L’homme politique membre de l’opposition, condamné à huit ans et demi de colonie pénitentiaire pour avoir dénoncé l’agression russe en Ukraine, a envoyé un texte à l’occasion du forum organisé par Russie-Libertés, à Paris, les 29 et 30 septembre. « Le Monde » en publie de larges extraits.
Depuis l’été dernier, je suis en prison pour avoir pris la parole publiquement contre l’invasion menée par les forces russes en Ukraine. Le pouvoir russe a décidé de me faire taire et m’a condamné à huit ans et demi de prison, mais je n’ai pas l’intention de me taire. Je veux que ma voix, celle d’un patriote russe s’opposant à la guerre et à la dictature, soit entendue. Il est très important pour moi d’avoir la possibilité de parler honnêtement à mes compatriotes, même derrière les barreaux. Mais je comprends également l’importance du dialogue avec le monde.
L’agression contre l’Ukraine a été rendue possible pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit de la responsabilité des Russes, y compris la mienne en tant que représentant du peuple russe. Malheureusement, nous avons permis l’émergence d’une dictature revancharde dans notre pays et nous n’avons pas réussi à créer des mécanismes efficaces de contrôle public sur le pouvoir et les forces de l’ordre. Comme on dit, nous avons sacrifié la liberté pour l’ordre et le bien-être, et nous avons fini par perdre la liberté, l’ordre et le bien-être. Maintenant, nous avons même acquis la réputation d’occupants. Nous paierons pour ces erreurs pendant très longtemps.
Cependant, je tiens également à rappeler la responsabilité de la communauté internationale, qui, pendant de nombreuses années, a adopté une politique d’apaisement à l’égard du régime de Vladimir Poutine et a ainsi répété l’erreur historique qui a conduit l’Europe à la seconde guerre mondiale. Pendant deux décennies, Poutine s’en est sortien utilisant tous les moyens: usurpation du pouvoir et corruption, répression de l’opposition et assassinats politiques, interventions militaires et annexions de territoires étrangers. (…)
Sentiment d’une totale impunité
L’année suivant l’annexion de la Crimée [en 2014] et la tragédie du vol MH17 de Malaysia Airlines, ainsi que l’assassinat de Boris Nemtsov, Poutine est resté aux yeux de l’Occident un président légitime. (…) Les dirigeants mondiaux accueillaient solennellement le dictateur russe dans les capitales du monde, achetaient du pétrole et du gaz auprès de lui, lui vendaient des pièces pour des systèmes d’armes et des technologies, le percevaient comme un égal. Cette politique a finalement donné à Poutine le sentiment d’une totale impunité. La guerre faisait déjà rage, et des moyens de répression des manifestations étaient encore livrés en Russie : en juillet2022, la Commission européenne a annoncé qu’elle prévoyait d’inclure des gaz lacrymogènes, de l’encre pour la prise d’empreintes digitales.
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L’intégralité de la lettre est à lire sur
https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/29/ilia-iachine-opposant-russe-la-veritable-russie-ne-combat-pas-les-ukrainiens-sur-le-front-la-veritable-russie-est-en-prison_6191524_3232.html
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