Les menaces et les persécutions menées par le régime de Poutine se sont amplifiées depuis le début de l’agression russe contre l’Ukraine. Malgré ces répressions croissantes et le danger de chaque action anti-guerre, des Russes continuent à s’y opposer chaque jour en Russie.
A Moscou, à Saint-Pétersbourg mais aussi dans des villes telles que Elista, Irkoutsk et Komsomolsk-sur-l’Amour des piquets solitaires ont lieu pour dénoncer la guerre menée par le Kremlin contre les Ukrainiens.
Des militants s’opposent également à la deuxième vague de mobilisation qui est pressentie et tentent d’informer la population sur ses droits de refuser d’être appelé dans les rangs de l’armée.
Les visages de la plupart des manifestants restent anonymes en raison du risque élevé d’être condamné à une amende ou à une peine d’emprisonnement.
Parmi les manifestants se trouvent des hommes et des femmes d’âges et de professions différents.
Par exemple, Olga Nazarenko, ancienne professeur de médecine et militante à Ivanovo, a été inculpée de deux chefs d’accusation en vertu des articles de « discrédit répété de l’armée et de violation de l’ordre des événements publics ». La raison de l’ouverture d’une affaire pénale était les affiches Usurputin sur le banc! Navalny liberté ! et Poutine, retirez les troupes! qui ont été retrouvées chez Olga à la suite d’une perquisition. Après l’ouverture de la deuxième affaire pénale, Nazarenko a été suspendue de l’enseignement à l’académie de médecine d’État.
Olga a déjà été condamnée à plusieurs reprises à des amendes pour des actions anti-guerre. La militante est régulièrement attaquée par les opposants à sa position citoyenne.
Nous pouvons aussi citer l’affaire de Vladimir Rumyantsev, un simple soutier de 61 ans originaire de Vologda, qui a créé une radio amateur à domicile et diffusé des podcasts de médias interdits en Russie tels que Meduza et la radio Ekho de Moscou. De plus, sur sa page du réseau social russe Vkontakte, il a publié des vidéos sur les crimes de guerre commis par l’armée russe en Ukraine (dénonçant les vols, les meurtres et les viols des civils, la destruction d’hôpitaux, de maternités et d’écoles). Précédemment, il avait déjà été condamné à 2 amendes et il avait participé à des manifestations.
Il a été arrêté et placé en centre de détention provisoire l’été dernier puis condamné le 22 décembre à 3 ans de prison pour diffusion de “fausses” informations sur l’armée russe.
Pendant le pont du Nouvel An, largement célébré en Russie, des Russes sont sortis avec des slogans Assez de morts, Non à la guerre, Arrêtez ces meurtres insensés, La guerre est déclarée par les vieux, mais ce sont les jeunes qui meurent et bien d’autres. Cependant, la grande manifestation anti-guerre Trêve pour toujours annoncée le 7 janvier par le mouvement de jeunesse VESNA n’a pas eu lieu en raison d’une concentration accrue de la police dans les villes et du risque que feraient peser les organisateurs sur les militants d’une telle manifestation.
Malgré tout, en plus des actions publiques, certains Russes trouvent des moyens alternatifs, parfois violents, de protester. Il s’agit notamment d’incendies dans les bureaux d’enregistrement et d’enrôlement militaires, de sabotages ferroviaires et de dommages aux symboles militaires.
Ainsi, l’artiste et ancien directeur de centre culturel, Ilya Faber, a mis le feu au bâtiment du bureau d’enregistrement et d’enrôlement militaire et au bureau de recrutement dans le village d’Oudmourtie. Le tribunal a condamné Farber à 3,2 ans dans une colonie à régime strict, ainsi qu’à une amende de 35 mille euros. Ces actes de sabotage de bureaux d’enrôlement visent en général à faire disparaître les listes des potentiels appelés et à rendre la tâche de recrutement dans l’armée plus difficile.
Performances artistiques, installations, distribution de tracts, signatures de pétitions et de lettres destinées aux députés : les modes de résistance sont variés. Le mouvement la Résistance féministe anti-guerre a lancé une campagne intitulée Nuit silencieuse du Nouvel An en solidarité avec l’Ukraine, et à Ivanovo des militants non identifiés ont décoré un arbre dans un lieu public avec des slogans anti-guerre.
Le bilan de l’année 2022 en chiffres
(sources : rapport de l’ONG russe OVD-info et du média russe indépendant Verstka)
- 19 478 arrestations en Russie lors de manifestations contre la guerre en Ukraine et la mobilisation
- 5 518 affaires administratives et 384 affaires pénales contre des opposants à la guerre, dont 51 condamnations
- 8,5 ans d’emprisonnement est la peine la plus lourde reçue jusque-là par Ilya Yashin pour une vidéo dénonçant les atrocités de Boutcha
- 30 nouvelles affaires pénales anti-guerre ont été ouvertes le mois dernier et chaque jour de nouveaux cas apparaissent
- 86 incendies et tentatives d’incendie de bureaux d’enregistrement militaires et autres bâtiments administratifs
- 60 sabotages de chemins de fer
- 178 militaires condamnés pour avoir refusé de se battre
- 30 objets de propagande de la guerre endommagés
Nous exprimons notre solidarité avec tous les Russes qui osent défier le régime sanglant de Poutine et qui s’opposent à la guerre chaque jour malgré les répressions.
Nous exigeons l’arrêt immédiat de la guerre en Ukraine et la libération de tous les prisonniers politiques !
1 réponse sur “Malgré les répressions, des Russes de différentes régions du pays continuent de s’opposer à la guerre en Ukraine.”
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