Le 25 septembre, l’association Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre, l’association Russie-Libertés et les avocats ont présenté une enquête sur l’organisation de la déportation d’enfants ukrainiens par le Kremlin. L’enquête révèle l’implication de plusieurs cadres du parti « Russie Unie » qui a organisé, orchestré et préparé la déportation et la russification massive d’enfants ukrainiens.

« La déportation des enfants fait partie d’un schéma génocidaire global » a déploré Oleksandra Matviïtchouk, dirigeante de l’ONG Center for Civil Liberties. Selon Oleksandra, depuis 10 ans, les autorités russes poursuivent une politique systématique visant à détruire le patrimoine culturel de l’Ukraine et à éradiquer les Ukrainiens en tant que groupe national. Au cœur de cette stratégie génocidaire se trouvent les enfants, car, en les déportant, la Russie cherche à les rééduquer pour leur inculquer une identité russe, effaçant ainsi leurs racines ukrainiennes.

Le dossier présenté est sans équivoque « les preuves sont là et si l’on veut véritablement lutter contre l’impunité, il faut que celles et ceux qui sont chargés de cette politique et l’animent commencent à avoir peur » a affirmé Emmanuel Daoud, avocat en charge du dossier.

Selon les estimations, plusieurs centaines de milliers de mineurs ukrainiens auraient été déplacés vers la Russie. Bertrand Lambolez, coordinateur de l’association « Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ! », et Vira Yastrebova, dirigeante de l’ONG ukrainienne Eastern Human Rights Group, ont présenté les conclusions de l’enquête qui démontre comment le parti « Russie Unie » orchestre minutieusement le transfert d’enfants depuis les territoires occupés. Le parti, directement subordonné à l’administration présidentielle, mobilise l’ensemble de ses ressources pour faciliter ces déportations. Cela inclut la planification et la coordination des opérations, ainsi que la création de mouvements de volontaires tels que « Molodaya Gavrdiya » (Jeune garde en russe), qui jouent un rôle essentiel dans ce processus.

L’enquête met également en lumière le rôle de 35 personnalités politiques russes, notamment Andreï Tourtchak, Andreï Vorobyov et Igor Kastyukevitch, tous membres du parti « Russie Unie », qui, sous couvert de missions « humanitaires », participent activement à la déportation d’enfants ukrainiens vers la Russie.

Ainsi, les enfants des territoires occupés sont envoyés sous divers prétextes vers des « camps de vacances », où ils subissent une « éducation » militaro-patriotique intensive, en vue de leur enrôlement futur dans l’armée russe et certains des enfants reçoivent des passeports russes.

Les plus jeunes d’entre eux et les bébés sont parfois adoptés ou non-rendus à leurs parents.

La Crimée sert de plaque tournante lors du transfert des enfants. Des rotations entre camps permettent de soustraire ces mineurs aux recherches menées par leurs parents ou par les ONG.

Le Bélarusse joue également un rôle dans ce processus de déportation, notamment avec le concours de la Croix Rouge bélarusse.

Une désinformation grotesque met en scène ces opérations de déportation. Comme celle de l’Église du Calvaire de Kherson, où se cachaient 58 enfants et que l’appareil de propagande russe a présenté comme une opération de sauvetage d’enfants d’un trafic d’organes qui aurait été organisé par « des compagnies paramilitaires britanniques payées par Coca-Cola ».

Ainsi, ensemble avec Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre, nous demandons à la Cour pénale internationale que des mandats d’arrêt soient émis contre l’ensemble des personnes identifiées par notre enquête, afin d’être poursuivies en justice pour l’organisation de la déportation et la russification d’enfants ukrainiens.

Nous insistons également sur la nécessité de requalifier ces actions de crimes de guerre en génocide, compte tenu de l’intention manifeste de détruire l’identité ukrainienne chez ces enfants.

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