberté, l’Europe occupera sa juste place dans les négociations de paix, puisqu’elle agira non pas en vue d’obtenir de potentiels bénéfices financiers, comme le font les États-Unis, mais pour les droits de l’homme.

Pour devenir le véritable nouveau leader du monde libre, l’Europe doit augmenter considérablement le financement des chercheurs et des ONG travaillant sur la démocratie, les droits de l’homme et les questions de société civile, et attirer plus de talents de l’étranger, y compris des États-Unis et des régimes autoritaires. Ces organisations sont en première ligne dans la bataille pour la liberté et méritent un soutien robuste. En investissant dans la recherche et la société civile, l’UE peut élever un bouclier démocratique contre l’extrémisme et l’autoritarisme, en aidant des femmes et des hommes à être mieux informés et à s’engager pour la démocratie, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.

Cela concerne également les réfugiés et les demandeurs d’asile, en particulier ceux qui craignent l’extradition vers des pays autoritaires. Nous ne devons pas tourner le dos à ceux qui fuient les persécutions en raison de leurs actions pros démocratiques et antiguerres. L’UE doit adopter une politique d’accueil des réfugiés plus humaine et plus complète qui privilégie la protection et l’intégration. Cela inclut de garantir qu’aucun réfugié ne soit renvoyé de force en Russie ou au Bélarus, où ils pourraient subir de nouvelles persécutions. De plus, des journalistes qui ont longtemps été des voix pour la liberté et la démocratie dans des régions où ces valeurs sont menacées doivent être accueillis et soutenus. Cela enverrait un signal fort quant à l’engagement de l’UE en faveur de la liberté des médias et de la libre circulation de l’information.

Aujourd’hui, l’Europe a le potentiel d’être le nouveau leader du monde libre, mais elle doit agir avec courage et conviction. En défendant les droits de l’homme, en soutenant l’Ukraine, en renforçant les chercheurs et les ONG, en adoptant une politique d’accueil des réfugiés plus humaine, en défendant la liberté des médias et en renforçant l’État de droit, l’UE peut affirmer son rôle de leader mondial. Nous exhortons les dirigeants européens à saisir ce moment et à défendre les valeurs qui font partie intégrante de notre identité. Le monde nous regarde, et l’avenir de la liberté et de la démocratie est en jeu.

Signataires :

Olga Prokopieva, directrice de Russie-Libertés

Jean-Marc, Président du Directoire du Groupe SOS

Sylvie Rollet, Présidente de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre

Tamara Demuria, Présidente et Kety Sharukhia, Secrétaire générale, Géorgie vue de France

Alice Barbe, co-fondatrice de Singa et de l’Académie des Futurs Leaders

Zhanna Nemtsova, co-fondatrice de Boris Nemtsov Foundation for Freedom

Vera Yastrebova, directrice de Eastern Human Rights Group, Ukraine

Europe to become the new “Leader of the Free World” ?

In an era of international political uncertainty, Europe stands at a pivotal juncture. As the United States’ global leadership wavers, Europe must seize the opportunity to become the champion of democracy, human rights, and freedom – a true new Leader of the Free World. We urge European leaders to embrace this responsibility and take decisive action to uphold the values that define our shared humanity.

Today, in 2025, we can sadfully witness that The United States, once the steadfast leader of the free world, has increasingly and rapidly retreated from its global responsibilities. Under the new Trump administration, the U.S. has more and more aligned itself with Putin’s authoritarian narratives, cut crucial funding for international initiatives, acted against the International Criminal Court (ICC), halted support for several journalists, and threatened to expel political refugees and researchers. This retreat has left a void in global leadership, one that only Europe can now fill.

Europe has the opportunity to reaffirm its commitment to the European Charter of Fundamental Rights. This means standing firmly against authoritarian regimes that suppress dissent, violate human rights, and undermine democratic institutions. The EU should acknowledge its diplomatic and economic strength and use it to pressure these regimes into respecting international law and human rights norms. The war in Ukraine is a test of the EU’s resolve. Ukraine’s struggle for sovereignty and democratic values is our struggle. European countries should increase their support to Ukraine and shift the focus in the peace negotiations and place human value at the core! People First is the international campaign where Ukrainian and Russian NGOs have united to call with one voice not to forget all the hostages of the war.

In accordance with international law, Europe should demand the immediate and unconditional release of all Ukrainian civilians captured and illegally detained by the Kremlin. Those whose homes are in Russian-occupied areas should be given the opportunity to leave for Ukrainian government-controlled areas if they wish. All illegally transferred or deported children must be returned, and timely repatriation of deported Ukrainian convicts and patients of closed medical institutions must be ensured. The EU should also advocate for the repatriation of POWs through exchanges or other means, as soon as possible, and no later than the end of active hostilities, as required by the Geneva Conventions. Russian political prisoners must be released and face no restrictions on their freedom of movement, including the ability to travel abroad. As well as Belarussian political prisoners and Georgian activists, journalists and human rights defenders, all those persecuted by Putin’s regime, must be supported. Acting for their freedom, Europe takes the right place in peace negotiations fighting not for potential financial benefits, as the US do, but for human rights.

In order to become the true new leader of the free world, Europe has to significantly increase funding for researchers and NGOs working on democracy, human rights, and civil society issues and attract more talents from abroad, including from the US and from the authoritarian regimes. These organizations are on the frontlines of the battle for freedom and deserve robust support. By investing in research and civil society, the EU can foster a strong shield to radicalism and authoritarianism, together with more informed and engaged women and men, both within its borders and beyond. 

This concerns also refugees and asylum seekers, particularly those who fear extradictions in authoritarian countries. We must not turn our backs on those fleeing persecution because of their pro-democratic and anti-war actions. The EU should adopt a more humane and comprehensive refugee policy that prioritizes protection and integration. This includes ensuring that no refugee is forcibly returned to Russia or Belarus, where they may face further persecution. Also, several journalists who have long been a voice for freedom and democracy in regions where these values are under threat. The EU should welcome and support them to provide independent journalism and promote democratic values. This would send a strong signal of the EU’s commitment to media freedom and the free flow of information.

Nowadays, Europe has the potential to lead the free world, but it must act with courage and conviction. By defending human rights, supporting Ukraine, bolstering researchers and NGOs, adopting a more humane refugee policy, championing media freedom, and strengthening the Rule of Law, the EU can assert its role as a global leader. We urge European leaders to seize this moment and stand up for the values that define us. The world is watching, and the future of freedom and democracy hangs in the balance.

Signatories:

Olga Prokopieva, director Russie-Libertés

Jean-Marc, Président du Directoire du Groupe SOS

Sylvie Rollet, Présidente de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre

Tamara Demuria, Présidente et Kety Sharukhia, Secrétaire générale, Géorgie vue de France

Alice Barbe, co-founder of Singa and of the Académie des Futurs Leaders

Zhanna Nemtsova, Co-founder, Boris Nemtsov Foundation

Vera Yastrebova, Director, Eastern Human Rights Group, Ukraine

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